Samia Abbou, la femme du célèbre avocat tunisien, Mohamed Abbou, le farouche défenseur des droits de l’Homme et de la liberté incarcéré, est à bout de nerfs. Voilà plusieurs nuits qu’un « inconnu », une fois la nuit tombée, s’introduit dans le domicile de la famille, pourtant surveillée par une ribambelle de policiers en faction.
Le fantôme déambule bruyamment dans les pièces et plus sournoisement dans les chambres des enfants pour … les épouvanter. La partie de cache-cache ne fait pas rire le médecin de famille qui a conseillé à Nour (petit bout de chou de onze ans) de suivre un traitement et de quitter l’école un moment – où d’ailleurs ses petits camarades sont dissuadés de la fréquenter de trop près. Et ce n’est pas faute, pour Samia Abbou, d’avoir prévenu la police qui n’en n’a que faire.
Samia n’en est pas à son premier coup de chaud. Déjà, elle encaisse depuis plus d’un an l’emprisonnement plus que contestable et contesté de son valeureux mari. À qui la justice tunisienne – drôle de contradiction - reprochait deux chefs d’inculpation. Le premier était d’avoir eu des altercations lors d’une réunion mais aucune preuve tangible n’a été apportée. On l’accusa aussi d’avoir publié un article dans lequel il comparait les tortures infligées en Tunisie à des prisonniers politiques aux exactions de soldats américains à Abou Ghraib.
Mais la rumeur veut que son incarcération soit bel et bien justifiée : Mohamed Abbou a eu le malheur de critiquer l’invitation de Sharon au Sommet Mondial de la Société d’Information (SMSI) qui s’est tenu à Tunis en novembre 2005. Être la femme de « l’otage personnel de Ben Ali » n’est pas facile. On en voit des vertes et des pas mûres comme sa maison assiégée par des policiers incapables à la chasse aux fantômes, ses allers et venues surveillés, ses visiteurs suivis et leur plaque minéralogique notée. Y’a de quoi être à bout !