On sort de la lecture de La France qui tombe de Nicolas BAVEREZ comme étourdi. En 134 pages serrées, l'auteur recense de manière implacable les occasions ratées, les réformes oubliées, un quart de siècle de mensonges, de lâchetés, d'impuissance politique, de démagogie qui ont précipité notre pays dans la spirale du déclin. L'air est connu, mais il a rarement été joué avec autant de force. Cette chute inexorable s'explique avant tout par un "immobilisme politique, économique, social mais aussi intellectuel et moral", entretenu par des dirigeants "autistes, rivés aux modèles des années 60 et 70 (.). Avec pour conséquences une montée des extrémismes, la crise des institutions et de l'État, l'enfermement dans la croissance molle, le chômage de masse". Excessif ? Si Nicolas BAVEREZ semble parfois se complaire dans l'accumulation de mauvaises nouvelles, il reconnaît que la France possède quelques atouts : une démographie moins sinistrée qu'ailleurs, une main-d'ouvre formée, des infrastructures de bon niveau. Mieux, contrairement à ce que beaucoup affirment, la réforme n'est pas impossible en France. Notre pays manquerait seulement de dirigeants courageux. Alors que le 21 avril imposait une politique audacieuse, le Premier ministre (surnommé "Raffarien", il y a un an, par l'auteur) aurait opté pour un réformisme de façade. Nicolas BAVEREZ, qui accuse la droite au pouvoir de "dilapider une situation politique exceptionnelle", se prend à rêver d'un sursaut de type 1958, "exemple de thérapie de choc engagée dans le respect de la paix civile". Reste à trouver l'homme providentiel. Dommage, l'auteur ne suggère aucun nom.
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