La question, essentielle, du moment est : peut-on toucher à Zidane ? VSD la pose, anticipant la réponse et le procès qui va avec : non. Ben oui, quoi, non à la fin.
Sur le principe, on pourrait dire oui car la France est le pays des droits de l’homme qui a inventé la liberté, la culture, la francophonie, les arts de la table, les terroirs et les métiers bien de chez nous, l’ouverture d’esprit, l’ouverture en profondeur, la tolérance, le droit du sol, bref, tous les trucs qui font de la République un mieux-disant culturel, intellectuel, social, linguistique et gastronomique qui rend jaloux tous les autres. Y z’avaient qu’à inventer la liberté.
Bref, n’intellectualisons pas trop le propos, on a fait des études, mais on ne doit pas se sentir obligés de le montrer. Zidane, donc, il est touchable. On l’a bien vu depuis l’été où, mises à part quelques pathétiques leçons de morales poujadistes, il a été massacré par les médias. On rigole, on rigole.
Les médias, donc, n’ont pas massacré Zidane. Il n’y avait pas lieu, en même temps, parce qu’il a juste fait une erreur, une faute professionnelle éventuellement, à l’échelle de son métier, mais pas grand chose de plus. Bref, il s’est planté et c’est surtout très con pour lui ; plus que pour le pays en tout cas.
Il n’empêche, l’autre samedi, dans sa première émission qui ressemble à celles qu’il anime depuis vingt ans, Thierry Ardisson, provocateur certifié conforme par le CSA, rigolait avec Jamel Debouzze, expert en malaise social, sur ce qu’a dit cet « enculé de rital ». Ne soyons pas politiquement correct, mais heureusement que la finale de la Coupe du monde c’était pas France-Gabon.
Le truc, c’est que tout journaliste ou mediaman qui se respecte a envie d’être un « ami » de Zizou, même s’il ne l’a jamais approché. C’est ça le charisme. Alors, quand on prête à l’icône une liaison avec une people woman qui n’est pas sa femme, au lieu d’en sourire, on s’offusque et on analyse la sociologie du personnage et de l’admiration qu’il suscite. Et ben, justement, l’admiration que suscite Zidane, maintenant qu’il est retraité, elle est en chute libre.
À qui manque-t-il ? Aux passionnés de ballon ? Non, parce que c’est fini pour lui sur le terrain et c’est mieux comme ça. Aux passionnés de ballon qui se languissent de ses analyses ou prestations médiatiques ? Non, parce qu’il n’a rien à dire de passionnant comme le confirment les exclusivités visibles sur Canal Plus. Zidane est aujourd’hui une « marque déposée » qui ne produit plus ce pour quoi elle a été déposée : jouer au foot et, accessoirement, vendre un peu de rêve. Ce qu’il fait maintenant comme retraité trentenaire, franchement, on s’en cogne.
Rectifions quand même quelques contrevérités parues dans « VSD » : on a vu Zidane rouler en Porsche. À Madrid, lors de la sortie du Cayenne (le 4x4 de la marque allemande), il n’y avait que deux exemplaires chez le concessionnaire et un tirage au sort a été organisé avec Ronaldo pour savoir qui achèterait le gris, qui achèterait le noir. Par ailleurs, il se fringue en Armani ; certes en jeans souvent, mais en Armani. Ne faisons pas non plus de l’icône un bouffon qui fait ses courses chez Celio et roule en Scenic parce qu’il a gardé le goût des choses simples…