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Un PDG saoudien en comparution immédiate pour une « bête histoire de tabouret »

7 janvier 2009 à 15h44

Comparutions immédiates du 29.12.2008, 23e chambre de Paris

Simon, 57 ans, originaire de Beyrouth et PDG d’une entreprise de construction en Arabie Saoudite, n’a pas le profil de la clientèle habituelle de la 23e chambre. Cheveux mi-longs frisottants, veste en daim, chemise clair, l’homme, visiblement fatigué par sa longue garde-à-vue, comparait pour « violence par jet de verre de bière ». Bilan pour la jeune victime présente à l’audience : deux dents cassées et trois jours d’ITT.

Un premier verre valse sur le visage du PDG

Dans la nuit du 26 au 27 décembre 2008, Simon boit un verre avec un ami de longue date, le PDG d’Alstom en Iran. Installés dans un pub du 1er arrondissement de Paris, ils discutent du Noël passé, des enfants de l’un, du cancer dont souffre la femme de l’autre, de la crise économique, des affaires. Simon s’absente quelques minutes pour se soulager de ses trois premiers verres de bière et s’en commande un quatrième. En revenant, le récipient est sur la table, mais plus de traces de son tabouret. Caroline, la vingtaine, vient de lui chiper et ignore les demandes répétées de Simon pour le récupérer. Insultes, altercation, le contenu d’un premier verre de bière valse sur le visage du PDG. « Par réflexe », celui-ci en fait autant et blesse la jeune femme : « Il s’agit d’un accident, d’un geste involontaire, déclare Simon pour sa défense. J’ai reçu de la bière dans la figure, j’ai envoyé le contenu de mon verre en retour – et le récipient est parti avec ! Si Mademoiselle admet avoir commencé cette altercation, je suis prêt à rembourser la réparation de ses dents ».

La Présidente du Tribunal continue de dérouler les évènements de cette soirée. Simon sort du Pub et se dirige vers sa voiture. Blessée, Caroline appelle son ami à la rescousse et le jeune couple se lance à la poursuite du prévenu : « Ils ont tapé sur le pare-choc de mon véhicule et arraché la plaque d’immatriculation, s’insurge Simon. Pourquoi tout saccager ainsi ? Ils auraient simplement pu noter le numéro si leur intention était de me retrouver. Et puis, je ne m’étais pas enfui ! J’étais juste à côté d’eux quand ils s’en sont pris à ma voiture ».

« C’est bizarre tout de même »

« Il arrive que des gens respectables se conduisent comme des voyous, souligne la Procureure. Certes, le casier de monsieur est vierge, il présente des garanties de représentation et de réinsertion indéniables, mais nous avons ici des faits de violence par arme, en l’occurrence un verre de bière – d’où ma décision de déférer monsieur. Dans un lieu public, son geste aurait pu avoir des conséquences dramatiques. Je demande au tribunal d’entrer en voie de condamnation et requiers trois mois de prison avec sursis ».

Simon se prend la tête dans les mains. Son avocate se lève et se dit « abasourdie » par cette comparution qu’elle juge « inquiétante » : « Mon client ne comprend absolument pas comment il a pu arriver jusque-là. La première chose qu’il m’a dit était : “Maître, je suis humilié”. Il ne dit absolument pas qu’il n’a pas lancé le verre ! Il dit qu’il s’agit d’un geste malheureux, il s’en excuse et propose même d’indemniser mademoiselle. Que peut-il faire de mieux alors qu’il a lui-même été victime de violences ce soir-là ? Depuis quand une gamine jette le contenu de son verre à la figure d’un homme en âge d’être son père ? A-t-elle au moins demandé ce siège ? Non ! » Et de sous-entendre : « Les dents de Mademoiselle sont cassées, c’est un fait. Mais en dehors de cela, aucune lésion n’apparaît sur son visage ou ses lèvres. C’est bizarre tout de même. » Et de rappeler : « Mon client ne s’est jamais enfui, bien au contraire. Juste après les faits, il a fait tous les commissariats du premier arrondissement pour être auditionné, entendu, mais tous étaient fermés. Il voulait lui-même porter plainte pour les dégradations sur sa voiture, mais n’en a pas eu le temps. Je ne vais pas vous demander la relaxe, parce que c’est un accident. Je demande par contre une expertise médicale pour déterminer avec précision quand les dents de Mademoiselle ont été cassées ».

Le verdict. Deux mille euros d’amende et 3500 euros pour la victime, au titre des préjudices moral et corporel.

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