Le spectacle de l’Assemblée Générale des socialistes à Lyon, pour présenter les motions, était un triste spectacle. Non du fait des intervenants à la tribune, qui, au contraire, ont développé de manière très sereine leurs discours (Aubry, et Hamon, premiers signataires, Valls pour Collomb qui a préféré rester dans la salle « pour se préserver » et se poser en « rassembleur », Muet pour Delanoë, entre autres), mais pour le spectacle des jeux d’individus qui régnaient dans la salle.
En effet, c’était un spectacle éprouvant que de voir des amis d’hier, de longue date, s’épier, refuser de se parler, calculer pour faire tomber les autres… Le Parti Socialiste est malade, gravement, de ses jeux de pouvoir. Puisque certaines motions se sont créées à partir des mêmes fondements (la preuve étant que l’on retrouve les morceaux du camp strauss-kahnien chez Aubry, Collomb, et Delanoë), de la même motion au congrès précédent, que ces motions ont au fond des divergences mineures, il a bien fallu créer des différences. Elles se sont faites sur les personnes. La personnalisation à outrance des débats, attaques personnelles, mesquineries, écart de postes de ceux qui n’allaient pas au bon endroit, pressions sur les collaborateurs pour qu’ils aillent dans le bon sens, tout cela laisse des traces. Durables. Comme, pour les mêmes raisons, la désignation interne pour la présidentielle.
Alors, les jeux de congrès font que la recherche d’alliance se met déjà en place, mais comment effacer les traces des combats, quand ils ont été si violents ? Comment récupérer une confiance cassée par un poste donné à un autre, qui ne récupérera pas, et donc rappellera sur le long terme la blessure ? C’est la méthode Collomb, basé sur le « avec moi, ou contre moi », et « qui est contre moi sera détruit », qui est cause de son rejet actuellement. Et comment le réaliserait-il, puisque cette tactique, de fait, lui crée une cours qui n’ira sûrement pas lui dire autre chose que « tu as raison », ne serait-ce que de peur de déplaire, et donc d’être dégagé ?
Tout le monde à Lyon se souvient de la vitesse à laquelle Olivier Lavinal, ex-chef de cabinet de Collomb au Grand Lyon, a été déchu pour avoir « mal géré » la crise de Lyon Capitale. Pour rappel, Collomb s’était énervé contre ce journal, lui enlevant toute publicité, et incitant son patron à virer les rédacteurs en chef, mais ça avait mal tourné, l’opinion publique prenant cause pour les « dissidents ». Et il fallait qu’une tête tombe. En quelques jours, un de ses plus fidèles et appréciés collaborateurs, craint de tous, qui ne quittait pas Collomb, s’est retrouvé définitivement éliminé. Alors, forcément, la cour de Collomb ne se risque pas à la critique !
D’ailleurs, jusqu’au bout, Collomb aura fait le forcing. A la salle de la ficelle, il est arrivé très en colère contre les journalistes à cause du Progrès qui l’avait appelé « l’homme blessé ». Il avait même étudié la possibilité de ne pas venir. Aussi, en arrivant à la salle de l’AG, située dans le 4ème sur les terres de Bolliet, un dissident qui a signé Delanoë, les journalistes étaient ils prévenus qu’ils n’auraient pas le droit de rester pendant la réunion. Et puis, finalement, tout le monde a eu le droit de rester. Pour, justement, éviter le lavage de linge sale ?
Ceci étant, il était assez drôle de voir dans la salle la mosaïque des motions, éparpillées par petits groupes non entremêlés, se guettant. Mais il était encore plus drôle de voir des têtes peu habituelles : des adjoints qui n’ont dû devenir socialistes que depuis peu (Képénékian, par exemple), accompagnés de leurs secrétaires et staff. La bonne vieille méthode Collomb : faire venir suffisamment de troupes, même ne pouvant pas voter, pour faire la claque, et ne pas perdre à l’applaudimètre. Ce qui a marché, Valls ayant gagné à l’applaudimètre (pas de beaucoup, mais quand même).
Mais, à la fin, Collomb n’a pu s’empêcher de prendre la parole, longuement comme à son habitude. Et, quand des militants lui ont fait remarquer que lui aussi, comme tous les militants, ne devait pas prendre plus de 3 minutes, il a continué, ce qui s’est fini par un mélange d’applaudissements et de sifflements…