« Collomb, blessé, laisse Manuel Valls en avant », titre le Progrès du 23 octobre… « On ne peut pas se recommander d’un modèle lyonnais au moment des municipales et dire ensuite qu’il y a d’autres schémas théoriques ». « Je dois rester le rassembleur des socialistes lyonnais ».
Voilà très exactement ce qu’est le modèle lyonnais : des postures, et des pressions.
Voilà qui va en faire sourire plus d’un. Collomb qui brise tous ceux qui lui résistent, qui coupe les budgets à ceux qui ne le suivent pas sur sa « ligne claire », qui « tue » politiquement sans frémir tous ceux qui ne se couchent pas, serait un homme blessé parce que son coup de force pour faire main basse sur le Parti a échoué ? Au point d’ailleurs que la seule question qui reste en suspens est : sera-t-il quand même majoritaire sur Lyon (parce que le Rhône lui échappera)….
Il attaque frontalement le Parti pour en prendre la tête en se posant en axe de rassemblement, et, quand ça ne marche pas, et qu’il risque d’être en mauvaise posture, hop, effet magique, finalement, il ne faut pas qu’il s’expose pour être le rassembleur…
Mais ne pouvait-on s’y attendre de la part d’un maire qui menace environ deux fois par semaine de démissionner dans diverses réunions si ses adjoints et collaborateurs n’acquiescent pas à tout ce qu’il dit ?
Collomb a fait toute sa campagne des municipales en bafouant allégrement les statuts de son parti. Il a ainsi fait inscrire d’office tous les socialistes sur son comité de soutien avant même que la désignation interne soit faite, pour faire pression. Il fausse les élections internes en interdisant les listes autres que les siennes. Il fait faire les listes à l’Hôtel de Ville sans laisser le choix aux militants. Il essaie d’imposer un seul vote, sur la tête de liste pour Lyon, et le siège du Parti est obligé de le rappeler à l’ordre pour qu’il y ait vote sur les têtes de liste par arrondissement. Enfin, pour le Conseiller Général dans le 5ème arrondissement, il s’assoie sur le candidat désigné de la section pour imposer son copain Modem.
Et maintenant, il veut qu’on rappelle à l’ordre ceux qui n’obéissent pas ! De même, il pose comme thème principal de sa campagne le fait de s’affranchir du Parti Socialiste, d’aller au-delà, de faire ce qu’il veut (en allant faire alliance avec le Modem alors que la position du Parti n’était pas celle-là), et maintenant il veut imposer son modèle au Parti Socialiste…
C’est un secret de Polichinelle : les pressions se multiplient. Les adjoints rétifs ne se voient plus proposer de siéger dans les commissions, et représenter la ville dans des institutions, au profit de gens « plus neutres » et « achetables » pour une synthèse au congrès. Les budgets sont nettement plus difficiles à obtenir de la Ville pour les quartiers dissidents, et du Grand Lyon, pour les mairies dissidentes. C’est cela, le modèle lyonnais…
En fait, Collomb se retrouve dans la position de l’arroseur arrosé, et compte sur l’affectif pour éviter de perdre trop sur son échec. Il semble que lors de ses passages dans les sections pour présenter sa motion, bien peu ait été dit sur ses postions, mais plutôt sur les sentiments : son couple irait mal, il serait en danger face à son opposition s’il ne gagnait pas, il a tout donné aux militants (il est vrai que ses nombreux mandats ne lui rapportent pas assez pour toujours payer ses cotisations au parti socialiste…)
Et, à force de tout imposer à tout le monde, il se retrouve un peu dans la position de Robespierre : vient un jour où le nombre de mécontent devient trop important….