Gérard Collomb est très réputé pour passer un minimum de temps au Sénat. Sa femme elle-même, maladroite, en avait plaisanté, disant qu’elle ne craignait pas qu’il la trompe lors de ses séjours au Sénat vu qu’il n’y allait pas…
Et pourtant, depuis le début de l’année, il a pris le temps d’aller deux fois s’y exprimer, à chaque fois en compagnie de son grand ami Michel Mercier. Michel Mercier, dont un humoriste Lyonnais disait qu’il avait le nom d’une actrice (Angélique) et le physique d’un garçon boucher, est le président Modem du conseil général.
La première fois, il s’agissait pour Collomb et Mercier de défendre le projet de grand stade de l’OL, qu’Aulas (président de l’OL) veut bâtir à Décines, et dont les élus UMP des environs ne veulent pas. Décines est à 30 min de Lyon en tramway (qui n’a pas une capacité de flux suffisante) comme en voiture (voix d’accès, parking à créer), alors qu’actuellement l’OL joue à Gerland, en plein Lyon, avec une ligne de métro qui a été crée spécifiquement (et coûteusement) pour ce stade. Il faut reconnaître que cela nécessiterait des investissements lourds de la part des collectivités, qui seraient obligées de créer des transports en commun pour desservir correctement l’endroit, de nouvelles routes, et finiraient par investir, selon différents projets, pratiquement autant que l’investisseur privé !
Les collectivités locales qui aident une petite entreprise (Aulas est tout de même la 13e fortune lyonnaise), c’est déjà cocasse. Mais que ce soit le PS qui défende ce projet et l’UMP qui le combatte, là, on rentre dans le grand Guignol ! Il faut rappeller que Richard Brum, adjoint aux finances de Collomb, est aussi l’avocat d’affaire d’Aulas et de l’OL… Mélange des genres, voilà le secret de la savoureuse cuisine lyonnaise !
Et, dernièrement, Mercier et Collomb se trouvent d’accord lors des débats sur la réforme Balladur, pour que le Grand Lyon et le Conseil Général ne fassent plus doublon, et donc que là où le Grand Lyon est, le Conseil Général ne soit plus. Mercier qui, volontairement, fait passer le nombre de citoyens du conseil général de 1 300 000 personnes à 400 000, il faut quand même reconnaître que c’est assez original. Mais on peut aussi considérer que c’est là faire preuve, justement, d’une vision pour une fois désintéressée de la politique.
En même temps, Mercier a annoncé il y a un an qu’il se retirerait de son mandat de conseiller général en 2009, alors…
Par contre, ce qui est diablement intéressant, c’est de voir les raisons pour lesquelles Collomb va au Sénat : défendre des intérêts privés d’une part, et débattre sur les collectivités locales d’autre part. Encore une vision très large de la politique lyonnaise, lui qui au dernier congrès du parti socialiste défendait la vision lyonnaise de la politique. Il risque de finir par faire croire que sa vision lyonnaise de la politique n’est tout simplement qu’une vision très localiste, gestionnaire, de la politique.
Autre point très intéressant, ce rapprochement constant entre Mercier et Collomb est à rapprocher des propos de Gérard Collomb sur sa volonté d’éventuellement reprendre sa liberté par rapport au parti socialiste. Ce n’est un secret pour personne que Lyon est une ville centriste, et si certains ont la tentation de Venise, il semble bien que Collomb ait la tentation du Modem…