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Allemagne 2002: les élections du 22 septembre

Le 22 septembre, les Allemands renouvellent la Chambre basse de leur Parlement, le Bundestag. L'actuelle coalition au pouvoir, réunissant les sociaux-démocrates et les Verts, pourrait être remplacée par une autre, associant chrétiens-démocrates et libéraux.

 

HISTOIRE POLITIQUE DE L'ALLEMAGNE

Allemagne: Table    Allemagne politique

 

INSTITUTIONS-MECANISMES ELECTORAUX

Allemagne politique

 

LES ENJEUX  Allemagne:enjeux 

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Enjeux économiques:   Allemagne: économie Des élections sur fond de crise économique: Hausse de l'inflation et du chômage, faible croissance : le coût de la réunification Conjoncture morose, rentrée fiscale modeste, chômage à la hausse : la situation budgétaire semble empirer au fil des mois dans la première puissance économique de la zone euro. Un déficit équivalent à 3, 5 % du produit intérieur brut (PIB) est venu alimenter les spéculations, puisqu'il se situe au-delà du seuil des 3 % fixé par le pacte de stabilité et de croissance de l'Union européenne. La réunification a un coût : environ 75 milliards d'euros par an pour les Länder de l'Ouest, soit près de 6 % de leur PIB, selon le financement de solidarité par l'Ouest du programme de reconstruction de l'Est. Le taux d'inflation à l'échelle nationale avoisine 1,9 %, alors que le taux de croissance du PIB ne dépasse pas 0,7 % . En France, l'inflation était de 1,4 % et le taux de croissance de 2,1 % en 2001.

"Croissance ou recul, c'est la décision que les Allemands auront à prendre", assène Edmund Stoiber, le rival conservateur. Le chancelier sortant, Gerhard Schröder, invoque les "investissements massifs" dans les domaines de la formation et de l'égalité sociale, ainsi que la baisse importante de la fiscalité. Le chancelier qui sera issu de la nouvelle majorité héritera d'un pays en crise. Si l'Allemagne reste la première puissance économique européenne, sa croissance à 0,7 % est la plus faible de l'Union.

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Enjeux européens  Allemagne: politique étrangère "L'Allemagne n'a pas le droit de refuser les responsabilités croissantes qui lui incombent aujourd'hui." Le message transmis par Gerhard Schröder lors de sa première déclaration gouvernementale, en novembre 1998, est net : la RFA est devenue "une nation adulte". Le chancelier sortant a mené une politique étrangère pragmatique, dont le maître mot est la fiabilité vis-à-vis de ses alliés. Le pays veut se débarrasser de son image de "nain politique" - et ce d'autant que le "géant économique" est en perte de vitesse. Privilégiant une approche multilatérale des problématiques mondiales, soutenue par une diplomatie offensive, M. Schröder a mis fin au tabou des interventions militaires, en dehors de la zone couverte par l'OTAN (Kosovo) et même en dehors d'Europe, en Afghanistan (soutien logistique). La réévaluation de la politique allemande est manifeste chez Joschka Fischer, le ministre des affaires étrangères, qui défend un modèle fédéral pour l'Europe, sans dissolution des nations. Lors du sommet européen de Nice, en décembre 2001, l'Allemagne a obtenu la prise en compte de son poids démographique et, ainsi, le renforcement de sa représentation au sein du Conseil de l'Europe et au sein du Parlement européen.  

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Un rapprochement stratégique vers l'Est L'Allemagne occupe une position stratégique en vue de l'élargissement de l'Union européenne à des pays d'Europe centrale et occidentale (PECO), prévu d'ici à 2004. Ses liens politiques et économiques avec ses neufs pays frontaliers, dont la Pologne et la République tchèque, PECO candidats à l'adhésion à l'Union européenne, sont très importants. Le transfert de la capitale allemande en 1998 de Bonn, dans l'ouest du pays, à Berlin, proche de la Pologne, a été un signal fort d'une volonté de rapprochement vers les PECO. Le volume des échanges commerciaux vers ces pays a augmenté de 19 % entre 1997 et 1998, soit trois fois plus que celui des échanges avec le reste du monde. Il est désormais supérieur à celui avec l'Amérique du Nord. Bien que la Commission européenne souligne les avantages de l'élargissement pour l'Allemagne (diminution de la pollution transfrontalière, créations d'emplois dans les PECO, endiguement des économies parallèles et de l'immigration clandestine, etc.), la République fédérale ne dissimule pas ses craintes quant aux répercussions de l'élargissement, dont les délocalisations massives à prévoir en direction de ces pays et l'afflux d'une main-d'œuvre bon marché  

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LES PARTIS EN PRESENCE

SPD  Sozialdemokratische Partei Deutschlands (Parti social-démocrate) Le SPD est né en 1875, de la fusion de l'Association des ouvriers allemands et du Parti ouvrier social-démocrate allemand. Interdit sous Bismarck (1871-1890), le parti obtient 35 % des voix aux législatives de 1912. Puis, sous la République de Weimar, il devient un parti de gouvernement. Dissous en 1933, il est reconstitué en 1946 et abandonne toute référence au marxisme en 1959. Progressant alors aux élections, il gouverne avec la CDU de 1966 à 1969, puis avec les libéraux de 1969 à 1982.  Willy Brandt, chancelier de 1969 à 1974, qui inaugure l"Ostpolitik" d'ouverture vers les pays de l'Est et la RDA , et Helmut Schmidt,(1974- 1982), dominent la vie du parti pendant cette période. Après seize ans de gouvernement CDU (Kohl), le SPD revient au pouvoir en 1998. Gerhard Schröder, président du parti, dirige l'actuel gouvernement de coalition avec les Verts. Né en 1944 en Rhénanie-Westphalie, Gerard Schroeder décroche son diplôme d'avocat en suivant des cours du soir. Elu en 1980 au Bundestag, il échoue, en 1986, aux élections législatives régionales de Basse-Saxe, à la tête du SPD - où il est considéré comme un "social-démocrate de droite". En 1990, il remporte le scrutin et devient ministre-président. Ce qui lui permet d'assurer ses ambitions nationales. Le bilan de la coalition rouge-verte au pouvoir depuis 1998 est terni par de faibles performances. Avec plus de 4 millions de chômeurs, M. Schröder n'a pas pu, comme promis,  réduire le nombre de sans-emploi à 3,5 millions. Les autres chantiers engagés par le chef du SPD en sont occultés : réforme de la fiscalité et des retraites, rigueur budgétaire, sortie du nucléaire, nouveau code de la nationalité. Les inondations catastrophiques d'août pourraient constituer la chance du chancelier sortant, profitant de sa position de décideur pour amorcer la reconstruction des territoires noyés sous les flots.

GRUNEN:  Bündnis 90 - Die Grünen (Les Verts) Le parti, fondé à l'Ouest en 1979, issu d'un mouvement écologiste radical (pacifiste et antinucléaire), est représenté au Bundestag depuis 1983. Le 14 mai 1993, Die Grünen fusionne avec Bündnis 90, parti issu du regroupement en 1989-1990 de dissidents est-allemands. Dans leur programme électoral de mars 2002, les Verts tiennent compte des décisions du gouvernement de coalition prises lors de l'opération au Kosovo en 1999 et de la participation à la lutte internationale contre le terrorisme. Ils  abandonnent le pacifisme radical et acceptent la présence militaire des Etats-Unis en Europe, mais maintiennent l'objectif de réduction des potentiels militaires. Les Verts mettent l'accent sur l'écologie, la protection des consommateurs, l'égalité des chances et une plus grande justice sociale, avec en particulier un programme en faveur des enfants des familles les plus démunies (souvent monoparentales). Les Verts plaident aussi pour une société visant à l'égalité des sexes.

Joschka Fischer Ancien agitateur d'extrême gauche devenu ministre des affaires étrangères Né en 1948 , autodidacte qui suit  les cours d'Adorno et d'Habermas. Dans les années 1970, libraire à Francfort, il participe à  toutes les manifestations d'extrême gauche. En 1982, il rejette la violence, et entre au nouveau  parti des Verts, où il se montre "réaliste"et favorable à une écologie pragmatique. En 1985, Joschka Fischer est le premier écologiste à détenir dans le Land de Hesse,un portefeuille ministériel régional, à l'environnement et à l'énergie. Ce coureur de marathon prêtera serment en baskets.

 Elu au Bundestag depuis 1982, il est aussi chef du groupe parlementaire des Verts.  La coalition formée avec le SPD en 1998 permet à M. Fischer d'accéder au poste de ministre fédéral des affaires étrangères.  

 

CDU Christlich-Demokratische Union (Union chrétienne-démocrate) Au pouvoir de 1949 à 1969 puis de 1982 à 1998, la CDU a dominé la vie politique allemande d'après guerre. En partie héritière du Centre catholique de la République de Weimar (1918-1933), la CDU s'appuie sur une double référence religieuse (catholique) et économique (le libéralisme). Son fondateur, Konrad Adenauer, premier chancelier de la RFA en 1949, mène avec succès pendant  quatorze ans  une politique d'intégration de l'Allemagne dans l'Europe occidentale et de reconquête de ses droits sur le plan international. Il obtint le droit d'avoir une armée (la Bundeswehr) et l'entrée de son pays au sein de l'OTAN, en 1955.

Autre figure de la CDU, Helmut Kohl (chancelier de 1982 à 1998 ) est l'artisan de la réunification en 1990. Dans l'opposition depuis sa défaite de 1998, la CDU est dirigée depuis par Angela Merkel. Pour les législatives de 2002, les partis d'Union chrétienne (CDU et CSU d'Edmund Stoiber, en Bavière) s'engagent pour la première fois avec un programme commun. Ils visent un score minimum de 40 % en proposant de faire passer le taux maximal d'imposition, les charges sociales et la part des dépenses publiques en dessous de la barre des 40 %.

Edmund Stoiber, ministre-président de Bavière,serait le  premier chancelier bavarois de l'histoire de la RFA. En 1988, il obtient le portefeuille de l'intérieur et met en garde contre "une société multinationale sur le sol allemand". En 1993, il est élu ministre-président de Bavière. En 1999, il préside la CSU et en janvier 2002, la présidente de la CDU renonce à sa candidature à son profit. Stoiber s'est prononcé contre l'Europe, le contrat de mariage homosexuel, l'immigration, l'abandon du nucléaire.

FDP Freie Demokratische Partei (Parti libéral) Fondé en 1948, le parti,  résulte d'une fusion des partis libéraux des trois secteurs d'occupation occidentale. Depuis 1949, le FDP a participé à presque tous les gouvernements de coalition, avec le SPD ou la CDU-CSU. Dans l'opposition depuis les élections de 1998, le FDP est déjà remonté à 11 % des intentions de vote (contre 6,2 % aux précédentes législatives de 1998). Parti "d'intellectuels" , son programme libéral classique propose des baisses d'impôts  importantes, une réduction à 12 mois de la durée des indemnités de chômage (contre 32 mois à l'heure actuelle) ou la quasi-suppression des conventions collectives. Il souhaite également supprimer le service militaire. Il mise sur des valeurs fondamentales : la promotion des petites et moyennes entreprises comme moteur de l'emploi, l'éducation nationale en favorisant l'émulation entre les universités.

Pour Guido Westerwelle, son président, le FDP est "l'alternative propre et non compromise" aux deux grands partis chrétien-démocrate et social-démocrate "salis" par une série de scandales. Guido Westerwelle est candidat dans la course à la chancellerie.  Avocat de 41 ans qui a le sens du spectacle, habitué des plateaux de télévision,  Voulant réunir 18 % de l'électorat, il  se présente comme le prototype du jeune politique, dynamique.  

 

PDS  Partei des Demokratischen Sozialismus (Parti communiste)

Héritier du SED, l'ancien Parti communiste de la RDA (République démocratique allemande), le PDS, qui comptait 90 000 membres en 2001, doit s'inventer une identité et une cohérence. Constitué de militants majoritairement est-allemands et souvent en difficulté sociale, dirigé par des cadres âgés dont le parcours politique se déroula principalement sous la RDA, représenté par des élus qui souhaitent de plus en plus accéder à des responsabilités publiques nouvelles, le Parti du socialisme démocratique s'appuie en même temps sur un électorat majoritairement jeune, voire proche des milieux alternatifs. La tendance moderniste va jusqu'à envisager les conditions d'une alliance avec le SPD au pouvoir. La base, quant à elle, milite pour le rejet d'un système politico-économique dont elle souffre gravement depuis la réunification. Comme chez les Verts, dans un PDS revendiquant une culture pacifiste, le thème de l'intervention militaire extérieure est depuis longtemps une source de dissensions internes fortes. Depuis octobre 2000, le parti est présidé par Gabriele Zimmer, proche des modernistes.

L'avocat Gregor Gysi, le plus talentueux des politiciens venus de l'ex-RDA, est régulièrement réélu par ceux qui estiment que l'Est a moins été réunifié à l'Ouest qu'il n'a été avalé. Il aurait dû être le candidat du PDS aux élections, mais touché par un scandale, il a démissionné de son poste de député et de sénateur à l'économie de Berlin. Le parti propose un quatuor "moderniste". Gabi Zimmer, née en 1955 à Berlin-Est, a régulièrement été élue au Parlement de Thuringe (ex-RDA), avant d'être nommée présidente du PDS, en octobre 2000.

Roland Claus est président du groupe au Bundestag, où il a été élu en 1998. Né en 1954 en Saxe-Anhalt (ex-RDA), cet ingénieur en économie a fait toute sa carrière politique dans son Land d'origine. Petra Paw est née en 1963 à Berlin-Est. Diplômée en sciences sociales, elle est régulièrement élue à la présidence de la section berlinoise du parti. En 1998, élue au Bundestag, elle devient vice-présidente de la fraction PDS. Dietmar Bartsch est également né à l'Est en 1958. En mai 1990, il obtient un doctorat d'économie à Moscou. Il est entré au Bundestag lors des dernières législatives

 

  RESULTATS

Au soir du 22 septembre, les deux partis SPD et CDU sont presque à égalité.

Les Verts obtiennent un succès remarqué avec 8% , ce qui assure la majorité ((306 contre 295, soit 11 sièges) à la coalition Rouge-Vert (environ 8000 voix de plus)

Le parti libéral obtient 7% , ce qui ne lui permet pas de jouer au profit de la CDU son rôle traditionnel de "faiseur de roi".

Le PDS (ex-parti communiste ) est éliminé du débat. Ce qui est un signe de la "normalisation" de la vie politique dans l'ancienne Allemagne de l'Est.

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