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L’Inde contemporaine
Auteur: Y.RUBINO

Les puissances occidentales ne cachent leur scepticisme lors de l’Indépendance de l’Inde et de son choix démocratique. Partageant cet idéal d’organisation politique, les nations occidentales considèrent périlleux ce choix : il risque d’être peu compatible avec le nombre de problèmes à régler pour ce jeune État.

Effectivement comment l’Inde peut-elle gérer une démocratie sur un territoire quasi continental et quelles réponses institutionnelles, politiques, économiques et géopolitique apporte-t-elle depuis l’Indépendance jusqu’à nos jours ?

Comment ces réponses peuvent-elles évoluer durant ce demi siècle d’une Inde indépendante ?

Autant de questions aux quelles je vais essayer de répondre dans le care de cette conférence. J’ai choisi de vous présenter l’Inde contemporaine de 1947 à nos jours, sous quatre aspects. Institutionnel et politique, économique, géopolitique et vous exposer la société indienne (sociologiquement et à travers sa culture).

1 - L’État Indien 

L’indépendance de l’Inde s’accompagne d’un gouvernement de transition de 1947 à 1950. De cette période de réflexion naît la réponse institutionnelle et politique de l’Inde au défi démocratique.

1.1) - Le cadre institutionnel

L’Inde est une démocratie parlementaire dont le fonctionnement est déterminée dans le cadre d’une constitution adoptée le 26 Janvier 1950 (395 articles, 400 pages). Elle fixe les cadres démocratiques des institutions et posent également en fait, le cadre idéologique de cet État avec la partie préliminaire consacrée aux Droits Fondamentaux et les Principes directeurs.

Le régime démocratique indien repose sur des principes communs à toutes les Démocraties. Il s’agit :

Le Suffrage universel, c’est-à-dire, le droit de vote pour citoyen indien âgé de 18 ans (ce depuis 1989, avant 21 ans). Et ce malgré le taux d’analphabétisme en Inde. Lors des élections, les partis politiques ont l’obligation de figurer sur leur bulletin de vote un symbole, une illustration perceptible par tous. Ainsi, le Parti du Congrès se présente sous deux bœufs.

La Commission Électorale destinée à veiller au déroulement correct des élections et sanctionner, annuler les élections en cas de disfonctionnement. D’autre part, cette commission doit surveiller à l’absence de propagande religieuse lors d’élection ou à la propagande liée à une caste.

La liberté d’expression à l’exception de l’Act Press (1951) destiné à contrôler la presse issue de mouvement nationaliste hindou virulent.

La sécularisation, laïcité de l’Union Indienne. Toutes les religions sont reconnues par l’État, et ce dernier s’engage à les protéger. Cette politique de laïcité s’inscrit directement dans la volonté de Nehru et de sa vision multiculturelle de l’Inde. Il ne faut pas oublier le contexte de la rédaction de cette constitution. La partition augmente considérablement le nombre d’Hindou en Inde et la pression d’une partie du Congrès souhaitant une entité hindoue. De 1941 à 1951, la population de confession hindoue passe de 65,5% à 84,1%.

L’Union Indienne accorde donc la liberté de culte, la propagande religieuse et des prérogatives en matière éducative.

Un symbole de cette volonté de pluralité religieuse reste le drapeau de l’Inde où la reproduction du pilier d’Asoka revoit une période d’unité de l’Inde sous un Empereur bouddhiste. La roue est un symbole présent au sein de la religion bouddhique et hindoue.

Cette sécularisation se perçoit par l’abolition des castes et de l’" intouchabilité " (article 17).

La protection des minorités passent également par l’établissement de quotas au sein de l’administration, pour les populations autochtones, en fonction de leur poids démographique et de la localisation.

L’indépendance de la Justice dont la cours suprême tranche sur les litiges entre les États régionaux et l’État central. Tous les citoyens peuvent se saisir de cette juridiction dans un cadre réglementaire précis si ses droits sont bafoués par un État régional et l’État central.

Le choix de l’État fédéral constitue la réponse à la diversité culturelle, linguistique voire religieuse de l’Inde (l’exemple du Sikhisme et du Panjab est éloquent à cet égards et nous aurons l’occasion d’en parler plus longuement). Comme nous avons eu l’occasion de le constater dans notre conférence sur les grandes étapes de l’histoire indiennes, l’Inde se présente comme une mosaïque d’entité régionale, dont certaines sont historiquement de véritables États Nations.

La constitution est claire : l’Inde est une et indivisible. Cette volonté d’unité s’inspire de trois modèles d’unité historique de l’Inde : celle d’Asoka, des Mongols et de la période de colonisation anglaise.

Le choix de la fédération reste particulier en Inde car il ne repose sur aucun choix de la part des états indiens. En fait, il s’agit d’une Union Indienne, composée de 26 États, 6 territoires reconnaissant 18 langues en 1999 (sur près de 1 400 langues, dialectes, idiomes parlés par plus de 100 000 personnes). Le découpage administratif repose essentiellement sur des bassins linguistiques à partir des années cinquante.

L’organisation institutionnelle s’appuie donc sur une démocratie nationale et régionale. Il s’agit d’un régime parlementaire. Le Parlement indien se compose deux assemblées, la Lok Sabha (l’Assemblée du Peuple) et de l’Assemblée des États.

La première chambre représente le pouvoir exécutif, dont la majorité appuie le premier ministre, véritable chef du gouvernement. La deuxième chambre constitue le pouvoir législatif mais ne dispose pas de la même importance. Cette dernière se renouvelle par tiers tous les deux ans. Son importance apparaît lors de révisions constitutionnelles et lors de l’élection présidentielle.

L’élection du Président de l’Union Indienne s’effectue lors d’un suffrage proche du système des grands électeurs. Un collège des deux assemblées se réunit avec les assemblées des États tous les cinq ans.

La défense nationale, la monnaie, les affaires étrangères, l’énergie atomique, la fiscalité l’organisation des grands secteurs de la communication restent les prérogatives de l’État central. D’autre part, la constitution indienne confère des pouvoirs exceptionnels au Président de la République, d’ingérence lorsqu’un État n’est plus capable d’administrer son territoire. Le Président dissout l’Assemblée régionale et gère celui-ci de New Delhi. (art. 356 : President’s rules) jusqu’au prochaine élection.

Enfin, l’article 352 confère au Président les pleins pouvoirs exceptionnellement lors d’une remise en cause de la sécurité nationale par exemple, instaurant l’état d’urgence.

Chaque État dispose d’une assemblée, d’un Chief Minister et d’un représentant de l’Union indienne dont la présence reste symbolique.

Les États régionaux disposent de pouvoir pour l’organisation de certaines tarifications de communication, de la police, des prisons, de la gestion des prix en économie. Chaque État dispose de compétence pénale et d’une Haute Cours, dernier recours au niveau régional avant la requête auprès de la Cours Suprême.

 

Une fois le cadre institutionnel fixé après une période de transition de trois années (1947-1950), l’Inde relève le défi démocratique. La communauté internationale, notamment les puissances occidentales, ne cachent pas leur réserve sur l’aboutissement concret de cette expérience démocratique. La démocratie reste lors de cette période l’apanage politique des pays développés.

Malgré ce scepticisme, l’Inde va démontrer lors des trois décennies suivant son indépendance d’une grande stabilité politique malgré les défis économiques, sociaux et géopolitiques.

L’année 1977 constitue la première crise du régime indien, amenant une période de dictature de près de 18 mois amorçant un tournant de la vie politique et démocratique.

1.2) – La vie politique indienne de 1947 à nos jours

La domination du Parti du Congrès

Avant de définir le système congressiste, il me paraît important de rappeler l’aura dont bénéficie ce parti grâce à sa lutte pour l’Indépendance. Cette dimension explique la pérennité d’une véritable institution politique au sein de la Démocratie indienne. Les représentants de ce parti appartiennent à ces mouvements de lutte et disposent encore du charisme de cette période de lutte singulière.

Le système congressiste

Le Parti du Congrès se compose de multiples courants, tendances véritables organisations partisanes. Ces tendances tissent des alliances avec les partis d’opposition lorsque la parti s’écarte de leur politique initiale. Ces petits partis profitent ainsi pour influencer la politique de ce Parti, insuffler leur idéologie. Donc, la direction du Parti ne s’éloigne donc jamais de ce noyau, de ce centre de gravité politique et idéologique du " système congressiste ".

Autre paramètre, la réalité régionale, locale. Celles-ci constituent davantage une réalité humaine et moins politique (au sens institutionnel). Il se crée alors un réseau d’influence local, "  des banques de vote ". Des personnages locaux deviennent de par leur influence susceptibles de constituer un vivier d’électeurs.

Il s’agit de véritables réseaux de clientélisme, utilisés en fonction des élections nationales et régionales. Ces réseaux sont constamment remis en question de par la multitude de personnages d’importance locale et donc insuffle une dimension démocratique originale et réelle.

Enfin, la réalité sociale. Les classes dominantes (haute caste et classe dominante régionale, soit les varnas et les jati), voient dans ce parti un fonctionnement répondant à la protection de leur intérêt. Les minorités (basses castes, tribu et minorité musulmane) perçoivent dans le congrès la seule possibilité d’exprimer leur revendication (notamment avec la politique de quotas au sein des administrations réalisée par ce parti et la laïcité chère aux Musulmans).

Nehru, l’État -Congrès (1950-1964)

La vie politique de l’Inde se décline nationalement avec la mise en place des institutions et des choix économiques socialisants. Les questions de la langue nationale, la lutte contre le communalisme lors des élections occupent la jeune démocratie indienne. Mais le parti jouit de sa réputation de l’Indépendance conservant une partie de ses héros, reste proche des préoccupations du peuple, ouvert aux différentes tendances le dynamisant et le freinant d’un dérive d’autoritaire. De plus, cette période se distingue par un juste équilibre entre un État central préoccupé par les réformes économiques mises en place et les États régionaux soucieux du respect de leur particularité culturelle.

Les options socialistes n’effraient pas les industriels car une partie d’entre eux ont financé Gandhi dans sa lutte pour l’Indépendance et participer directement à des programmes de lutte contre les inégalités (illettrisme des femmes, Intouchables).

L’opposition reste impuissante et incapable de surmonter ses propres divisions à l’image du Parti Socialiste Indien dont les factions aboutissent à scission du parti tout comme le parti communiste indien, devant affronter une première remise en question après les insurrections paysannes d’après guerre (jacquerie paysanne et insurrection communiste de Télangana de 1946 à 1951) et la guerre sino-indienne. Ces crises se concrétisent par une division en deux puis trois partis différents.

A la droite du congrès, de petits partis à tendance libérale se côtoient. Les nationalisme hindou reste confidentiel, du moins dans le cadre de son expression politique. Le R.S.S. est un parti qui progresse cependant jusqu’à devenir un parti important dans le jeu politique à la fin des années soixante, notamment dans le Nord de l’Inde.

Mais le revers de la guerre sino-indienne, le monopole du pouvoir durant près de quinze ans sclérosent ce parti politique, le coupe des préoccupations quotidiennes de la majorité des indiens. De plus, les cas de corruption, d’enrichissement personnel se multiplient ternissant l’image d’un parti moral, rigoureux.

A la mort de Nehru, le système congressiste ne suscite plus l’unanimité.

La fin du système congressiste Indira Gandhi (1964-1977)

La mort de Nehru n’entraîne pas une grande crise de succession dans un premier temps. Malgré une opposition entre ceux partisans de la nomination de Desai et de Shastri, le conflit n’est pas important. En revanche, à la mort de ce dernier en 1966 et le contexte de dépression économique, les divisions s’accentuent. Les partisans de Desai (dont la politique économique diffère de celle de Nehru) condamnent le courant proposant la fille de Nehru comme candidate.

Le groupe parlementaire choisit Indira Gandhi malgré la popularité de Desai. L’opposition gagne dans de nombreux États, constitué de coalition anti-congrès (communiste, socialiste), la montée du parti nationaliste hindoue et les partis régionaux dévoilent l’érosion de ce parti (1967). De plus, la démocratie indienne doit affronter la vague naxaliste. Mouvement de paysans indiens occupent les terres et détruisent les registres des cadastres locaux (dirigé par le Parti Communiste Indien Marxiste. En 1969, appel à la guérilla. 140 morts et opération militaire de New Delhi en juillet 1971.

Les revers électoraux du Congrès suscitent de nombreuses critiques et un rapprochement auprès de Desai. Puis en 1969, après la mort du président de la république, la nomination du nouveau président par une faction opposée à Indira Gandhi entraîne la destitution de Desai par riposte, et la réunion d’urgence des instances dirigeantes du Congrès. Elle en profite pour établir une politique économique proche de la faction socialiste auprès de la quelle elle s’est rapprochée. Le comité exécutif du parti se divise en deux faction : le Parti du Congrès O et R (1969).

Indira Gandhi s’inscrit dans une politique socialiste. Certaines de ses décisions remettent en cause une partie de la constitution. Elle gagne les élections sur un discours populiste (garibi hatao !, débarrassons-nous de la pauvreté) afin de séduire les communistes dont elle a besoin. Le Parti Congrès R gagne les élections en 1971.

Elle se tourne alors vers les masses. Réforme la constitution. Elle ne respecte finalement pas ses promesses de réformes sociales, hormis quelques nationalisation. Le Forum du Congrès pour l’Action Socialiste n’est plus unitaire.

1973, des révoltes estudiantines remettent en cause le gouvernement indien. Répression. Le mouvement conduit à des manifestations de masse et le souhait d’une révolution totale. Le scandale impliquant Indira Gandhi lors des élections (utilisation de matériel d’État et utilisation de membres du gouvernement pour l’organisation de meetings) lors des élections conduit l’annulation des élections. Elle fait signer au président l’état d’urgence.

Le régime démocratique et ses bases sont mise en parenthèse (presse, arrestations préventives). La raison évoquée, c’est la protection de la Démocratie indienne des forces de droite. D’où un grand programme de réformes sociales, dont une grande partie ne sera effectuée.

Le bilan d’Indira Gandhi reste négatif de par son atteinte à la démocratie indienne, caractérisé par le chauvinisme, le populisme, la dégradation du congressisme.

La crise de la démocratie indienne : d’une alternance à l’autre au nationalisme hindou

En 1977, défaite du Congrès, avec notamment l’alliance du parti nationaliste hindou. En 1978, Indira Gandhi créé une nouvelle scission (I) et reprend le pouvoir en 1980, décrète le President’s Rule de neuf États. Indira joue sur le communalisme et suscite la révolte des Assamais, des Sikhs, en 1983 et 1984 et des musulmans. En 1984, son fils joue également sur le nationalisme.

Ce nationalisme, la corruption (affaires des ventes des armes/Suède), renforcent le B.J.P. dont la manipulation aboutie à un repli identitaire dangereux (Ayodhya, 1 200 morts).

La vie politique durant les années 80 et 90 restent une mosaïque de parti, d’alliance, une fragmentation. Actuellement, la vie politique indienne est dominée par un regroupement politique des basses castes. La démocratie indienne est mise au défi. La chute du Congrès repose sur le départ des Musulmans et leur désillusion. La politique libérale des années 90, pénalise les pauvres. Tout comme la corruption.

2 - Quelle Économie Indienne ?

Deux périodes se succèdent de l’Indépendance à nos jours. Dans un premier temps, l’Inde choisit développe une économie d’inspiration socialiste, de 1947 au début des année 80. Ensuite, à l’orée des années 80, les différents gouvernement réforment cette économie avec une dynamique libérale.

La construction économique (1947-1980)

La communauté internationale n’en reste pas moins dubitative concernant l’avenir du sous continent indien. Comment un pays peut-il gérer et développer une économie dont 75% de la population est pauvre, 84% d’analphabétisation.

Les années cinquante

Nehru choisit une option socialiste (économie planifiée) avec notamment la mis en place d’une commission au Plan, le développement de l’industrie lourde et des priorités d’augmenter les revenus, l’emploi. En 1956, l’État décide de n’importer uniquement ce qui ne peut être produit en Inde.

Il se créé aussi les " bloc de développement " afin de désenclaver les villages, avec des coopératives et l’électricité.

La crise de 1965/1966 et le tournant de 1970

La sécheresse diminue la production, augmente la malnutrition. La réponse de la Révolution Verte n’aboutira pas aux résultats escomptés (nouvelles semences productives, nouveaux systèmes d’irrigation et facilité d’accès aux engrais et des pesticides, mécanisation, électrification). La nationalisation des quatorze plus grandes banques. Mais les participations des entreprises étrangères restent faibles, les investissements demeurant quasiment exclusivement étatiques. Donc, développement de la licence Raj afin de diversifier le tissu industriel. Va tuer l’initiative privée…

Mais cette économie reste fragile. Son système productif n’est pas compétitif internationalement. Elle n’est pas ouverte au monde extérieur de toute façon.

Pauvreté : 30% des plus riches concentrent 82% du patrimoine productif.

Autre problème : la démographie : la population double.

L’Inde dépend également de l’aide internationale.

En fait, l’économie indienne reste stable, ne se caractérise pas par une forte croissance ni par une forte récession.

L’heure des réformes économiques (1980-1996)

Le protectionnisme, l’autosuffisance du marché indien entraînent le vieillissement des infrastructures productives et le peu de compétitivité de ses produits. Elle passe de la 10e à la 20e place des échanges internationaux avec seulement 0,5 % des échanges mondiaux, de 1950 à 1980.

Le règne de Rajiv Gandhi se caractérise par un tournant libéral. Le licence Raj est allégé, tout comme la fiscalité sur le revenu et création d’une taxe proche de la T.V.A.

Narasimha Nao en 1991, doit faire face à l’effondrement de son deuxième grand partenaire économique, l’U.R.S.S. Suppression de la Licence Raj, libéralisation des investissements, diminution des droits de douanes, ouverture de ces capitaux étrangers à de nombreux secteurs (sauf défense nationale). Quelque soi le parti politique au pouvoir, cette option libérale semble irréversible, y compris le B.J.P. Les privatisations jusqu’alors taboues en Inde se multiplient, avec celle d’Air India. Résultats :

Un taux de croissance de 7% par an de 1994 à 1997.

Développement de l’électronique, informatique (pôle de Bangalore, Karnataka). En revanche, cela ne modifie en rien les conditions de vie de la majorité de la population. 40% de la population indienne vie sous le seuil de pauvreté en 1991, 37% en 1998.

Les inégalités augmentent, entre citadins et ruraux, entre riches et pauvres, en fonction des États (Uttar Pradesh).

Actuellement, l’agriculture constitue le tiers de son P.I.B. et les deux tiers de sa population active (lors de la première moitié des années quatre-vingt).

3 – Géopolitique de l’Inde

L’État indien, comme nous avons pu le constater, repose sur une mosaïque d’État. La gestion de cette Union se confronte à des mouvements identitaires virulents et revendiquant parfois la scission. Parallèlement à ces problématiques spécifiques à l’Union indienne, l’Inde s’inscrit dans les relations internationales comme une puissance régionale.

3.1) - La dialectique politique de la diversité

Malgré le choix du fédéralisme pour la gestion des différences culturelles, les tensions identitaires se cristallisent en Inde. Ces zones conflictuelles se localisent en quatre points. Enfin, la question religieuse ne se détermine pas d’une façon précise car elle concerne l’ensemble du territoire indien, localement.

Le Cachemire

Origine

Sous le régime colonial, l’Angleterre donne l’indépendance en 1946 aux États Princiers. En 1947, Lord Mountbatten leur demande de choisir entre l’Inde et le Pakistan. Or, le Jammu et Cachemire est composé à 80% de musulmans et reste gouverné par un prince hindou. Le maharaja est peu décidé à choisir l’Inde compte tenu de la dimension démocratique de cette dernière, ce qui amènerait les musulmans au pouvoir. Le choix du Pakistan ne s’envisage pas. Le moment du choix, (15/08/1947), le maharaja Hari Singh n’a toujours pas choisi. Il se suit alors un traité avec le Pakistan de statu quo, compte tenu que toutes les communications de ce territoire passent par le Pakistan. Ce dernier coupe toutes les communications de cet État et les tribus pathanes déferlent. Le maharaja demande de l’aide à New Delhi dont la seule condition reste le rattachement à l’Union indienne.

Les Pathans reçoivent l’aide de l’armée pakistanaise. Le temps, les conditions naturelles ne permettent pas d’intervention de longue durée, ou d’un seul trait.

A la demande de l’Inde (1948), l’O.N.U. propose un référendum (compte tenue du nombre de musulmans). Exigence du retrait des Pakistanais et de la majeure partie des troupes indiennes (une partie destinée à maintenir l’ordre). Le référendum ne se teindra jamais. Le Pakistan souhaitant le retrait total de l’armée indienne.

Création d’une ligne de cessez-le-feu, au Pakistan l’Azad Kashmir et les territoires du nord sous administration du Pakistan.

Le Pakistan tente d’internationaliser le conflit compte tenu de ses alliances lors du traité de l’O.T.A.S.E. (Pakistan, Thaïlande, Philippines, Australie, États-Unis, France et Grande Bretagne).

1962, la guerre sino-indienne permet à la Chine de récupérer des territoires de l’Aksa Chin. L’affaire des reliques suscite une tension extrême entre les deux pays. En 1965, nouvelle guerre indo-pakistanaise qui ne résout rien et renforçant le radicalisme. L’Inde récupère des positions lors de la guerre contre le Pakistan (Bangladesh).

Les années 70 et 80 restent calmes. En milieu des 80’s, la conjoncture et la déception des différents politiques radicalisent une partie importante de la jeunesse. En 1990, imposition du President’s rule alors que le fondamentalisme musulman s’inscrit financé par le Pakistan cherchant à canaliser un nombre important de réfugiés afghans. L’Inde engage environ 10% de sa puissance militaire (150 000 hommes).

Bilan, droits de l’homme bafoués, tortures, viols, pillages.

Pérennisation du provisoire. Le communalisme prôné par le B.J.P. les affrontements de la Mosquée d’Ayodhya (1994) ne favorisent pas le règlement démocratique du problème.

A partir du gouvernement Narasimha Rao, accalmie remise en cause par une série d’attentats, de destructions de lieu de culte musulmans et hindous.

Inextricable actuellement de par la multitude de factions présentes et dont il semble difficile de trouver un partenaire représentatif (et sur quelle légitimité). Situation catastrophique pour la région dont l’administration ne fonctionne plus.

Le Panjab, le Sikhisme

En 1991, cette minorité représente 1,9% de la population soit 16 millions de Sikh. Leur poids économique et politique reste important, tout comme la diaspora sikhe en Angleterre et Canada.

A l’origine, les Sikhs souhaitent profiter d’une éventuelle partition entre Musulman et Hindou pour constituer un Sikhistan ou Azad Punjab. Le refus et l’assimilation des Sikhs aux Hindous lors de la Partition entraînent la frustration et des millions de personnes déportées.

En 1953, le remaniement des frontières administratives de l’Inde sur un découpage linguistique est refusé pour un Punjab Suba par Nehru. En revanche, l’apport sikh lors du conflit indo-pakistanais, la mort de Nehru permettent en 1966 un découpage linguistique en 3 États dont un Punjab constitué à 60 % de Sikh. Démocratiquement le parti nationaliste Akali Dal ne parvient pas à susciter l’adhésion autour d’un discours nationaliste sikh, à former un gouvernement.

Ce courant se radicalise en 1973, où apparaissent la volonté d’un État Nation par région autonome, une constitution. Ce mouvement dérive progressivement dans fondamentalisme réponse à l’angoisse d’une société traditionnelle en cours de modernisation. Le Congrès le façonne également ce nationalisme afin d’affaiblir le parti nationaliste (notamment par le financement des routes reliant les principaux sites cultes du Sikhisme, (les gurudwara).

Le terrorisme apparaît à l’encontre des Hindous et des Sikhs (hors Panjab pour les faire revenir). Un parti extrémiste, Dal Khalsa (1978) prône la création du Khalistan en 1980.

La fermeté de New Delhi renforce la position du leader charismatique Bhindrawale. Ces actes de terrorismes et ces positions extrémistes aboutissent à la prise du temple d’Or d’Amritsar en 1984 par l’armée indienne et l’assassinat d’Indira Gandhi comme réponse le 31 octobre de la même année. Les mouvements xénophobes indiens causent 3 000 morts sikhs les semaines suivantes.

Rajiv Gandhi ouvre de nouvelles négociations la même année avec un retrait des troupes indiennes, la suppression des tribunaux spéciaux, l’intégration des mutins dans l’armée). Mais répit de courte durée. En 1987, l’Union indienne applique le President’s rule au Panjab et résurgence du terrorisme avec la constitution d’un comité panthique prônant la création du Khaloustan avec l’imposition d’un code de conduite dur soumis à la peine de mort. Mais la société ne partage pas cette criminalisation. Le problème sikh demeure irrésolu et la paix particulièrement fragile.

L’Assam

C’est un point d’attache particulier pour l’Inde celui de l’Asie du Sud Est. Le champs politique d’application démocratique de l’Inde reste étroit, avec deux dictatures militaires (Bangladesh et Birmanie), autoritaire (Chine) et théocratique (Bhoutan).

Il s’agit d’un carrefour de religion, de famille linguistique (3 groupes pour 150 dialectes). Territoire hérité d’une partition, difficile à gérer il demeure proche de la Birmanie, facilitant le repli des groupes de guérilla, subissant la pression de 120 millions de musulmans du Bangladesh, les pressions de la Chine et les contraintes du relief pour toute intervention et aménagement territorial. De plus, les alliances tribales évoluent en fonction des projets séparatistes.

Des velléités indépendantistes surgissent dans les années cinquante avec les tribus Naga souhaitant un Nagaland, obtenant en 1963 le statut de territoire de l’Union. S’en suit un conflit avec les Mizoram (1986) aboutissant à la création de l’Arunachal Pradesh (1987). A partir des années soixante-dix et quatre vingt, un mouvement revendicatif pour un grand Assam indépendant apparaît sur le rejet du nombre de Bengalis jugé trop important.

L’Inde dravidienne, un régionalisme tempéré

La question dravidienne ne paraît pas aussi radicale. Elle repose sur un particularisme historique fort et un mouvement idéologique à partir des années vingt et trente. Il a existé la volonté au temps de la partition d’une indépendance et de la création d’un Dravidanad. Abandonné rapidement et relégué au registre de l’utopie. De plus, l’unité n’existe pas de fait ou ne se fonde pas sur une entité religieuse telle le sikhisme. Les revendications télougou apparaissent par exemple.

Les revendications régionalistes prennent la voie démocratique malgré quelques affrontements ou tensions lors de manifestations. Le D.M.K. parti nationaliste choisit une option politique de gauche revendiquant une émancipation sociale et culturelle. D’ailleurs sa composition reste hétérogène socialement. En 1977, une partition se réalise avec le A.I.A.D.M.K., populiste. L’identité dravidienne ne remet jamais en cause l’unité indienne. Le non soutien (hormis quelques bases de retrait) à la lutte tamoule au Sri Lankais illustre cette position.

3.2) - Géopolitique " internationale " de l’Inde

La politique du non-alignement (1947-1971)

Définition

L’idée de la place de l’Inde dans le concert des Nations est présente dès les années vingt : l’indépendance par rapport à la bipolarisation des relations internationales. Cela signifie que chaque pays indépendant et non-aligné règle ses problèmes en fonction de ses intérêts. Ne se considère pas comme neutre. Refuse la conception des blocs (ne reconnaîtra jamais le régime raciste de l’Afrique du Sud) ; elle vote pour la résolution condamnant l’agression coréenne, condamne l’intervention franco-britannique de Suez en 1956 et rejoint pourtant le Commonwealth en 1950 alors qu’elle reste proche de l’U.R.S.S.). Raisons d’une telle option :

Poids démographique / Réserve minière importante et stratégique (uranium)/carrefour géographique/position péninsulaire particulière/Idéalisme masquant une dimension de réalpolitik/ un poids économique avec une bourgeoisie nationale prête à investir/

1953 alliance U.R.S.S.malgré le poids de l’aide américaine. Aide soviétique est stratégique, avec notamment métallurgie, énergie avec des prêts.

Contrainte Pakistanaise

Problème compte tenu de l’O.T.A.S.E. renforce le scepticisme de l’Inde l’égard de la politique occidentale.

Contrainte Chinoise

Politique pro-chinoise par peur d’un conflit qui naît au cours de 1962. La Chine revendique des territoires indiens (l’Arunachal Pradesh) à l’est et l’Aksaï Chin à l’ouest. De plus, le Dalaï Lama se réfugie au sein de l’Inde. Puis secrètement la Chine construit une route sur l’Aksaï. Le conflit armée éclate en 1962. Humiliation.

Le redéploiement de la politique extérieure (1971-1995)

Tension américaine au début des années soixante-dix avec notamment la construction d’une bombe atomique sur la base d’une centrale civile américaine et canadienne. Politique d’expansion avec l’annexion du Sikkim, la victoire contre le Pakistan.

Position ambigu lors de la crise d’Afghanistan de par la position de l’U.R.S.S. et de la position des américains pro-pakistanais.

Refus ferme d’une gestion internationale de son programme nucléaire malgré la pression des américains.

Deux étapes marquent le changement de la politique internationale indienne. La fin de la guerre du Golf et l’écroulement de l’U.R.S.S.

L’Irak est un pays arabe progressiste partenaire clé dans ses échanges économiques, (devises diaspora indienne + pétrole en contre partie de ce que doit l’Irak doit à l’U.R.S.S.) techniques et comme contre poids à l’ensemble des nations islamiques asiatiques. La guerre terminée, les sociétés indiennes ne sont pas dédommagées et l’Inde est privée de pétrole.

Le démembrement de l’Empire soviétique. Désormais la Russie vend des armes au Pakistan, elle est dépendante des institutions financières occidentales nettement moins conciliantes pour un échelonnement du paiement.

L’Inde face à la mondialisation

Sa politique s’oriente vers l’Europe, le Brésil avec une option de développement économique et l’intégration d’ère économique. Mais cette coopération régionale paraît difficile.

Elle fait partie cependant de la South Asian Association for Regional Cooperation (S.A.A.R.C) créée en 1985 pour réunir une fois par les hauts responsables des 7 pays membres et une réunion plus fréquente des ministres des affaires étrangères (Bangladesh, Bhoutan, Népal, Maldives, Sri Lanka, Pakistan et Inde). Peu efficace et plutôt intéressant pour les petits pays. Champs de coopération :

Agriculture, éducation et culture, environnement, communication, santé et population, tourisme, météorologie, technologie…

Intérêt peu évidents : l’Inde représente 70 % de la surface concernée, 77% de la population et 78% du PNB et le commerce intra-régional peu développé (2% du commerce extérieur indien, 1% de ses investissements). De plus les petits pays s’en servent pour faire face à l’Inde.

1993 : Création de l’Indian Ocean Rim Initiative (I.O.R.I.) parrainé par l’Australie, l’Afrique du Sud et l’Inde au départ plus 23 pays riverains afin de constituer un regroupement au sein de l’Océan Indien et défendre leurs intérêts respectifs dans le cadre de la mondialisation. Reste à l’état de projet. Peu développé.

L’Inde se tourne vers l’Association of the South East Asian Nations (A.S.E.A.N.) créé en 1967. Son approche est appréciée et acceptée comme un partenaire de dialogue à part entière en 1996. Objectif intéressant dans la mesure où cette association s’oriente vers davantage d’échanges avec les pays développés (ce qui représente pour l’Inde environ 50% de ses exportations). De plus c’est une zone où l’Inde réalise une grande partie de ses échanges économiques (investissement, commerce, etc.).

La crise de 1998 fragilise pour le moment cette entrée.

Alors vers qui se tourner ? La Chine ? peut-être le Japon. Mais l’intégration à l’Asia Pacific Economic Coopertion (A.P.E.C.) créé en 1989 semble la meilleure option. Elle préconise la création d’une zone de libre échange d’ici 2010 pour les pays développés et 2020 pour les non développés. La Chine et les États-Unis refusent l’entrée de l’Inde.

4 – La société Indienne

4.1) – Sociologie de la population Indienne

Démographie de l’Inde

La population indienne représente 16% de la population mondiale, le tiers de l’Asie. La densité varie d’une région à une autre. Elle est en moyenne de 270 habitants au km2, 50 dans la plaine du Gange et dans le Kerala jusqu’à 750, moins de 100 dans le Rajasthan.

La population a quintuplé en un siècle, triplé depuis 1947. Mais depuis 1966, une baisse significative de la croissance indienne apparaît. Le taux actuel d’enfants par femme indienne est de 3,7.

Les raisons de cet accroissement reposent sur une chute spectaculaire de la mortalité - infantile notamment même si la tranche des 0-4 ans représente toujours 47 % des décès en Inde - d’un accroissement de l’espérance de vie. Les campagnes de vaccination contre le tétanos, la variole, le paludisme participent à cette chute de la mortalité. Mais ceci doit être décliné régionalement et en fonction de la ville, de la campagne.

Le Kerala présente un nombre de deux enfants par femme. Et un taux d’alphabétisation 87% pour les femmes et de 95%pour les hommes. La transition démographique de cet État est celle d’un État européen. Le taux d’enfant par femme diminue avec le taux d’alphabétisation. En effet, les Scheduled class ou scheduled tribes présentent des courbes d’évolution inverses : forte natalité avec des taux d’alphabétisation très faible.

L’Inde réalise une politique de contrôle de natalité avec deux variantes. L’une en 1976-77 essaye les stérilisations (en fonction d’un nombre d’enfants, de revenus). Semi échec. Le deuxième volet repose sur l’éducation des femmes notamment.

Le Sud de l’Inde présente une exception pour différentes raisons. L’influence des missions chrétiennes, les royaumes de Travancore, une structure familiale différente issue d’une réforme agraire, la politique sanitaire et de gratuité des régimes communistes.

Enfin, l’Inde connaît également une population de diaspora estimée à 13,2 à 13,7 millions d’individus (5 millions sont nés en Inde) dont la répartition géographique dépend de la qualification :

Les moins qualifiés se localisent en Extrême-orient, les plus qualifiés en Occident, (Canada, Angleterre, États-Unis et Australie).

Un paradoxe : un pays rural confronté aux problèmes de l’urbanisation

Dès l’Indépendance, l’Inde se confronte à une agriculture à faible rendement et une production globalement insuffisante. L’élan réformateur de 1947 se heurte à la constitution. Les réformes inspirées de l’État central relève également de prérogatives de l’État régional. La réforme agraire reste alors inachevée. La révolution verte d’Indira Gandhi (électrification, adduction d’eau, sanitaire, engrais, pesticide, tracteur en coopérative, puits mécanisés) permet un progrès énorme en terme de rendement, mais la production reste insuffisante. Le potentiel agricole de l’Inde demeure sous exploité. Il faut noter également un tissu administratif peu efficace et une méconnaissance des aides étatiques (centrale et régionales) due à l’analphabétisation de la petite paysannerie.

Les conditions créent des mouvements de contestation dans les années soixante et soixante-dix très violents nécessitant parfois l’intervention de l’armée indienne (mouvement Naxaliste à l’origine d’une centaine de morts par an). Il existe une violence de la part des exploitants sur les Intouchables.

Il se créé également une tension, une opposition des mentalités entre les urbains (monopole du pouvoir) et les ruraux, exacerbée par un populisme agrairien politisé (les villes affament les campagnes). Mais généralement, la paysannerie pauvre participe peu au débat démocratique. La phase de modernisation de la Révolution Verte et l’apparition d’un réseau routier, des médias, les campagnes d’alphabétisation participent à une prise de conscience politique, à une amélioration. De plus, actuellement, les migrations, l’accès au savoir, le développement d’un travail artisanal permet un certain optimisme.

Parallèlement, à cet ruralité prédominante, l’Inde dispose d’un tissu urbain moderne. L’Inde dispose de 23 villes de plus d’un million d’habitant dont Bombay, New Delhi, Calcutta et Madras concentrent près de 18 % de la population urbaine du pays. 26 % de la population en Inde vie dans les villes. Donnée très faible mais relative car cela concerne 217 millions d’individus en 1991.

Selon les régions ce taux devient plus faible. Moins de 20% de la population du Rajasthan sont urbanisée.

La ville attire une partie de la population rurale. Ce qui confère à la ville une dimension mentale qui n’est pas si éloignée de celle de la campagne. Les domestiques issus du monde rural l’exprime par l’attachement à un système de valeur. La ville reste imprégnée de ces valeurs rurales.

Castes

Statut social défini par la naissance et perpétué par l’endogamie, indissociable de son activité professionnelle. Cela concerne donc plus la jati (naissance) plus que les varna. Cela impose une règle de conduite en terme de degré de pureté et régissant ses rapports par rapport aux autres groupes. Plusieurs niveaux de référence :

Village et religion entraînent une hiérarchie locale, clanique en fonction du lignage.

La civilisation indienne avec ses quatre varna.

Évolution de la caste

A la fin du XIXe siècle, constitution d’association afin de défendre, de se promouvoir socialement. Mais le modèle colonial perturbe les caste avec l’éducation, les nouveaux métiers. Ces mouvements associatifs créent de nouveaux réseaux.

A partir des années cinquante, ces associations se fédèrent sur le sol indien. Apparition du système des quotas dont le principe fut développé et appliqué dans les différents états sous l’Inde coloniale. Sur cette base, en 1953, l’administration indienne recense 2 399 castes et promeut la " discrimination positive ", enquête régulièrement pour vérifier les promotions, les inégalités des différentes classes sociales.

En 1990, le rapport Mandal entraîne un nouveau quota de 27% pour l’administration centrale pour les O.B.C. Ce rapport suscite la colère des hautes castes prisant les places administratives. Suicide de 60 jeunes de haute classe.

De plus, les intellectuels condamnent cette madandalisation de la société contribue paradoxalement à renforcer la caste dans la mesure où elle crée des groupes de pression, du lobbying dans cette optique.

Le cadre politique des castes

Généralement tourné vers les Congrès jusqu’en 1960 de par sa protection des minorités. Le Sud développe un mouvement politique aboutissant à la création d’un parti politique spécifique contre l’aryanisation, privilégiant la défense des intérêts plutôt que la hiérarchie.

La caste perdure de nos jours mais affaiblie du point de vue du rite (mais si apparaît toujours lors du mariage, la reconnaissance lors de la naissance). Mais attention caste et classe ne se recouvrent pas mais toujours des catégories distinctes. La caste n’a plus le rôle essentiel de la distribution des richesses. Seules les basses castes restent homogènes économiquement. Pour les hautes castes, cela dépend de leur objectif, de leur état.

Actuellement, l’existe une compétition entre les castes pour profiter des possibilités (pour ceux qui peuvent en maîtriser les rouages). La caste symbolise une nouvelle poussée de forces sociales et constitue une ressource démocratique de l’Inde contemporaine.

Les Intouchables (pariah : les hors castes)

Ce sont évidemment les plus exclues, les plus pauvres. Degré maximal d’impureté. La constitution de 1950 interdit et abolie le système pariah (art.17). Elle ne définit pas mais répertorie les Scheduled classes et les Other Backward Classes of Citizens. Ce la appartient à l’État d’en assurer leur développement économique, éducatif. Chacun reste libre de sa profession et doit avoir accès à n’importe quelle profession.

La constitution offre des quotas pour les assemblées et emplois administratifs. Ces quotas sont contestés par certains hindous. Le risque de renforcer, de cristalliser l’identité autour de la caste, la conscience de classe. De plus cette possibilité offerte par la constitution reste symbolique car cela nécessite un niveau d’instruction minimum. Or le niveau éducatif de ces scheduled classes est faible, 95% d’analphabétisme.

Concrètement, il n’y a que très peu de changement. Dans l’absolu, une évolution positive compte tenue de l’évolution de l’alphabétisation.

En revanche, il n’existe pas la même démarche auprès du secteur privé. La différence entre les textes officiels et l’application des lois présentent malheureusement un écart important.

Enfin, l’intérêt économique de gros propriétaires se croisent avec les intérêts des classes de la constitution.

Les minorités : religieuses, tribales

Les Musulmans

Avec le Pakistan et le Bangladesh, ils représentent plus de 350 millions de musulmans dans le monde indien. Leur taux de croissance démographique reste le plus dynamique de l’Inde.

Les relations tendues entre les Musulmans et les Hindous existent depuis une dizaine de siècle, comme nous l’avons vu précédemment lors de la conférence sur les Grandes étapes de l’Histoire de l’Inde, et reposent sur une querelle religieuse. Cette tension s’alimente avec la Partition en 1957, entraînant un déplacement de 15 millions de personne et la mort de 500 000 personnes.

Mais une minorité de musulman décide de rester en Inde. Les Hindous marquent rapidement leur inquiétude à l’égard d’une communauté dont les principes de solidarité avec l’ensemble des musulmans du monde pourraient remettre en cause l’unité nationale. Ce phénomène de peur reste infondé de par le nombre de musulman à cette époque, la disparition lente de la culture spécifiquement musulmane.

L’exemple de l’ourdou illustre cette disparition culturelle progressive. Les Musulmans parlent les langues régionales de leur lieu de naissance et non l’ourdou, malgré les luttes (culturelles) de sauvegarde. De plus, le système de structuration sociale des musulmans reposent sur un système proche de celui des castes, reflétant une organisation en métiers. Une grande différence s’établit socialement entre les musulmans des origines (turques, afghanes/Pathans, arabes) et les convertis locaux. Il n’existe donc pas socialement d’unité et les musulmans se scindent entre sunnite et chiite (10%), déclinent des différences culturelles entre le nord et le sud de l’Inde. Les références cultuelles des musulmans se confondent parfois avec les Hindous comme certains cultes des Saints véritables parons intercédant auprès d’Allah légitimé par l’École théologique des Barelwi (pourtant strictement défendu par le Coran).

L’intégration des musulmans dans la société indienne repose sur un choix initial de rester en Inde. Le mouvement Deobandi revendique l’unité indienne à travers sa composition hindoue et musulmane. Les quinze années suivant l’Indépendance, il n’existe pas de heurt intercommunautaire sérieux. La laïcité constitue une difficulté pour la communauté musulmane. Puis, dans les années soixante, la montée du nationalisme hindoue (politique), l’effondrement du système congressiste créent un contexte de violence intercommunautaire. Les musulmans doivent lutter des décennies pour faire reconnaître l’Ourdou comme deuxième langue officielle en Uttar Pradesh, pour conserver l’identité et le statut d’Université musulmane pour Aligarth, faire face à la montée du B.J.P. et réorganiser son élite partie au Pakistan (les musulmans sont sous-représentés dans la fonction publique indienne).

Les Musulmans réagissent politique à ces violences, notamment avec l’affaire Shah Bano en 1985 détournant de nombreux Musulmans de l’État indien.

Discrimination ou manque d’adaptation ? Difficile de répondre à cette question. L’action de l’extrême droite en Inde se destine à absorber la communauté musulmane afin de confondre la nation indienne avec la culture hindoue. Les exemples de la mosquée d’Ayodhya (1992/1993) causant la mort de milliers de personnes en Inde reste un sérieux avertissement. Les discours et les annonces du R.S.S. de réitérer des actes de terrorisme à Bénarès, par exemple doivent être pris très au sérieux.

Enfin, existe –t-il un vote musulman ? oui et non. Pour lutter contre le B.J.P., c’est indéniable. Mais pas de blocs monolithiques car les enjeux diffèrent selon la région. Il manque à la communauté musulmane un leader susceptible de les aider défendre leur intérêt, avec un discours d’intégration à la Nation Indienne.

Les Chrétiens

Ils représentent environ 3% de la population indienne. Cela représente environ 16 millions de catholique pour neuf millions de protestants organisés dépendant de différentes églises, cultes et parfois déclinés régionalement. Ils sont très urbanisés et présentent un taux d’alphabétisation élevé. Politiquement, proche du Congrès seul parti susceptible de leur garantir leur survie. Les chrétiens sont réputés en Inde pour leur système éducatif et leur œuvre sociale. La présence d’un trop grand nombre de missionnaire a cristallisé des tensions. Le système des quotas a suscité également des tensions avec la non reconnaissance du statut d’Intouchables pour ces derniers lorsqu’ils sont chrétiens. Ils se politisent participent à des campagnes d’alphabétisation et de prise de conscience politique.

Il s’agit de mouvements de libération de type latino-américain. Parallèlement, l’Église indienne s’indianise, dans sa composition, ses institutions (conférence, séminaire, théologie). La prière est en sanskrit, présence de lampes à huiles, de symboles hindous et volonté d’un dialogue inter-religieux

Les tribus

En 1991, on dénombre près de 400 tribus et 67 millions d’individus et 8,1% de la population. Ils habitent dans la ceinture forestière (Bengale, Bihâr, Orissa, Madhya Pradesh) Les Adivasi (premiers résidents). Terme fondé dans les années trente par le chef d’une tribu Munda dans les années trente.

Les missionnaires chrétiens leur permettent de prendre conscience de leur identité. Ces tribus ne sont pas coupées du monde indien. Elles sont hindouisées (présent dans leur culte). Elles bénéficient de quotas administratifs mais leur taux d’alphabétisation est inférieur à deux fois à celui de la moyenne nationale.

Dès le XIXe siècle, des mouvements tribaux apparaissent. Les revendications restent culturelles puis se politisent et revendiquent des territoires autonomes comme le Jharkand (regroupement des tribus d’Orissa, Madhya Pradesh et du Bengale occidental).

Une minorité religieuse imposante : les Musulmans

Éducation

Un Indien sur deux analphabète. 40 % d’analphabétisme chez les hommes, 60% chez les femmes.

L a famille et la place des femmes

Age du mariage a diminué, passant à 21 ans pour la femme et 24 ans pour les hommes. Le choix du conjoint est issu de la famille et de la même caste. Le divorce représente 1% des mariages.

Entre pauvreté et société de consommation

Nous avons constaté ci-dessus la croissance de l’Inde reste encourageante. Mais croissance économique ne se traduit pas forcément par une amélioration du niveau de vie.

La pauvreté se mesure également par les carences alimentaires. Près du quart de la population en Inde ne bénéficie pas des 2 100 calories journalières. Les disparité demeurent énorme. Actuellement, une classe moyenne se stabilise autour de 150/200 millions d’individus. Une partie de cette classe moyenne peut vivre dans des bidonvilles compte tenu de la cherté des loyers selon la mégalopole. Il se développe donc une société composée d’une frange très pauvre et un ensemble disparate constituant des acheteurs potentiels pour une société de consommation émergeante. La consommation de céréale de 1956 à 1981 a doublé, celle de lait doublé et celle du sucre a quasiment triplé. Des produits de consommation sont achetés par une population estimée à 600 millions de personnes (donc également des personnes pauvres ou proches du seuil de pauvreté). Il s’agit de 1980 à 1990 de : télévision (multiplié par 10 n/b), frigidaire, automobiles ont quintuplé et les automobiles triplées.

4.2) - l’Inde contemporaine : une culture entre tradition et modernité

Le contact avec l’Occident suscite des interrogations pour les acteurs de la culture hindoue, indienne, entre une fidélité à sa propre culture et la réceptivité à l’influence étrangère.

Les arts de l’image

L’Inde possède une tradition iconographique et visuelle artistique, populaire et élitiste. Cette vieille tradition populaire de l’image se perçoit au Rajasthan avec les fresque (mandana) peintes sur les murs des maisons en fonction de différentes occasions cérémonielles (poudre de couleurs et/ou poudre blanche). Son existence est éphémère et surnaturelle car le dessin se définie comme un réceptacle destiné à accueillir une divinité. Il peut être un support témoin idéologique d’une culture alternative (comme cela fut le cas pour des tribus afin de légitimer des velléités séparatistes).

La peinture

Le peintre le plus célèbre de l’Inde est vraisemblablement Ravi Varma (1848-1914) par ses productions à l’huile de l’iconographie religieuse hindoue.

Dès le début du siècle se profile un refus de l’apport occidental surdominant pour un modèle idéaliste remettant au premier plan les valeurs de la civilisation indienne et précisément hindoue. Abanindranath Tagore est le premier peintre à exprimer ce refus avec l’École du Bengale. Il souhaite développer et opposer le spiritualisme indien au réalisme matérialiste occidental. Ce refus s’accompagne d’un repli identitaire à l’origine de la non pérennisation du mouvement.

A partir des années quarante, des artistes refusent cette dichotomie. Deux écoles Calcutta Group et le Progressive artist group (Bombay) s’ouvrent à l’Art Contemporain. Les artistes de cette école constituent les noms de renommé international de l’Art Contemporain indien : Das Gupta, M.F. Husain, Souza. M.F. Husain est le plus renommé et se caractérise par une peinture variée englobant portrait (Gandhi et Mère Térésa), scènes mythologiques, peinture entre le figuratif et l’abstrait.

Cette ouverture amorcée se confirme dans les années soixante avec une explosion des thématiques explorées, une liberté totale pour les sujets d’inspiration et d’utiliser toutes ressources esthétiques. Les œuvres de Kumar, de Jeram Patel, de Ganesh Pyne et de Malani se diffusent dans le monde entier.

Mais à l’image de l’histoire de l’Inde, il paraît périlleux de dater, de classer nationalement l’évolution de la peinture indienne. Les différences régionales sont nombreuses et des peintres restent inclassables. Swaminathan illustre cette tendance. Il fonde le Groupe 1850 et refuse toute historicisme en art. Il condamne la dégénérescence des institutions liées à la peinture. Il fonde un mouvement au Madhya Pradesh où art moderne et traditionnel connaissent un traitement similaire. Avec M.F. Husain, ces deux peintres désenclavent la peinture moderne en Inde. Leur travail reste important compte tenu de la faiblesse institutionnelle en ce domaine. Cette carence s’accompagne également d’une absence de galeries, de marché. Il n’existe pas ou très peu de politique institutionnelle pour l’Art Contemporain.

Le cinéma

La passion indienne pour le cinéma s’inscrit dans cette tradition du culte des images. Mais le cinéma se rapproche du domaine religieux avec la notion de Maya, illusion. Le cinéma n’est-il pas réalité illusion ? Une réalités aux vérités incertaines ?

Le cinéma rejoint une tradition de montreurs d’images présente dans les villages en Inde.

L’Inde a produit le quart de la production mondiale de cinéma avec environ 27 000 films. Dès 1896 une projection de l’invention des frères Lumière a lieu à Bombay. L’industrie se développe dès les années vingt et trente.

En 1913, la première adaptation cinématographique du Mahabharata est produite. La part des films mythologiques demeure importante même si elle tend à diminuer depuis une dizaine d’années. Le succès est tel que les acteurs aux prétentions politiques conservent leur costume, leur maquillage pour des photos, de congrès et réussissent à obtenir des résultats. Actuellement, le film en hindi domine la production. Il s’agit d’une production mélodrame social, d’histoire d’amour contrarié, de corruption au schéma suivant :

- Pureté du héros, famille exalté, respect de la religion, dénonciation du manichéisme 

- Jeux dramatiques exacerbés, outranciers de certains acteurs

- Même voie en play-back pour toutes les actrices.

- Danses indiennes, chansons, costumes et maquillages codifiés

- Au moins deux et demi de production

Évidemment, le cinéma indien pour un Européen paraît factice, kitsch. Ces masala se destinent à souder une communauté hétérogène. En revanche, les auteurs de cinéma de style européen ou susceptibles de diffuser des valeurs universalistes rencontrent des difficultés à s’immiscer dans les productions. Rutt et Ray restent la référence en la matière.

La télévision

Elle apparaît en 1956 et réellement en 1966 avec la première émission quotidienne d’une heure. En 1972, un programme d’éducation par satellite pour des villages (2 400) remportent un succès. Son retrait suscite la colère des villageois. En 1991, le câble connaît un essor fulgurant et officieux. Quinze millions d’abonnés au câble sont recensés.

La musique

Relève du sacré. C’est également une musique savante, codifiée. Au nord de l’Inde, le style dominant est l’Hindoustani, au sud, carnatique. Le point commun repose sur le rythme et le raga.

Le nord de l’Inde subit un style arabo-persan (notamment les instruments de sitar, sarod). Se développe un style qawwali, musique soufie jouée près des tombes des saints musulmans. Le sud revendique un certain purisme de la musique traditionnelle hindoue, avec une partie dévotionnelle développée. Devient un vecteur idéologique de l’hindouisme.

Malgré les styles, la généalogie devient un élément tout aussi important. Un grand musicien poursuit une lignée, un style. L’enseignement de la musique indienne reste oral. Il existe une université mais ce type s’enseignement universitaire (musicologie) reste peu développé en Inde.

Enfin, la musique de film représente une production populaire et quantitativement importante. L’élite indienne la considère comme vulgaire et tente d’instaurer des quotas de diffusion à la radio.

Les musiciens actuels connus : Ravi Shankar (trilogie des films de Satyajit Ray), Ali Akbar Khan et Zakir Hussain au tabla.

Le festival de la musique carnatique à Madras en décembre devient le plus grand festival de musique hindoue du monde.

Le théâtre

Cet art ne bénéficie pas du même essor que le cinéma. Ce dernier explique cette évolution plus lente. Il connaît des questionnements similaires à la culture indienne face à l’Occident. Panikkar réalise des adaptations contemporaines de pièce en sanskrit, comme Thiyam. Il apparaît dans les années soixante-dix une volonté de regrouper le théâtre occidental et les traditions populaires. La fondation Tata en 1968 créé " Silence la cour siège ", véritable miroir de l’expression sociale reflétant les problématiques, les violences d’une société traditionnelle confrontée à la modernité.

La littérature

Deux grands courants dominent l’Inde. Il s’agit d’une littérature proprement indienne, issue de sa diversité linguistique : une littérature hindi, ourdou, marathe, panjabi… à décliner donc régionalement, liée à un bassin linguistique. Enfin, une littérature indo-anglaise apparaît dès le XIXe siècle.

Pluralité linguistique

L’Inde se distingue, comme État Nation, par son foisonnements de langues vernaculaires. La littérature indienne présente une vitalité très liée aux mouvements régionalistes. Ces langues disposent d’une littérature poétique, mythologique et romanesque.

Bengali

Cette langue issue du Sanskrit, retranscrit lors du Moyen Âge et de la période moderne les Épopées, les Purana,. Les musulmans composent les vies du prophète, des traités mystiques soufies. Il se développe une littérature bengali avec l’Angleterre. L’imprimerie permet l’essor de cette littérature mais également certaines sociétés orientalistes aboutissant à la création d’un ouvrage éducatif pour l’apprentissage du bengali. Ce développement s’accompagne d’un journalisme naissant. Calcutta est alors la capitale intellectuelle et culturelle de l’Inde.

Différents auteurs jalonnent l’histoire littéraire du Bengale. Évidemment Rabindranath Tagore, prix Nobel de littérature en 1913, Chatterji, très populaire au XIXe et une tradition d’auteurs tournés vers les préoccupations populaires (déjà présente dans la création de revue littéraire).

Poésie prestigieuse dont une partie revendique l’influence de Mallarmé, Rimbaud, Baudelaire. Buddha dev Bos (1908-1974) créé une revue traduisant de nombreux auteurs français.

Une forme de poésie particulière, politique pro-soviétique apparaît dans les années soixante. Lors de cette période, un groupe de poète (Hungry), utilisant une phraséologie vulgaire apparaît directement influencé par la beat generation de Kerouac.

Enfin, le dernier tiers du XXe siècle se distingue par une démocratisation du roman, une ouverture marxiste, à la psychanalyse développant des thèmes singuliers, notamment autour de la sexualité, la description des vies pauvres et populaires, reprenant les argots, les particularismes locaux. Banerji évoque une grave famine touchant le Bengale en 1959 à travers " Tonnerre lointain ".

La littérature féminine occupe une place significative se préoccupant de la place des femmes. M.Devi traite du mouvement naxaliste, à travers les préoccupations d’une mère dont le fils révolutionnaire est abattu par la police. Devi est reconnue comme une militante des droits de l’homme.

Hindi

Elle naît durant la fin du XIXe siècle, avec un mouvement d’intellectuels revendiquant un hindi pur lors de la deuxième moitié du XIXe siècle. Ensuite, Harischchandra (1850-1885) développe une littérature patriotique, condamnant les dominations mongoles et anglaises dangereuses pour la civilisation aryenne. Les revues littéraires se développent.

Les romans sociaux occupent une place importante. Actuellement, Kumar (mort en 1987) et Nagarjun reflètent cette description sociale des villages, l’oppression des paysans et le monde rural en général. Les années cinquante et soixante furent influencés par Camus et Sartre. La littérature hindi intègre l’existentialisme, mais également le marxisme, la psychanalyse. De nos jours, les thèmes sont variés, relatent la vie rurale tout comme les frustrations sexuelles et économiques des classes moyennes. Le thème de la corruption et la désillusion de l’Indépendance apparaissent également, Kismor produit des satires à l’égard des cols blancs.

Enfin, une littérature populaire traitant des problèmes comme la Partition avec un roman très diffusé : " Tamas " (les ténèbres) de Bhishm Sahani.

Ourdou

Elle représente 36 millions de personne. Sous sa forme hindoustani compris par les populations du nord de l’Inde.

Cette littérature reflète également l’histoire de l’Inde et des rapports entre les musulmans et les hindous.

Elle se développe sous influence britannique, c’est-à-dire la diversité thématique, l’imprimerie et la réelle volonté d’Anglais de développer cette langue (création de manuel scolaire, presse et aide des sociétés savantes). La poésie sunnite et chiite se développent tout comme les premiers romans à caractère social (Nazir Ahmad).

Puis cette naissance s’accompagne d’une thématique réformiste, identitaire avant la partition, avec le mouvement Aligarth fondé par Sayyid Ahmad Khan dont les sujet s de ses ouvrages restent simple afin de sensibiliser le maximum d’indiens à sa littérature.

Le poète Iqbal se tourne vers l’Islam, religion idéale, favorisant l’épanouissement des individus dans une société juste et humaine. Participe directement à l’idée d’un État séparé.

Premchand propose une littérature en hindi et en ourdou relatant la vie des classes populaires, leur condition de vie, leur pauvreté. Durant cette période, une association d’écrivains progressiste apparaît publiant en 1935 le " Manifeste de l’association des écrivains progressistes " dont les objectifs consistent à rapprocher l’art et la culture du peuple et participer au progrès de l’Inde. Le chef de file de ce mouvement, Chander, participe directement avec des romans de grandes qualités sur la pauvreté.

L’histoire littéraire de l’ourdou évolue avec la rupture de la partition (comme pour l’hindi et dans un registre moindre, le panjabi), à l’origine d’un foisonnement littéraire sur la question avec un certain regret d’une époque où les communautés religieuses cohabitaient et furent manipulées par les partis politiques et l’Angleterre. Certains auteurs quitteront spontanément l’Inde, d’autre suivront une carrière internationale avec le choix de Londres, d’autres reviendront en Inde.

Les années soixante témoignent d’une influence marxiste, de la psychanalyse. De nos jours, les courants se multiplient, avec notamment une place privilégiée pour la poésie. Une défense de la liberté d’expression pour les auteurs s’affirment également. Les grands auteurs, Manra, Iqbal, Majid relatent les problèmes sociaux, la dote, les émeutes xénophobes.

La littérature indienne vernaculaire connaît une revitalisation durant le XIXe siècle, avec la création d’association culturelle, de revues littéraires, la fondation de mouvements réformistes accompagnés d’un travail de reconsidération culturelle des sociétés savantes occidentales. Cette littérature témoigne des questionnements de la fin du XIXe à l’Indépendance avec des revendications d’émancipation identitaire. L’après guerre sera marqué par la Partition, relatée par différentes langues (et également par la littérature anglaise) avant de condamner la corruption politique, les désillusions de l’Indépendance avec un orientation romanesque fortement sociale.

Je ne vous ai pas parlé de la littérature tamoule, compte tenu de l’itinéraire de notre voyage. Elle représente une part non négligeable de la culture indienne compte tenue sa relative " indépendance " à la langue sanskrite à l’origine, avec une littérature en Tamoul, dès le début de l’ère chrétienne, reposant sur une littérature classique, les Sangam.

La littérature de cette région s’inscrit dans un registre spécifiquement tamoul, puis dans un registre sanskrit avec la brahmanisation progressive du sud de l’Inde et enfin dans une dimension régionale, avec une littérature particulière pour la région de Madras, au Sri Lanka et les régions des anciens royaumes dominants. La revitalisation de la langue s’effectue au cours du XIXe siècle.

La diaspora indienne et la littérature indo-anglaise

Il s’agit généralement d’auteurs nés en Inde mais n’y résidant pas et des auteurs d’origine indienne (Inde, Pakistan, Bangladesh). Comme Salman Rushdie, né à Bombay, installé au Pakistan et vivant en Angleterre. Curieusement l’Inde compte les plus grands auteurs de langue anglaise. La fascination culturelle relève d’une colonisation relativement douce et dépourvue de traumatisme à l’exception de la révolte des cipayes et du massacre d’Amritsar. Enfin, l’apprentissage d’une langue comme l’Anglais ne constitue pas une difficulté majeure pour un peuple certes caractérisé par un taux d’analphabète important, mais polyglotte.

Les décennies du XXe siècle offrent des générations d’auteurs reflétant les aspirations de leur époque respectives. Les espoirs d’une Indépendance et de la construction indienne à la désillusion et la condamnation de la corruption politique.

Au cours de années vingt, Anand, Desani et Rao sous l’influence du marxisme décrivent la réalité sociale de l’Inde. Le parti pris idéologique de ces fresques restent indéniables et poignants. Une partie de ces écrivains relatent la Partition, la vie de familles musulmanes.

Les auteurs nés dans les années trente relatent les problèmes d’une élite redécouvrant l’Inde. L’impossible retour. (Anita Desai).

Les thématiques de description sociale des villages indiens demeurent avec Markandaya. Naipaul se rattache à la diaspora indienne (" A house for Mr Biswas ", 1961). Salman Rushdie privilégie la déception des enfants de minuits relatant les désillusions de l’Indépendance avec notamment " Midnight Children " en 1981 (prix booker, prix médicis).

Les romanciers témoignent de nos jours d’une présence sur la scène internationale, notamment Taslima Nasreen, Michael Ondaatje (" The English Patient " 1992), Amitav Ghosh et un nombre important de biographie. Nous pouvons également cité un Hanif Kureishi pour sa description de la minorité pakistanaise en Angleterre.

Cette littérature a donc un siècle et présente une histoire riche dont la prose reste prédominante. Elle se destine à une élite indienne occidentalisée, anglophone voire à une classe moyenne urbaine. Elle constitue une part essentielle de la littérature mondiale.

L’académie littéraire indienne, Sahitya Akademi, créée en 1954 reconnaît 22 langues dont l’Anglais. Elle publie des ouvrages et décerne un prix.

Conclusion

La gestion quotidienne de l’Inde se confronte à sa diversité, à son immensité. Pluralité des populations se traduit par une multitude de langue, de système de pensée, des statuts modernes proposées par la constitution et anciens avec la légitimité quotidienne du système des jati.

Cette pluralité linguistique, culturelle constitue évidemment une richesse civilisationnelle pour l’Inde mais peut constituer également des forces centrifuges pour l’État indien remettant en cause son unité.

L’Inde s’adapte lentement aux différentes mutations socio-politiques et géopolitiques, sans rupture. Elle semble se préserver de la rapidité, des pressions du monde extérieur. Elle reste néanmoins dans sa capacité culturelle à synthétiser les apports extérieurs à sa culture. La démocratie et le cinéma semblent illustrer ce propos. La société indienne évolue, avec une politisation des castes, incarnation d’un nouveau souffle pour la démocratie indienne, une partie de cette population confrontée à un modèle de consommation depuis le tournant libéral des années quatre vingt dix.

L’Inde trouve un nouveau défi sociétal et international avec la nécessité de trouver une voie moderne et laisser l’espace à l’expression de sa tradition.

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 COMPLEMENTS:   Inde, subcontinent indien   Inde   Inde XXI° siècle

Orientation bibliographique :

Jaffrelot Christophe, L’Inde contemporaine, Paris, Fayard, 1996.

Zins Max-Jean, L’Inde, un défi démocratique, Paris, La Documentation Française, 1999.

 

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