Comparutions immédiates du 25 mars 2009, TGI de Bobigny
Malik, 29 ans, et Karim, 39 ans, comparaissent pour « tentative de vol » et « dégradation d’un véhicule ». La nuit du 23 mars, ils sont arrêtés en flagrant délit rue Benjamin-Constant (Paris, 19e). Ils nient : « On est resté deux secondes dans la voiture !, lance Malik. La portière était ouverte, on s’est simplement assis quelques instants à l’intérieur pour se réchauffer. C’était une voiture à l’abandon ! Elle avait certainement déjà été volée et abandonnée là – mais nous, on n’a rien cassé ! »
Le propriétaire du véhicule confirme qu’il n’avait pas fermé sa Punto ce soir-là, mais rien n’était cassé selon lui. Pour le Procureur, les faits sont clairs : les deux hommes ont profité de cette portière ouverte, sont montés à bord, ont fouillé dans la boîte à gant, cassé le neiman… et puis, ils ont aperçu la patrouille de Police et sont ressortis immédiatement. Vu que les deux prévenus « n’ont pas eu le temps de voler », le Procureur écarte la peine plancher de deux ans, et requiert huit mois fermes avec mandat de dépôt.
Marié à une Algérienne restée au pays, Karim est coursier à mi-temps, plongeur le reste du temps et vit chez sa sœur présente (et en larmes) à l’audience. Avec 19 condamnations au casier pour vols, l’homme n’a plus été condamné depuis janvier 2008 : « C’est vrai, j’ai fait des bêtises dans le temps, mais j’étais complètement drogué. Cela fait deux ans que je ne touche plus à rien et que je fais absolument tout pour me réinsérer. Je vois une assistante sociale, je vois un psy, j’ai des processus d’embauche en cours dans le bâtiment… Franchement Madame la Présidente, cela me ferait mal au cœur de replonger pour cette bêtise ».
Malik a quant à lui douze condamnations au casier pour vols, rébellion, usage de stupéfiants ou outrage. Sans emploi depuis 2004, il ne « se bouge pas trop » de son propre aveu, et admet avoir « quelques petits problèmes » de dépendance. Sa consommation ? « Grosso modo, je dirais… une bouteille de Vodka et environ 20 pétards par jour », dit-il d’un ton blasé. La Présidente lui demande s’il est suivi médicalement, s’il tente de s’en sortir : « Non, admet-il, pour l’instant, l’alcool est plus fort que moi ».
Le jugement. Un mois de prison ferme pour chacun avec mandat de dépôt. Karim réagit : « Un mois… “seulement” ? C’est cher payé, chef ! » La Présidente, du tac-au-tac : « Monsieur, il faut arrêter de vous considérer victime de la société ».