Un juge d’instruction de la République, un certain Jean-François Redonnet, que nous ne connaissons pas, ni Olivier, ni moi, fait 20 000 kilomètres (aller) depuis Tahiti pour enfin enquêter sur nos révélations sur le compte japonais : nous ne pouvons qu’en être fiers, certes.
Mais le sentiment est mélangé. Une certaine honte, vis-à-vis de nos confrères journalistes, nous étreint aussi. Le vespéral quotidien Le Monde, sous prétexte que son dernier directeur, Eric Fottorinno, « ne croit pas à l’existence de ce compte japonais de Jacques Chirac », dixit l’un de ses proches amis (mais au fait au nom de quoi ? de l’intime conviction ? la faute professionnelle la plus répandue chez les journalistes ?) réduit à une simple brève, l’article de son journaliste sur le sujet : c’est un mauvais signe pour notre profession. En privilégiant ses bonnes relations avec le pouvoir, présent et passé, le quotidien du soir creuse sa tombe. Et celle de l’information libre.
Gérard Davet, le journaliste du Monde, auteur du scoop sur la perquisition du juge Redonnet à la DGSE et chez l’avocat de Jacques Chirac, vendredi dernier, a du ravaler sa fierté et renoncer à publier son article in extenso dans les colonnes du quotidien du soir au profit du site Web du journal. Comme si les infos, les vraies étaient persona non grata sur le prestigieux papier et donc relégué, de ce fait, sur la Ligue 2 de l’info, à savoir le net. Un peu comme si l’on prenait les documents confidentiel-défense de la DGSE sur les éconocrocs du Chi au Japon pour une simple rumeur, façon SMS de Sarko à son Ex, Cécilia….