En campagne
Ce qu’il y aura eu de drôle dans cette campagne électorale des européennes, c’est que certains militants n’ont jamais été aussi assidus dans une campagne.
On pourrait être heureux de voir la prise de conscience de l’importance du Conseil de l’Europe sur le devenir de nos pays, mais il était hélas bien plus évident de reconnaître la perspective des élections régionales à venir. En effet, participer fortement actuellement aux européennes est le calcul que font beaucoup de gens qui ont des prétentions à devenir élus régionaux (ou collaborateurs d’élus !) pour se mettre en avant et augmenter considérablement leurs chances. Encore une fois, à ce bal des cocus, beaucoup partiront déçus et comprendront, mais un peu tard, que tout élu vit aux dépens de ceux qui y ont cru…
D’autant plus que, en Rhône-Alpes en tout cas, les derniers équilibres du Congrès vont rendre la donne beaucoup plus compliquée, et donc les jeux de pouvoir beaucoup plus saignants : les sortants, majoritairement pro-ségolénistes, vont devoir se contenter d’une faible part des postes, correspondant à leur score au dernier Congrès.
Ce qui va laisser très peu de place dans beaucoup de départements aux sortants, tandis que beaucoup de gens piaffent d’impatience pour prendre enfin leur chance et leur tour. C’est ainsi que l’on se rend compte que les jeux sont déjà pratiquement faits dans beaucoup de départements pour les listes sur les régionales, même si peu de militants le savent déjà au sein de ce Parti socialiste, où le jeu du miroir aux alouettes reste un sport national.
Et pourtant, dans ce parti, n’importe quel observateur attentif aurait déjà vu ce qui pourtant est une évidence : bien travailler, être compétent, ne permettra jamais à quiconque d’obtenir un poste.
En effet, si tel était le cas, quand un député, par exemple européen, ne se représente pas, logiquement ce devrait être son assistant parlementaire qui devrait prendre la main, quand il a bien fait son travail et en a les capacités. Il connaît parfaitement les dossiers, a largement pu se former et devrait éminemment être efficace. Que nenni !
Prenons l’exemple de Jérôme Maleski, qui vient de terminer de mandat avec Martine Roure. Premier adjoint de la mairie du troisième arrondissement aux côtés de Thierry Philip, il n’a pas eu l’ombre d’une chance d’être désigné comme candidat !
En effet, Thierry Philip, dont on aurait pu s’attendre à ce qu’ils soutiennent, justement, Jérôme Maleski pour être le candidat, a de loin préféré essayer de se faire attribuer une place juteuse, probablement en prévoyant d’utiliser Maleski pour qu’il continue à faire le travail. Et comment Maleski aurait-il pu se porter candidat sans être adoubé, sans risque de perdre ses mandats ?
C’est ça, la gestion des compétences, et la juste répartition des tâches dans le Parti socialiste.