Les Ouigours ne sont pas une peuplade des steppes appelées à disparaitre. Ils constituent la plus importante des minorités nationales officiellement reconnues de la province que la Chine appelle le XINJIANG que les Ouigours appellent le Turkestan Oriental. Le Xinjiang/Turkestan oriental constitue l'une des provinces "frondeuses" du limes chinois. Un sentiment national, voire nationaliste s'y exprime. Des émeutes suivies de répression y ont éclaté en 1997. Ces soubresauts ne sont qu'un épisode, le dernier en date, d'une longue confrontation entre l'Empire du milieu et les habitants de ces territoires conquis relativement récemment, même si la Chine considère ce Turkestan oriental comme un territoire séculairement chinois.Venus de Mongolie, les Ouigours, dont le nom signifie "unité", s'installèrent à partir du X. siècle dans les oasis du Turkestan. Peu à peu, ils abandonnèrent leurs religions d'origine pour se convertir à l'islam. Aujourd'hui, ce sont des musulmans sunnites, de langue turque et d'écriture arabe.Une "République du Turkestan oriental" a existé entre 1944 et 1949 à laquelle les opposants ouîgours au régime de Pékin se réfèrent encore.

Les Ouîgours sont sept millions au Turkestan oriental, mais ils sont près de un million en Asie centrale ex-soviétique et dans la diaspora occidentale.. Les Ouîgours n'exercent qu'un pouvoir bien formel sur leur territoire. Le pouvoir est détenu par le parti communiste chinois dont les dirigeants sont des Chinois han par dessus les frontières ,dans la région, s'établissent des échanges humains, culturels et commerciaux: un véritable désenclavement dans une zone qui devient névralgique.

Elle n'est pas seulement la ligne de partage des eaux du continent mais elle est aussi et surtout"la ligne de partage des pétroles".Non content d'etre en lui-même une importante réserve pétrolière, leXinjiang est aussi depuis et par lequel le pétrole de ce vaste "bassin" entre Caspienne et mer de Chine choisit de d'écouler vers l'est ou l'ouest ! Tels qu'ils existent aujourd'hui les projets régionaux visent à acheminer vers l'ouest, grâce à un réseau d'oléoducs, le pétrole du Kazakhstan et de la Caspienne. La Chine, par contre, capte vers l'est, grâce à ses propres oléoducs,l e pétrole récemment découvert dans le Xinjiang et aussi, par le chemin de fer "transeurasien" qui traverse cette province, une partie du pétrole kazakh. Il existe un projet d'oléoduc Caspienne-Mer de Chine reprenant par le Turkestan, l'ancienne route de la soie. Autant dire que la zone devient d'un intérêt géo-économique et stratégique majeur.

On mesurera, dès lors, l'extrème intérêt que représente le numéro spécial de la revue Cemoti (1) sur "Les Ouîgours au XX. siècle" sous la direction de F.J. Besson et aussi la conférence que donnera Thierry Desmarets, président de Total sur "Pétrole et gaz au Moyen-Orient et en Asie centrale" au cours du déjeuner-débat du 21 octobre à l''Uag, 49 rue Blanche Paris 9. 

Octobre 2001: La Chine s'estime menacée par l'Islam intégriste dans ses provinces musulmanes de l'ouest (Xin Kiang: 60% de musulmans) ainsi que par les mouvements possibles de trois républiques d'Asie Centrale. Elle a demandé aux autorités talibans de ne pas entrainer de guerilleros ouigours...

Ces craintes, même exagérées, expliquent que la Chine se soit rangée dans "l'alliance" contre le terrorisme en Afghanistan.

 COMPLEMENTS:  TABLE DE L'ASIE   Table de la Chine   Asie Centrale et Caucase

OUIGHUR: partie sinisée de l'Asie centrale