Une info significative que les grands investigateurs de la place, les Davet (Le Monde), Deléan (le JDD), Lhomme ,(Mediapart), Routier (Le Nouvel Obs), Gattegno (Le Point), ainsi que ceux qui figurent dans les agendas et les carnets d’Yves Bertrand et de son "parrain", l’ex Préfet de Police Philippe Massoni, ne reprendront sans doute pas : le Procureur de Tahiti, Jean Bianconi, qui depuis quelques années veille à enterrer les dossiers qui pourraient nuire à Flosse et à son protecteur Chirac, va quitter l’ensorceleuse et ensoleillée Polynésie. Pour le remplacer, le gouvernement Fillon a choisi un sarkoziste pur jus, Joel Thorel. On dirait que le vent tourne sur le lagon judiciaire !
Autant dire que le juge de Tahiti, Jean François Redonnet, qui enquète sur la disparition-assassinat de Jean Pascal Couraud, dit JPK, en 1997 (qui, apparemment, fut trop curieux des liens financiers entre Flosse et Chirac) aura les coudées franches. Ce soutien hiérarchique du nouveau Procureur est d’autant plus précieux que Redonnet se trouve à Paris depuis une dizaine de jours, épaulé par les meilleurs flics financiers de la place. On sait qu’il est venu interroger la garde rapprochée chiraquienne, celle qui a eu à connaître de l’existence du fameux compte japonais ainsi que quelques barbouzes qui au sein de la Dgse ont mené des enquètes sur la Tokyo Sowa Bank, l’établissement de l’ami gangrené de Chirac, monsieur Osada.
Autant de préliminaires avant la convocation de Chirac qui devrait intervenir d’un jour à l’autre, du moins à croire les informations du Canard, publiées voici deux semaines et guère reprises par la presse. A savoir : « Le juge Redonnet va donc entendre prochainement Chirac sur ce sujet délicat (…) Ce sont deux vieilles connaissances. Le 6 juin dernier, après avoir effectué une descente dans les locaux de la Dgse, le magistrat s’était rendu chez l’avocat de l’ancien président. Il y avait saisi le certificat d’un établissement bancaire nippon attestant que Chirac n’y disposait pas de compte à son nom. Apparemment, le juge ne s’en satisfaisait pas… »
Ce qui est amusant, c’est de découvrir le dernier quarteron des journalsites amis de Chirac qui s’emploient à diffuser l’idée que jamais l’ancien Président ne sera convoqué par le juge de Tahiti. Et qu’il n’a dailleurs rien à se reprocher.
Dans le JDD, Michel Deléon dresse un portrait émouvant de l’ancien Président « souriant », « belle allure et du tonus à revendre », « ferme et la voix assurée » , « hôte affable et attentif », « l’armure est là, encore solide »…Pour conclure qu’il va sans doute échapper à une audition dans l’affaire de la disparition du journaliste Jean Pascal Couraud. Lequel Couraud, apprenait on dans le même journal, la semaine dernière, se serait suicidé après un chagrin d’amour ! Elégant !
Rappelons pourtant que lors d’un premier séjour, voici un an, le magistrat Redonnet a perquisitionné à la Dgse, pour y trouver les documents attestant de l’existence du fameux compte (dont certains ont été publiés dans notre livre, l’incroyable histoire du compte japonais de Jacques Chirac).
Le même a interrogé le général Rondot et le juge Flam, en première ligne l’un et l’autre dans la découverte par les services français du compte japonais. Enfin, le juge a convoqué l’avocat de Chirac, Jean Veil. Lequel Jean Veil, depuis, explique à ses confrères du Palais qu’il va y avoir, dans ce dossier de Tahiti, du sang sur les murs. Sur le mode : mon client devrait me payer mes honoraires, il risque d’avoir besoin de moi !
Souvenons nous aussi que les flics financiers de Naterre ont fait deux fois le voyage de Tahiti. Ce qui, en ces temps de disette budgétaire, est un signe fort de l’intérèt de la Chancellerie pour ce dossier.
Rappelons enfin que le juge de Tahiti, à nouveau à Paris depuis le début février, a interrogé Dominique de Villepin, puis s’est fait diablement discret ces derniers jours pour poursuivre, toujours à Paris, des interrogatoires sensibles. Dont, sans doute, celui de Jacques Chirac, quitte à déplaire aux journalistes d’investigation du JDD, un excellent hebdomadaire qu’on a connu mieux informé.