"Interception", le magazine de grand reportage de la rédaction de France Inter vient de se voir attribué le prix de l’enquête que décerne , chaque année, le CFJ, l’école de journalisme de Paris. L’émission récompensée, « Des requins en eaux troubles, contre-enquête sur l’Affaire JPK », diffusée le 16 décembre 2007, était signé par Benoit Collombat. Le jury, auquel a participé l’auteur de ces lignes, était présidé par le flamboyant Franz Olivier Giesbert, l’incontournable patron du Point. Lequel, un jour, à un de ses collègues et amis qui s’étonnait de son énième retournement de veste, avait répondu : "Mais, je n’y peux rien, c’est plus fort que moi, je suis une pute".
Et FOG, en récompensant cette émission, montre une nouvelle fois sa versatilité. Sur quoi porte l’émission de Benoit Collombat ? Et bien, ce journaliste fut un des rares à avoir eu la curiosité d’enquèter sur la disparition d’un confrère de Tahiti, Jean Philippe Couraud.
Journaliste d’investigation en Polynésie française, Jean-Pascal Couraud - JPK - a disparu dans la nuit du 15 au 16 décembre 1997 dans des conditions mystérieuses. Il enquètait, entre autres, sur les petites économies de Flosse et Chirac au Japon. Son corps n’a jamais été retrouvé. Sa famille a déposé plainte en 2004 pour assassinat. Enquête, lenteurs, la vérité judiciaire semble avoir bien du mal à émerger… Benoît Collombat a enquêté et apporté de nouvelles pièces à « l’Affaire JPK ».
Ce sujet, en dehors de Olivier Toscer et moi, n’avait guère intéressé grand monde. Et surtout pas FOG, qui, lors de la publication de notre livre, était monté au créneau pour affirmer haut et fort que ce compte japonais n’avait jamais existé. Ce qui a peut etre existé, avait-il expliqué à l’époque, c’est un vague compte, où Chirac aurait déposé le pécule que lui attribuait la Fondation du prix Praemium Imperiale pour sa participation au jury entre 1989 et 1995 Or cette thèse est celle qu’ont toujours distillée habilement les proches de Chirac aux journalistes amis pour prévenir toute enquète sur le sujet. " C’est vrai, ont toujours allégué ces belles âmes, il y a une rumeur sur un compte Chirac au Japon, parceque Chirac recevait 100000 dollars, chaque années, de la Fondation du prix et le déposait dans un établissement". Et FOG n’a pas hésité à reprendre cette fable. Ou à laisser Hervé Gattegno, ce "grand de la profession", comme le décrit Yves Bertrand dans son dernier livre, qui n’a pas hésité, ces deux dernières années, à défendre la réputation de Chirac dans le Point, notamment au moment de la publication de notre livre.
Le vent de l’histoire change. Voici FOG qui récompense les enquètes d’un excellent journaliste sur les affaires tahitiennes et japonaises de Chirac qui éclairent la disparition, un jour de 1997, d’un journaliste courageux.
Le prix international de l’enquête, créé en 2006 par le Centre de formation des journalistes (CFJ) et le groupe Caisse d’Epargne, a pour vocation de faire découvrir, d’encourager de jeunes talents journalistiques et de les promouvoir sur le plans national et international. Trois prix sont décernés chaque année récompensant le meilleur travail d’enquête portant à la connaissance du public un travail original dans les catégories presse écrite, radio et télévision.
L’émission sera rediffusée le dimanche 2 novembre à 9 heures sur France Inter.