« S’élever au-dessus de son parti pour défendre une certaine conception de l’intérêt général » : c’est ce que déclarait Gérard Collomb chez Ruquier samedi soir ! C’est très exactement ce qui lui est reproché par ses détracteurs : s’asseoir sur les règles de parti, désigner qui il veut, comme il veut, quand il veut, pour défendre une certaine conception de l’intérêt général. C’est-à-dire l’intérêt de ses amis, un intérêt généralement très particulier… « La politique, maintenant, c’est le "dire", mais rarement le "faire"… » disait-il, se plaçant dans le camp de ceux qui disent et font ! Alors que, comme le disent si justement, ses détracteurs qui se font de plus en plus entendre (et parmi eux la mairesse du 1er arrondissement de Lyon, Nathalie Perrin), ce qu’il dénonce (les listes faites en petit comité) est ce qu’il fait !
Tout d’abord, réglons un léger problème de parole tenue avec Thierry Philip. Celui qui vante ses valeurs ne doit pas compter la tenue de ses engagements. Parmi elles : « Thierry Philip … jure qu’il ne sera que maire du 3e. Il envisage même de démissionner de son poste de directeur du Centre Léon Bérard avant le terme de son contrat en 2009. A une exception près : “Si Collomb me propose d’être vice-président du Grand Lyon en charge de la propreté et de la voirie, je ne dirai pas non”. » Et il se présente aux européennes, et, à ma connaissance, n’a pas démissionné du Centre Léon Bérard…
Alors, Thierry Philip, dont je sais qu’il me lit puisque ses remarques me parviennent, nous expliquera-t-il la situation par rapport à ses promesses ? Ensuite, Nathalie Perrin, la bonne surprise de cette semaine, une fenotte qui tient la mairie du 1er, a semble-t-il été touchée par l’esprit des canuts encore présent là où la révolte a eu lieu ! Alors qu’elle a été un « bébé Collomb » qui l’a totalement lancée en politique, elle s’est mise à penser par elle-même depuis trois ans, et plutôt bien. En s’exprimant sur la position de Collomb sur les listes aux européennes, Nathalie Perrin vient de donner une leçon de courage à bien de ces messieurs, qui râlent contre les manières de Collomb, mais n’osent rien dire de peur de s’attirer ses foudres…
Nathalie Perrin déclare dans Libélyon et Lyon Cap : « Au printemps, lorsqu’elle a rejoint Bertrand Delanoë, elle aurait subi, comme d’autres élus lyonnais, les foudres du maire. Il considérait leurs ralliements comme des trahisons. « Il m’a personnellement menacée de représailles, raconte Nathalie Perrin. Cela s’est passé dans son bureau. Il m’a dit « Je vais te tuer politiquement. Tous tes dossiers d’arrondissement, je vais les planter. » Alors aujourd’hui, ses leçons de démocratie ont du mal à passer. » »
Voilà, ainsi que je l’avais déjà dénoncé, la façon dont se passent les choses à Lyon. Et ne nous leurrons pas, tous les élus et collaborateurs de Lyon et sa région vont devoir signer la pétition Collomb, ou le payer très cher ! Quant aux malheureux électeurs et citoyens qui sont alors pris en otage… Sur Lyon, il ne faut pas questionner bien longtemps les élus socialistes pour que soient racontés des souvenirs de convocation dans des bureaux où ils se sont retrouvés face à un « Tu signes le soutien à… ou ta lettre de démission. » On comprend mieux pourquoi les élus et les cabinets soutiennent les démarches.
Voilà, ainsi que je l’avais déjà dénoncé, la façon dont se passent les choses à Lyon. Et ne nous leurrons pas, tous les élus et collaborateurs de Lyon et sa région vont devoir signer la pétition Collomb, ou le payer très cher ! Quant aux malheureux électeurs et citoyens qui sont alors pris en otage… tant pis pour eux ! Ce ne sont pas leurs intérêts qui semblent les plus importants… Sur Lyon, il ne faut pas questionner bien longtemps les élus socialistes pour que soient racontés des souvenirs de convocation dans des bureaux où ils se sont retrouvés face à un « Tu signes le soutien à… ou ta lettre de démission. » On comprend mieux pourquoi les élus et les cabinets soutiennent les démarches des barons.
Encore une fois, c’est une stratégie que Collomb risque de payer cher, parce que cela lui crée plus d’ennemis que d’amis… Et comme il se met lui-même sous les feux de la rampe, il ne faudra pas qu’il s’étonne que tout soit mis en pleine lumière…
Et, si sur le fond, ce que Collomb dit n’est pas faux (les militants en ont marre de se voir imposer des listes, ça, c’est très vrai) il est un des moins bien placé pour le dire, puisque c’est sa méthode aussi ! Par exemple, les militants lyonnais ont découvert que Thierry Philip était celui que Collomb voulait en tête de liste dans les journaux en lisant le coup d’éclat de Collomb !
Décidément, Gérard Collomb porte cet humour lyonnais, grinçant et moqueur, à son plus haut niveau ! Je m’avoue un peu jaloux.
Mais Collomb a-t-il le choix ? Peut-il laisser paraître en pleine lumière qu’il perd son pouvoir et son influence ? En tout état de cause, il semble bien qu’il ait échoué, puisque la direction du PS reste campée sur ses positions. Reste le vote des militants le 12 mars. Si le vote est majoritairement contre, alors les listes seront retoquées. Mais il faudrait une majorité de contre sur tout le sud-est, alors qu’elle n’est déjà pas assurée sur Lyon et le Rhône, et que Guerini va pousser sa fédération marseillaise (qui pèse beaucoup plus que le Rhône) à aller dans le sens de cette liste puisqu’il part que c’est lui qui a poussé à ce que Peillon soit tête de liste. Autant dire que ce n’est pas gagné d’avance !