Prenons tout d’abord le cas du Progrès. Ou plutôt, devrions-nous dire, le groupe « le progrès - TLM », TLM étant « Télé Lyon Métropole », la chaîne télé de Lyon. Voilà un groupe d’informations qui, au départ, n’était pas franchement favorable à Gérard Collomb. Pendant le début de son mandat, le Progrès était d’une neutralité discutable, voir un peu contre Gérard Collomb. Puis il y eut l’histoire du confluent. Dans ce nouveau quartier que Gérard Collomb est en train de faire bâtir derrière Perrache, le Progrès s’est installé. Il faut savoir qu’historiquement, ce journal était installé à Chassieu. Mais il semble qu’il a fait une formidable affaire : il a revendu au Grand Lyon sa propriété de Chassieu à un prix supérieur à celui du marché, et a pu acheter un terrain dans le nouveau quartier de Lyon à un prix inférieur à celui du marché. Le fait que le président du Grand Lyon soit aussi le maire de Lyon ne peut qu’être une coïncidence. Ceci étant, depuis lors, le Progrès est devenu bienveillant à l’égard de Gérard Collomb. Assurément les bénéfices de l’air de Lyon…
Prenons maintenant le cas de Lyon Capitale. Pour avoir osé critiquer un peu trop fortement au début de son premier mandat Gérard Collomb, Lyon Capitale s’est vue brusquement retirer toutes les publicités que la ville publiait dans ces colonnes. Ce qui a automatiquement enlevé une part substantielle des revenus de ce journal, qui, maladroitement, dépendait de ces publicités. Ceci étant les journalistes ont assez bien réagi, en alarmant la population. L’affaire a commencé à faire du bruit. Alors, le nouvel acquéreur de Lyon capitale (cela faisait près d’un an qu’il avait acheté le journal) qui côtoyait Collomb dans certains cercles, a brusquement décidé de licencier sa rédaction, et de fermer le journal. Attitude assez bizarre de la part d’un nouvel acquéreur. Mais la rédaction a décidé de réagir très fortement, en lançant une pétition contre cet état de choses. Et cette pétition a eu beaucoup de succès. Du coup, un des collaborateurs de Collomb, Olivier Lavinal, a servi de fusible, et Lyon capitale a fini par être repris par les journalistes eux-mêmes qui avaient été licenciés par l’ancien patron. Bien entendu, pendant un certain temps, Lyon capitale a été quelque peu critique vis-à-vis de Gérard Collomb, critiques qui ont été sanctionnées le jour de la réélection de Gérard Collomb par une gifle donnée en public par la femme de Collomb à un de ses journalistes, Raphaël Ruffié, dans la cour de l’hôtel de ville. Ce qui, ailleurs, aurait pu faire un scandale, s’est terminé par une simple lettre d’excuses envoyée dès le lendemain par Caroline Collomb à Raphaël Ruffié, qui par ailleurs avait été un de ses camarades de fac. Depuis Lyon capitale est devenu plus « calme » vis-à-vis de Gérard Collomb.
Enfin étudions le cas de Lyon Mag. Lyon Mag, ayant choisi dès le début un format différend des deux autres, en paraissant mensuellement, effectue des enquêtes plus en profondeur. Et était resté relativement épargné dans ses relations avec Gérard Collomb. Ceci étant, depuis la réélection de Gérard Collomb, Lyon Mag a enquêté plusieurs fois sur la mainmise des francs-maçons sur l’Hôtel de Ville. Par deux fois, des articles citaient quels adjoints étaient, où étaient soupçonnés, d’être des francs-maçons. Le bruit courait en effet qu’une majorité des adjoints étaient francs-maçons, voire qu’il fallait être francs-maçons pour être adjoint. Y a-t-il eu lien de cause à effet ? Toujours est-il que le patron de Fiducial à tout fait depuis un an pour mettre la main définitivement sur Lyon Mag, pour passer d’actionnaire minoritaire à actionnaire majoritaire. Et il vient d’y arriver, et aussitôt, Lyon Mag est en train d’éditer son dernier numéro. Bien sûr, Gérard Collomb est aux côtés de Lyon Mag, l’assurant de toute sympathique.
Décidément, il ne fait pas bon critiquer Gérard Collomb. Il y a par contre tout à gagner à être son ami. Mais un démocrate comme Gérard Collomb a, n’en doutons pas, forcément, à cœur de sauvegarder la liberté de la presse. Sinon, que penser des autres valeurs qu’il porte, si cette valeur là, primordiale, a été bafouée par lui ?