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L'anniversaire du malaise

27 octobre 2006 à 16h44
Les arbitres ont un sifflet mais pas de courage. L’inverse leur serait pourtant plus utile.

Tous les ans, c’est l’anniversaire du malaise. Celui des arbitres de foot. En 2006 comme avant, ils ont mal à leur métier et à leur corporation. Attaqués par les dirigeants, joueurs et entraîneurs, accusés d’incompétence, ils boudent ostensiblement et s’en prennent au protocole, refusant de le suivre et, donc, de serrer les mains de ceux qui les embêtent. Ainsi sont les arbitres : comme de bons surveillants généraux, ils ne manifestent leur mécontentement qu’à l’intérieur du cadre bien défini par le règlement. Ils ne prennent jamais le moindre risque et se contentent de gestes symboliques sans aucune portée concrète. Alors qu’il serait si simple de ne pas se présenter du tout au coup d’envoi et de démontrer par l’absurde et par l’action qu’ils sont tout simplement indispensables.

Une loi vient d’être votée afin de les protéger contre les incivilités. Elle assimile leur activité à une mission de service public, selon les termes employés par le vénéré ministre des Sports et de la Jeunesse, Jean-François Lamour. Comme quoi, dans la République de 2006, le service public est d’abord affaire de sifflet. Les voilà donc reconnus à leur juste valeur. Peu importe que cet emballage ne corresponde à rien et soit un signe supplémentaire de la déliquescence dudit service public et un pas de plus vers des jurys populaires munis de sifflets brésiliens qui rendront nos vies plus joyeuses. Les arbitres sont contents car adoubés par l’Etat. Il ne leur manque plus qu’un bon système d’échelons à l’ancienneté et leur vie sera un paradis.

Oui, les arbitres forment une corporation fatigante. Leurs revendications, leur combat, leurs valeurs sont justes, mais ce n’est pas pour cela qu’ils se plaignent. Ils geignent parce qu’ils voudraient être intouchables (ils n’ont qu’à faire Sciences-Po pour ça), parce qu’ils aimeraient l’impunité en échange de rien.

S’ils se battaient avec leurs armes plutôt que gémir dans les médias, ils seraient sans doute plus respectés. Evidemment, ça delmande du courage et de la prise de risque et pour ça, il n’y a aucun projet de loi du ministre sabreur Jean-François Lamour, qui veille sur la Jeunesse et sur les Sports.

Zidane, on s’en fout Gaullistes de la dernière heure ?
Mots clés : Football France Justice