La motion majoritaire au congrès, à laquelle elle appartient, l’habituelle motion Fourre-tout à la « Hollande », se réunit pour décider qui présenter comme première secrétaire fédérale (Collomb, à l’époque, tenait à ce que ce soit une femme). Sylvie Guillaume, titulaire, ne repartira pas. Qui mettre à ce poste éminemment stratégique ?
Dans ces grandes déchirures qu’apprécie tant le parti socialiste, le débat fait rage, et chaque personne qui se propose se trouve dégommée par les autres ! Jusqu’à ce que Collomb propose le nom d’une personne assez peu connue pour que personne ne se sente menacé : Christiane Demontès. Surprise à la fédération, mais motion majoritaire, et ordres donnés : Christiane Demontès est élue.
Et là, le conte de fées commence ! En effet, Christiane Demontès n’est pas élue à n’importe quel moment : l’année d’après, 2004, quelques mois après son élection à peine, de grands rendez-vous arrivent. Les élections cantonales, régionales, puis les élections sénatoriales, doivent en effet avoir lieu cette année-là ! C’est d’ailleurs pour cette raison là que les tensions avaient été si fortes pour choisir le premier secrétaire fédéral. Et Christiane Demontès va faire preuve d’une remarquable intelligence, en sachant parfaitement exploiter sa position pour se placer, en surprenant tout le monde.
En effet, elle va profiter des habituelles tractations, et de sa position implicite d’arbitre, pour jouer des concurrences entre motions, et au sein même des motions, pour tranquillement se placer en position éligible sur la liste des régionales, bien entendu en ne venant surtout pas entraver les ordres de Collomb.
Ce qui n’a pas toujours été facile, surtout en janvier 2004, quand le lendemain exactement du jour où le PS annonce ses candidats (pourtant déjà choisis avec les magouilles habituelles), Collomb annonce par voie de presse ses candidates pour les cantons du 6ème arrondissement ! Dont, notamment, Géraldine Gacon, directrice commerciale (ou artistique, ce n’est pas très clair) de Lyon Mag, et surtout épouse de Philippe Brunet-Leconte, rédacteur en chef de Lyon Mag. Il a fallu, en deux jours, dire que c’était bien les candidates du PS… Ah, servir Collomb n’est pas toujours simple !
Du coup, quand la région est embarquée par Queyranne, duquel elle a su se faire apprécier justement en jouant correctement le jeu de la modération entre Colomb et lui (ce qui n’était pas évident, Queyranne ayant gardé un goût très amer de son éviction de la présidence du Grand Lyon, qu’il avait souhaitée, étant maire de Bron, député et ex-ministre) et par Collomb, elle se retrouve non seulement élue, mais aussi vice-présidente de région.
Et là, déjà, quelques personnes au sein de la fédération commencent à trouver qu’elle n’a pas été maladroite, et même qu’elle a bien su se servir… Mais nous sommes à la fin du printemps, les vacances d’été approchent, et les sénatoriales auront lieu au début de l’automne. Donc, les plaies sont encore béantes, des haines farouches sont encore présentes entre les déçus, dues aux déchirures prévisibles, et aux déceptions lourdes de ceux qui n’ont pas été du bon fourgon.
Quand arrive l’automne, les trois places de sénateurs qui doivent revenir au parti socialiste sont vraiment très recherchées. Il revient, encore une fois, le type de soirée que Christiane Demontès sait parfaitement gérer : une soirée où doivent se décider les listes, où les ambitions se précisent, où les esprits viennent échauffés, et où les camps viennent décidés à placer leurs poulains, ou à dégommer les autres ! Bernard Rivalta vient ce soir là plein d’espoirs, comme Alexandrine Pesson…
Et, encore une fois, de cette soirée-là, Christiane Demontès sort placée sur la liste en position éligible ! Et se retrouve avec un deuxième jackpot : une place de sénatrice pour neuf ans (et oui, pour modification des échéances, cette fois là, ce n’est pas 6, mais 9 ans !!!), à 7000 € environ par mois !
Que Cendrillon aille se rhabiller, le voilà le vrai conte de fées moderne !
Mais de cette soirée-là, Christiane Demontès ressort aussi avec, cette fois-ci, de solides inimitiés qui se mettent en place ! En effet, cette fois-ci, énormément d’hommes ont compris qu’ils s’étaient fait leurrer, et beaucoup trouvent que Christiane Demontès s’est quand même très largement servie (certains oubliant qu’eux-mêmes n’ont pas été derniers à se servir par le passé de la même manière…)
La suite la semaine prochaine…