Jacques Chirac ne paraît pas devoir être inquiété dans le dossier Clearstream, tant les juges d’Huy et Pons ont pataugé lamentablement durant toute leur instruction. Les nombreux indices qui auraient dû les conduire à pousser leurs investigations sur le rôle d’ Yves Bertrand, l’ex patron chirquien des RG, ont été jetés aux oubliettes. Même Dominique de Villepin pourrait échapper à un renvoi devant le tribunal. On a assisté, début juillet, à une réconciliation d’opérette entre Nicolas Sarkozy et l’ancien Premier ministre ; le Parquet de Paris a fait semblant de demander un surcroît d’enquête, les juges ont fait semblant de s’exécuter, avant de clôturer leur instruction. Quant à Chirac, qui avait été convoqué au printemps dernier par les deux juges Zig et Puce, et leur avait fait un bras d’honneur, il est totalement oublié par nos deux magistrats. Dommage lorsque l’on se souvient que : 1) Presque tous les noms inscrits sur les vrais faux listings étaient des ennemis des chiraquiens. 2) L’entourage de Chirac, ainsi que Dominique de Villepin, ont participé de près au montage médiatique qui avait consisté, durant l’été 2004, à publier les faux listings dans Le Point. 3) Enfin parmi les premiers noms apparus sur le premier listing, dès l’automne 2003, figuraient les noms d’agents de la DGSE qui avaient eu connaissance de l’affaire japonaise et avaient été soupçonnés par Chirac d’avoir organisé les investigations. D’où leur renvoi brutal en juin 2002 après la réélection de Chirac.
Le "formidable" dossier Clearstream accouche aujourd’hui d’une souris. Et on veut nous faire croire qu’à l’origine de cette usine à gaz, il y eu deux personnes et deux seulement : Imad Gergorin et Jean Louis Lahoud. Ou l’inverse ! Or tous deux ont été ou des troisièmes couteaux, ou de grands naifs manipulés par plus tordu qu’eux. A savoir les barbouzes qui travaillaient à l’époque pour l’Elysée et Chirac.
L’échec lamentable de Zig et Puce permet à Chirac, Villepin, Yves Bertrand et Philippe Massoni de dormir tranquilles. En revanche, l’ex Président et grand humaniste devant l’éternel, notre chichi national, pourrait être bientôt ébranlé par l’enquête d’un petit juge de Tahiti. Lequel, dix ans après les faits, va vite, très vite. Et cela sous l’ombrelle de l’actuel pouvoir qui fait tout pour faciliter son enquête, y compris en nommant un Procureur général sous les tropiques qui souteitn les efforts du juge d’instrucion.
Dix ans après, les faits sont têtus. En 1997, un journaliste courageux, JP Couraud, surnommé JPK, enquêtait sur Gaston Flosse et ses petits arrangements financiers, notamment au Japon. Chirac et son ami maffieux japonais, le banquier Osada, commençaient à se sentir visés par la curiosité de JPK. Par un soir de 1997, il disparaît dans le Lagon. Depuis cet hiver, l’enquête est réouverte. Madame Dati envoyait des lettres de soutien à la famille Couraud. Notre livre sur l’incroyable histoire du compte japonais de Jacques Chirac était versé au dossier du juge. Lequel venait à Paris en mission avec sa greffière, un représentant du parquet et deux gendarmes : perquisition à la DGSE, interrogatoires du général Rondot, l’homme qui écrivait plus vite que son ombre, ainsi que des agents de la DGSE ayant eu connaissance du dossier, et jonction avec les scellés du dossier Clearstream (non ouverts par les juges d’Huy et Pons) concernant l’affaire japonaise. Enfin Olivier et moi, auteurs du livre, étions invités sur France 3 à l’émission « Pièces à Convictions » pour dire tout le mal que nous pensions de Jacques Chirac. Et cela après un remarquable documentaire, produit par la chaîne, sur Gaston Flosse, le Japon et Tahiti, République bananière, où les journalistes indépendants disparaissent dans le lagon. S’il n’y a pas aujourd’hui une volonté politique d’aboutir dans ce dossier, c’est que l’on n’y connaît rien. Car le patron de France 3, Monsieur Nahon, l’homme qui se fait payer ses voyages au Maroc par le Palais, comme l’a révélé Bakchich, n’est pas du genre à braver le pouvoir en place et à consacrer deux heures d’antenne aux frasques de Chirac et Flosse, si on ne l’y a pas encouragé. Monsieur Nahon est un homme courageux mais pas téméraire.