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Amours lycéennes en correctionnelle

30 avril 2009 à 17h05

Comparutions immédiates du 28 avril, 23e chambre de Paris

19h30, neuvième et dernier dossier de la journée. Alex, 19 ans, élève au lycée technique Saint-Nicolas (Paris 6e), comparaît pour menaces de mort réitérées et violences à l’intérieur de l’établissement scolaire. Ce blondinet semble tout droit sorti d’une pub pour un gel X-trême : malgré 24 heures de garde-à-vue, son cheveu gominé et sculpté n’a pas bougé. Blouson et jean blancs impeccables, seuls ses cernes et son air triste témoignent de sa galère actuelle. Laetitia, 18 ans, minerve au cou et papa-maman à ses côtés, reste silencieuse sur le banc de la partie civile. La veille, Alex l’a croisé dans une cage d’escalier du lycée. Il s’est jeté sur elle et lui a enserré le cou. Des camarades sont intervenus et Alex a fini par lâcher prise. Dépôt de plainte, garde-à-vue et audition de la victime.

Photos dans le lycée

Entre Laetitia et Alex, tout commence par une histoire d’amour de quelques mois, puis une séparation qu’il n’accepte pas. Les menaces, verbales et écrites, débutent en avril 2008 et s’étaleront sur plus d’un an, jusqu’au jour des faits : « Tu es morte, sale pute, je te défigurerai et j’afficherai des photos de toi partout dans le lycée, je vais te baiser connasse », lit le Président en guise d’exemple. En s’adressant au prévenu : « Vos écrits sont injurieux, violents et inquiétants, vous vous en rendez compte ? Si quelqu’un envoyait ce type de message à votre mère, vous vous inquièteriez, non ? » Silence. Larmes. Le jeune prévenu tente une explication : « Elle est sortie avec quelqu’un d’autre, elle s’est foutue de moi. Elle m’a fait du mal, j’ai tenté de faire pareil ».

C’est ça ou la prison

Pour ce jeune garçon sans casier, entouré par sa famille et négatif au cannabis, l’intention du Président est clairement de marquer le coup, de jouer la carte de l’avertissement solennel d’une audience en correctionnelle. Le magistrat prend le ton du bon père de famille : « À 18 ans, mademoiselle a tout de même le droit de changer de petit copain. Les amours à cet âge n’ont pas vocation à durer. Si on avait des menaces de cette nature à chaque fois qu’un couple se sépare, où irait-on ? Avez-vous l’intention d’aller voir un psy ? » Le prévenu estime qu’il n’est « pas fou », qu’il n’en a pas besoin. « C’est ça ou la prison, rétorque le Président. La prochaine fois en tout cas, ce sera la prison, c’est sûr ». Le magistrat regarde ses assesseurs, marque un silence, soupire et s’adresse de nouveau au prévenu : « Quel effet ça vous fait d’être ici, devant ce tribunal ? » Aucune réponse d’Alex, secoué par les sanglots. L’intimidation aura clairement fonctionné.

Le jugement. Le tribunal décide d’un ajournement de peine au 15 décembre, avec une obligation d’indemniser d’ici-là la victime et l’interdiction de l’approcher. Si Alex s’y tient, le tribunal décidera alors d’une dispense de peine et son casier restera vierge.

Kader, 20 ans, homophobe et droit dans ses bottes Mohamed, 20 ans, schizophrène aux yeux de tous, excepté des experts

4 Messages de forum

  • Quitte à prendre partie. Faites le à bon escient. Évidemment ce petit con est probablement le même que nous avons tous été à son âge. Évidemment il ne mérite pas la prison. Mais évidemment, l’infâme tirage d’oreille judiciaire dont il est la victime est justifié à mes yeux.
  • La veille, Alex l’a croisé

    30 avril 2009 22:47
    ou croiséE ? Désolé mais ça nuit à la compréhension du papier et votre réponse me permettra d’améliorer mon orthographe !
  • Je croyais naivement qu’un proces etait la manifestation de la verite.

    Ici, on n’a que la version des proces verbaux de police. Les temoins eventuels n’ont pas ete cite et ne sont pas present a l’audience.

    C’est tout de meme assez bizarre pour un juge d’imaginer la garde a vue et la comparution devant un tribunal comme une punition ou une humiliation…

    Rappelons au substitut du procureur de la Republique qu’il existe de multiple alternative a la comparution devant un tribunal correctionnel si les faits sont reconnus…mediation penale, crpc..et autres.

    Et au juge qu’il est la pour decider :
     de la culpabilite penale ou de la relaxe ;
     de la peine ;

    Pour le reste, je crois qu’il peut reserver ca pour les motifs du jugement qui ne font qu’une ligne generalement…

  • Amours lycéennes en correctionnelle

    18 mai 2010 01:56, par auguste-dupin

    Anne Steiger écrit :

    Le magistrat prend le ton du bon père de famille : « À 18 ans, mademoiselle a tout de même le droit de changer de petit copain. Les amours à cet âge n’ont pas vocation à durer.

    Le magistrat avait peut-être le ton d’un ’bon père de famille’, mais il n’en avait certainement pas l’esprit : depuis quand le patriarche respectable encourage-t-il le vagabondage sexuel de sa progéniture ? Quel sacré numéro de ventriloquisme féminin autour de la figure du père !