TGI de Bobigny, comparutions immédiates du 1er avril 2009
« Avec mes deux collègues, on avait été appelé sur La Courneuve pour un rodéo de moto, rapporte la jeune gardienne de la Paix. Sur la route, on dépasse une Clio. J’étais à l’arrière de la voiture et je regarde alors distraitement le conducteur. Là, je le vois me faire un grand sourire et me pointer très clairement son doigt du milieu. J’en informe mon chef qui décide de l’interpeller. C’est comme ça que tout a commencé ».
Invité à se ranger sur le bas-côté, le jeune homme nie totalement avoir esquissé ce geste. La policière, elle, maintient sa version des faits : « Je te baise, je te pisse à la raie », lui aurait-il alors lancé. Les policiers tentent de le menotter. Le prévenu se rebelle et blesse malencontreusement un policier à la lèvre : un jour d’ITT pour ce dernier.
Ramzy, 20 ans, comparaît pour outrages et pour avoir résisté avec violence à son interpellation. « Logiquement, les policiers ne vous auraient pas arrêté s’il n’y avait eu ce doigt d’honneur », remarque la Présidente. Ramzy ne quitte pas son air étonné : « Ben justement, j’étais tranquillement en train de rouler, je ne vois pas pourquoi j’aurais fait un doigt à des policiers – ce serait illogique, débile ».
Actuellement en formation pour devenir brancardier, Ramzy a deux mentions au casier pour des faits de violence et deux mois de sursis au-dessus de la tête. L’enquête de personnalité dresse le portrait d’un jeune « en voie de stabilisation, sérieux et très motivé par ses nouveaux projets professionnels ». Le Procureur ne peut « imaginer » que des fonctionnaires de police aient pu « inventer une procédure et passer un après-midi entier au tribunal pour le simple plaisir ». Il requiert trois mois de prison ferme.
Le jugement. 105 heures de Travail d’Intérêt Général (TIG) et 300 € de dommages et intérêts pour chacun des trois plaignants.