GEOPOLITIQUE:

Après l'achèvement de son unité menée contre l'Autriche et la Papauté, l'Italie amorça la mise en place d'un double dispositif géopolitique: récupérer les dernières terres irrédentes situées en Autriche-Hongrie - Vénétie, Frioul, et littoral dalmate - et s'imposer comme une puissance européenne majeure et, pour ce faire, participer à l'expansion coloniale. Centrée sur son impérialisme colonial naissant qui lui fit acquérir l'Erythrée et la Somalie, irritée par la France qui lui ravit la Tunisie, Rome se rapprocha de l'Autriche-Hongrie et de l'Allemagne avec lesquelles elle signa un accord défensif, la Triplice.

L'Italie du début du Xxe siècle inaugura une politique balkanique au nom de ses ambitions méditerranéennes et irrédentistes. En 1913, elle s'engagea dans un conflit contre la Turquie qui lui permit d'occuper les régions formant l'actuelle Lybie-Cyrénaïque, Tripolitaine-ainsi que les îles grecques du Dodécanèse; puis elle tenta, en vain, de récupérer les régions balkaniques, dont l'Albanie, en accord avec l'Autriche décidée à empêcher l'expansion serbe soutenue par Saint-Pétersbourg.

A la déclaration de la guerre en 1914, l'Italie demeura neutre, tiraillée entre l'alliance avec les Empires centraux et l'Entente qui lui faisait miroiter de grandes acquisitions territoriales en cas de victoire. En 1915, par le pacte secret de Londres, Rome se rangea aux cotés des Alliés. L'Italie dût mener une guerre de montagne éprouvante au nord du pays où elle perdit plus de 600 000 hommes. La victoire finale de l'Entente inaugura une période difficile pour l'Italie qui n'obtint pas tout ce qui lui avait été promis à Londres, notamment le rivage est de l'Adriatique, attribué à la nouvelle Yougoslavie. Malgré ses acquisitions en Vénétie sur les décombres de l'Empire austro-hongrois, l'Italie se mit à vivre dans un sentiment de frustration majeure, de nationalisme déçu, qui allait favoriser l'arrivée du fascisme et fonder une position révisionniste à l'égard du traité de paix. L'Italie se plaça de facto dans le camp des mécontents du Traité de Versailles et des autres traités- Trianon, Neuilly, Saint-Germain.

Sur le plan géopolitique, le fascisme italien reprit les thèses classiques du nationalisme italien en les radicalisant.

Au fur et à mesure où son régime se consolidait tout en s'isolant des démocraties, l'Italie se rapprochait de l'Allemagne. Après la guerre d'Ethiopie, Rome se mit à amplifier ses revendications : Nice, la Savoie, la Corse, la partie italienne de la Suisse, le littoral dalmate en Yougoslavie et l'Albanie. A quoi s'ajouta la formation d'un grand Empire italien d'Afrique, de la Libye au Kenya-Somaliland, Djibouti, Ethiopie, ect.- la Tunisie et des visées sur le Maroc français dans le but d'obtenir un débouché sur l'Atlantique, ainsi que des ambitions territoriales en mer Rouge-Yemen, Egypte. Une version totalitaire d'un nouvel empire Romain conut, grâce à l'alliance avec Berlin, un début de réalisation : l'Albanie en 1939, des territoires français après la défaite française de 1940, l'Ethiopie conquise, puis perdue rapidement. Cependant, les défaites en Afrique, dans les Balkans, ainsi que la déroute italienne en Ukraine soviètique amenèrent le Roi à conclure un armistice avec les Alliés. L'Italie sortait de la Deuxième Guerre mondiale avec des pertes humaines et économiques considérables et avec l'échec total de la "géopolitique grandiose" du fascisme.

Signataire des Traités de Paris en 1947, l'Italie dut subir, avant d'être rétablie dans ses frontières de 1919, des amputations territoriales mineures avec la France et importantes avec la Nouvelle Yougoslavie-question de Trieste. L'Empire italien avait été partagé entre la Grande-Bretagne-Libye, Erythrée, Somalie-et la France-Fezzan-sud Libye-par voie de mandats de l'O.N.U.

L'expansion du communisme dans le sud-est de l'Europe-Albanie, Yougoslavie, guerre civile grecque-transformèrent l'Italie vaincue en un acteur central de la nouvelle géostratégie qui se mettait en pl ace et qui devait aboutir à la Guerre froide. En effet, riveraine de l'Adriatique, traditionnelement orientée vers l'Europe centrale et vers le monde balkanique, l'Italie formait au sein du monde méditerranéen un "rempart" naturel à l'expansion soviètique.

L'inclusion de l'Italie dans l'Alliance atlantique, accélèra la reconstruction du pays. Tout en opérant une modernisation de son économie et de sa société, l'Italie devint un élément majeur du système euro-atlantique. Dès 1956, elle participa à la fondation du Marché Commun dont elle sut tirer de considérables profits.

Pièce maîtresse de l'O.T.A.N en Méditerranée; située à la limite des deux bassins de cette mer, co-riveraine de l'Adriatique avec la Yougoslavie et l'Albanie, deux pays communistes dissidents du système soviétique, traditionnellement orientée vers l'Europe centrale et danubienne, l'Italie assista aux "première loges" à la désintégration du communisme, ce qui lui permit de renouer avec ses anciennes zones d'influence - Hongrie, Pologne, Albanie.

L'Italie, tout en cherchant à consolider sa présence politique et économique dans le sud-est européen, mène une politique fondée sur l'équilibre et la stabilisation de la région. Il en va de même en Méditerranée où, fidèle à une politique ancienne, Rome joue avec discrétion une carte arabe.

L'Italie contemporaine poursuit les anciens buts de la géopolitique italienne, mais d'une façon démocratique, fondée sur la coopération.

LES DISTRICTS ITALIENS

Il s'agit " d'un grand complexe productif où la coordination entre les différentes phases et le contrôle de la régularité de leur fonctionnement ne sont pas soumis à des règles préétablies ou à des mécanismes hiérarchiques comme cela se déroule dans la grande entreprise ; dans le district, à l'inverse de ce qui se passe dans d'autres environnements, comme les villes manufacturières, il tend à y avoir une osmose parfaite entre communauté locale et entreprise.

En Italie, au début des années 1990, on compte environ soixante-dix de ces districts qui représentent 60 000 entreprises, en majorité de petite taille et un emploi global de 1,5 million. En Emilie-Romagne, il y a une entreprise pour douze habitants. Chaque district est spécialisé dans une activité. Les principaux secteurs industriels concernés sont mentionnés dans le tableau de la page suivante. En dépit de leur diversité, ces univers ont des caractéristiques communes. Ils couvrent l'ensemble du cycle productif (conception, production, commercialisation nationale et internationale, service après-vente) et possèdent un secteur de conception et de production de machines liées à leur activité. Il ne faut donc pas confondre les districts avec des systèmes localisés de sous-traitance unis à une grande entreprise, tels les réseaux d'externalisation organisés sur un site (Fiat-Auto à Melfi, Benetton en Vénétie, Ariston dans les Marches, par exemple). Dans ces configurations, la conception et la commercialisation échappent aux acteurs du systèmes.

Certains districts sont très anciens comme Prato, district textile toscan, qui date du Moyen-Age. Il en est de même pour Murano et ses verreries. D'autres sont très récents : Mirandola (patrie de Pic de la Mirandole), spécialisé dans le biomédical ou le couloir Milan-Bologne de la machine-outil. Tous utilisent aujourd'hui des techniques de pointe et se battent sur les marchés internationaux.

Sur le plan de l'organisation, le district fait opérer ensemble (coopérer) une série d'acteurs à la fois proches et dispersés. Plusieurs réseaux sesuperposent et inter-agissent. Le réseau opérationnel est entre les mains d'agents d'interface qui sont en liaison avec les marchés et organisent la production. Ces agents peuvent être des individus, des bureaux d'intermédiation, des entreprises.

On trouvera ensuite des organismes de services qui offrent toute une gamme de prestations : design et veille design, ingénierie, veille scientifique et technique, marketing, formation, accès à la recherche, promotion, conseil juridique, conseil technique, aide à l'exportr, certification de la qualité, banques de données, mutualisation de certains risques, etc. Ces organismes peuvent prendre la forme de centres de services classiques ou de "consorzi", associations d'entreprises sans but lucratif, régies par la loi et enregistrées. Le "consorzio" a souvent une composition plus complexe et accueille, au-delà des entreprises, des organismes d'Etat, des universités, des associations, des chambres de commerce, des banques.

Jean Marie GABRIAC

L'importance des districts industriels par Florence Vidal  (source Datar http://www.datar.gouv.fr )

Systèmes de PME-PMI  mêlant solidarité et concurrence dans une région donnée, en espace semi-rural

	Opérations diverses:  le"made in Italy"  métallurgie, mécanique, électromécanique agroalimentaire environnement, biomédical,  logistique, informatique
	Des milieux incitatifs image très positive de l'entrepreneur propension à l'innovation création d'entreprise facilitée savoirs et savoir-faire coordination fonctionnelle
	Politique des districts peu d'intervention étatique reconnaissance des districts en tant que systèmes rôle des institutions de la société civile

<Bibliographie Italie>  <Italie sur Internet>  ITALIE