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Gueule de bois

Déroute du PS dans le Sud-Est : Collomb en profite pour taper…

8 juin 2009 à 17h57
Au soir d’une défaite magistrale d’un Parti socialiste qui n’a pas su convaincre ses électeurs, notamment par un discours cacophonique sur les méthodes de désignation et sur les candidats retenus, Gérard Collomb accable le Parti socialiste et essaie de se placer pour la présidentielle de 2012 !

Les commentaires de Gérard Collomb sur son blog sont tout à fait symptomatiques de sa démarche. Au moment même où leur défaite cuisante est analysée par beaucoup de responsables du Parti socialiste comme nécessitant une unité et une politique plus affirmées, il prend l’exact contre-pied.

Une défaite prévisible ! titre-t-il, non sans humour (puisqu’il a œuvré pour)

Il n’est rien de tel que de participer à une défaite, activement, pour ensuite dire : « la défaite était prévisible ». Les résultats sur la circonscription Sud-Est le prouvent amplement, puisque c’est justement une des circonscriptions qui tirent les résultats du Parti socialiste vers le bas, avec le deuxième plus mauvais score en France.

Bien sûr : il avait très amplement participé à mettre en œuvre l’échec. Entre le battage médiatique, destiné avant tout à imposer Thierry Philip à la place de Vincent Peillon (qui, il faut l’avouer, a très adroitement commencé sa campagne en déclarant qu’il allait dans le sud-est à regret !), la prestation chez Ruquier où il crachait sur le PS (« le programme est à écrire »), Collomb a fait son maximum !

« Les résultats obtenus par le PS confirment, hélas, ce que j’ai répété pendant des mois. » Comment très habilement retourner le problème : ce n’est pas parce que pendant des mois j’ai tapé sur le Parti socialiste qu’il perd, mais il a perdu et j’ai donc eu raison de taper dessus ! Ah, la méthode Coué…

« Ni le discours du PS, tentant, à chaque instant, de concilier des lignes politiques contradictoires… » . C’est le seul point sur lequel son analyse est relativement juste. En effet, c’est une maladie récurrente au Parti socialiste que de vouloir concilier des lignes politiques qui finissent par devenir contradictoires : pour ou contre l’alliance avec le MoDem (vu son score, ça ne va peut-être plus trop être d’actualité…), ancrage plus au centre ou ancrage plus à gauche, ce sont des points que le Parti socialiste évite de régler (par peur d’implosion), et qui lui nuisent !

« …, ni la méthode bureaucratique retenue pour choisir nos candidats ne pouvaient nous conduire à la victoire. » Toujours l’humour très spécifique de Gérard Collomb, qui continue d’asséner un discours en complète contradiction avec ses actes ! En effet, il continue d’accuser la direction du Parti socialiste de désigner par le haut ses candidats et se place en parangon de la méthode démocratique, lui dont les militants ont découvert par voie de presse qu’il avait décidé que ce serait Thierry Philip le candidat, sans aucune consultation.

« Il est temps que le Parti socialiste se ressaisisse ! »

« Cela passe par la clarification de la ligne politique qui doit présenter le PS comme un parti de gouvernement capable de porter une alternative progressiste crédible plutôt que de se contenter d’une critique systématique. » Quand il déclare ça, il va de soi que la clarification à laquelle il pense va plutôt dans son sens. Par exemple, au lendemain de sa défaite, le Parti socialiste ferait appel à une personnalité extraordinaire et trop méconnue « qui l’avait bien dit » et qui se définit elle-même comme progressiste (sacré Collomb, progressiste… Ah, le progressisme de la bourgeoisie de la fin du XIXème siècle), ce serait quelque chose qui ne déplairait pas à Gérard Collomb…

« Cela passe aussi par un changement dans la méthode de gouvernance du PS. Le Parti de l’appareil a échoué. » C’est exact. Mais si cela doit être remplacé par le parti de l’appareil des élus locaux, les militants n’ont pas grand-chose à y gagner ! D’ailleurs, Gérard Collomb n’est-il pas exactement du « Parti de l’appareil » ? Va-t-il démissionner de ses très nombreux mandats et postes ?

« Celui des militants et des élus, de celles et ceux qui ont montré, au niveau de leurs villes, de leurs départements, de leurs régions leur capacité à remporter des victoires, doit aujourd’hui faire entendre sa voix. » C’est ça le vrai métier d’un élu local : avoir cette petite pointe d’humour qui permet de tenir, l’œil clair, le ton convaincu, un double langage parfait. Et qui lui permet de se mettre tranquillement en avant, tout en affirmant être le représentant des militants, qu’il passe son temps à sortir de ses listes, qu’il ne consulte jamais pour les établir et auxquels il ne donne le droit de voter que dans des scrutins où toute concurrence est éliminée par avance, par des méthodes que ne renierait pas la mafia… D’ailleurs, parce qu’il est minoritaire dans le conseil fédéral du Rhône, celui-ci ne s’est pas réuni depuis plus de 6 mois, l’homme de paille de Collomb, Jacky Darne, naviguant à vue…

« Le changement est urgent ! »

Vite, appelez-moi ! serait une traduction assez littérale de cette courte phrase…

« Je n’entends pas accabler la direction ! » Ben voyons. Sortir cela à la fin d’un discours où il passe son temps, justement, à accabler la direction, si ça aussi ce n’est pas une preuve de l’humour acidulé de Gérard Collomb…

« Je dis seulement à Martine Aubry que nous devons très vite changer de cap ! » Et après tout ça, il ne laisse même pas son numéro de portable pour que Martine Aubry puisse le rappeler au plus vite ! Gageons qu’il pensera à le faire mardi prochain au conseil national…

Conclusion

C’est impressionnant. Les scandales se font de plus en plus nombreux et leur dénonciation de plus en plus virulente, sur les méthodes de Gérard Collomb à Lyon (méthodes à tout le moins paternalistes et montrant un manque d’éthique de plus en plus flagrant - le fils de Gérard Collomb employé par des services dépendants de l’élu Gérard Collomb, des collaborateurs et proches placés dans des entreprises privées bénéficiant de commandes juteuses dont GL Events et Keolis, etc…). Le score du Parti socialiste aux européennes semble plutôt montrer que les électeurs en ont assez d’un manque de clarté politique et des magouilles politiciennes. Et Gérard Collomb continue d’asséner sa méthode lyonnaise qui consiste justement à ne pas avoir de ligne politique (« pragmatisme » assène-t-il) et promouvoir le copinage et le mépris des militants !

Rappelons à Gérard Collomb que la politique lyonnaise, c’est comme l’andouillette, faut pas que ça sente trop la merde…

Et si Collomb veut se positionner comme alternative à Sarkozy, il devrait éviter d’être une sorte de Sarkozy de province…

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