L’Equipe a annoncé la couleur, dimanche matin. Au café, on se réchauffe. Dans la soirée doit avoir lieu le sommet du championnat de France de football, Lyon-Marseille. « À déguster bouillant ». Sauf qu’il n’y a que le café qui risque de brûler. Dans le quotidien du sport et de l’automobile 4 pages sur l’événement. Une interview fadasse de Karim Benzema, la star lyonnaise du championnat, mené de brosse de maître par Vincent Duluc.
« Cela vous surprend de n’être pas mieux protégé à 20 ans », « tout ce qui vous arrive à vingt ans justement un très gros salaire, la reconnaissance, c’est peut-être difficile à gérer »… Et le reste à l’avenant. Bref l’odeur du soufre n’est pas franchement perceptible. La double page, « tout ce qu’ils disent les uns des autres » allèche le lecteur. Les joueurs marseillais et lyonnais se jugent. Et rivalisent dans l’envoi de fleurs. Adieu déclarations enflammés d’avant-match, guerre psychologique ou petits tackles par presse interposée. Loin du début des années 90, quand Parisiens et Marseillais s’invectivaient et se promettaient l’enfer. Ou même du début des années 2000, quand les footballeurs de la capitale et de la plus belle ville du monde se chauffaient dans les colonnes de l’Equipe, du Parisien, ou de La Provence.
Tant pis, promis le foot a changé. Et le spectacle sera sur le terrain…Pour un « Olimpico » de haut vol ! Canal, jamais à court d’idées, a dégotté cette jolie appellation pour désigner le match qui oppose l’Olympique Lyonnais à l’Olympique de Marseille. Comme s’il n’y avait pas un seul Olympique en France.
Et les gentils présentateurs de la chaîne cryptée de claironner tout au long de la première mi-temps, que « jamais un Lyon Marseille ne s’est soldée par un 0-0 ». Raté.
Alors dans un match fort pauvre, tant en intensité qu’en action de buts. Sans passion ni électricité que reste-t-il ? Les commentateurs dont on attend les perles. Grégoire Margotton s’extasie devant « l’intelligence (tactique, Ndr) de Taye Taiwo ». De mémoire de supporter marseillais, jamais quelqu’un n’avait osé une telle analyse sur le joueur nigérian, fort bon bourrin mais dont le sens du jeu a toujours paru limité. Puis viennent les merveilleuses statistiques, dont l’indispensable « intensité de course ». Le pourcentage de courses intenses d’un joueur durant les 90 minutes de jeu. Diantre c’est qu’il faut meubler un match où aucune occasion ne fait frémir le public, ni les présentateurs.
Heureusement Gerets, le coach marseillais, fait le spectacle. Un concentré de blagues belges. D’abord l’entrée de Mamadou Samassa, grand échalas venu du Mans aux contrôles gros comme long comme un apéro dans le Quartier du Panier, et dont nul n’a encore vraiment entendu le recrutement. Puis l’entrée de Modeste Mbami, successeur au moins capillaire de Djibril Cissé dans le club…Une sorte de tourbillon assez ras de couleur.
Et un bon mot au moment de l’entrée du milieu défensif camerounais, à la 80e minute. « Ah Gerets veut fermer le jeu », lance « l’homme de terrain » de Canal+ Laurent Paganelli, dit « Paga ». « Ah parce que tu trouves qu’il a été ouvert le match », le coupe l’ancien champion du monde Christophe Dugarry.
Au moins, la purge a été générale. Du spectateur au présentateur. Sauf pour une personne. Santos Mirasierra. Condamné à trois an et demi de prison en Espagne et libéré sous caution mardi, le leader des Ultras marseillais était de retour parmi les siens.