Lyon
La nouvelle est tombée le 21 décembre. Sylvain Auvray, l’un des plus fidèles lieutenants de Gérard Collomb, et son actuel directeur de cabinet, quitte Lyon pour l’Aquitaine, où il prendra ses fonctions de directeur de cabinet à la région. Si, pour lui, c’est une promotion, c’est par contre un très mauvais signal sur la situation de Collomb à Lyon.
En effet, Sylvain Auvray n’était pas seulement un directeur de cabinet. C’était le messager de Collomb dans toutes ses relations avec le parti socialiste lyonnais. C’était Sylvain Auvray qui gérait l’établissement des listes aux municipales, c’était Sylvain Auvray qui était le porte-parole de Collomb au niveau de toutes les négociations sur toutes les listes, dès que le cela concernait une élection sur Lyon.
C’était l’homme de l’ombre, mais aussi l’homme de pouvoir sur ces élections. En effet, quand il parlait, c’était toujours au nom de Collomb, même s’il était de plus en plus soupçonné de très souvent manipuler ses interlocuteurs pour « faire passer » certaines de ses magouilles personnelles sur le compte de son patron tout-puissant. Lors des négociations sur les municipales, il s’était d’ailleurs montré pugnace, intraitable, et très inégal, allant même jusqu’à renier parfois sa propre parole. Mais le tandem qu’il formait avec Collomb était tellement solide que rien ne pouvait l’entamer.
C’était aussi un des "tueurs" de Collomb : quand il voulait "punir" ou se débarrasser de quelqu’un de trop remuant ou d’encombrant, Auvray s’en chargeait, le plus souvent lors des négociations… Plus de militants et d’élus qu’on ne le pense ont eu à subir les coups d’Auvray, parfois des mois ou des années plus tard…
Gérard Collomb aura donc énormément de mal à remplacer Sylvain Auvray, qui avait une connaissance parfaite de ses interlocuteurs, connaissait l’historique de ses relations, savait mieux que quiconque comment faire plier les uns et les autres, ceux qui lui devaient quelque chose, ceux qui étaient prêt à se vendre et à trahir, ceux qui avaient trahis en secret…
Bien sûr, Sylvain Auvray s’était créé de lourdes inimitiés à mettre autant de bonne volonté à participer à ces magouilles, voire les initier. Bien sûr, Sylvain Auvray, par ses manières de faire, a créé des inimitiés lourdes envers son patron.
Il avait déjà été tenté de quitter le service de Collomb pour un poste de directeur de la sa nouvelle, société mixte d’habitation, le pendant de l’OPAC, juste après les municipales, mais l’état catastrophique de la sa nouvelle l’en a découragé.
Néanmoins, connaissant le comportement de ce cher Sylvain Auvray, si les Lyonnais sont soulagés, nos amis du PS de Bordeaux ne vont pas tarder à découvrir le triste sire qu’ils récupèrent. Pour donner une idée du degré de malfaisance qu’il avait su montrer, des témoignages qui peuvent paraître surprenants de Jean-Christophe Vincent (au cabinet à la Région, et autre homme de l’ombre), et de Romain Blachier (blogueur lyonnais, et sbire de Collomb), qui pourtant ont souvent été à ses côtés, disent clairement qu’ils ne sont pas mécontents de le voir s’en aller.
Reste pour Collomb à trouver un remplaçant à Sylvain Auvray, ce qui ne va pas être facile. Collomb a déjà annoncé qu’il ferait venir quelqu’un de l’extérieur. Voilà un calcul bien étonnant ! Quid de la connaissance du terrain et des hommes ?
A moins que, finalement, Collomb ne trouve chaussure à son pied du coté des (trop) nombreux second couteaux, toujours prêts à tout pour se hisser dans la hiérarchie. Mais en trouvera-t’il un bon, et en qiui il puisse avoir confiance ?
On peut surtout se demander si nous n’avons pas la encore une preuve de l’assainissement de Collomb dans le deuxième mandat est de plus en plus controversé, voire peu apprécié, et dont le nombre de potentielles futurs concurrents pour la mairie de Lyon ne cesse d’augmenter. Sacré Gérard, lui qui se voit déjà premier ministre, ferait probablement mieux de revenir vers ce qui est réellement à sa mesure, la gestion de Lyon. Peut-être devrait-il relire La grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf ?