éléctions
Étant revenu il y a peu sur Lyon, il m’a fallu quelque temps pour me remettre au courant des dernières manœuvres sur les régionales.
À droite, on est très discret, et il est bien difficile de savoir, actuellement et avec une certitude suffisante, qui mènera la liste pour les régionales pour l’UMP. Mme Grossetête était celle qui était prévue, mais il semble que Perben, sans doute fort de ses récentes défaites électorales, et de ses mauvaises victoires (faibles scores dans des fiefs réputés), essaie d’obtenir par ses amis haut placé une désignation de tête de liste. Imaginez à quel point, à gauche, on se frotte les mains en imaginant que cela se fasse !
À gauche, justement, on commence à voir les calculs se préciser !
Tout d’abord, commençons par Europe-écologie, qui est d’ores et déjà en train de se faire noyauter par le parti socialiste ! En effet, Leras et Tête se présentent comme tête de liste aux régionales pour le parti écolo. Tête, réputé intransigeant (au point d’être rétrogradé dans l’ordre des adjoints par Collomb), risque de faire du bruit pour une fusion des listes au second tour avec le PS. En même temps, ses principes tranchés seraient sûrement intéressant pendant la campagne. Mais voilà t’y pas que Philippe Meirieu vient aussi de se porter candidat ! Et, dans un article sur Lyon Capitale, il explique mieux sa position. Il déclare qu’il n’a jamais été au PS, mais proche du PS, tout en sachant garder sa liberté, et qu’il se retrouve pleinement dans les idées d’Europe-écologie. Cela a de quoi faire rire.
En effet, Philippe Meirieu doit un certain nombre de ses nominations aux socialistes. S’il a pu être au cabinet du ministère de l’éducation nationale, c’est sous des ministres socialistes. S’il a été nommé directeur d’IUFM, c’était sous un gouvernement socialiste. Et, tout dernièrement, quand il avait besoin d’appuis pour prendre la direction de Cap Canal, une chaine créée par la ville de Lyon, il a su montrer toute son admiration pour Gérard Collomb au moment le plus opportun, à la veille des municipales. Il est vrai qu’avec la fermeture des IUFM, il se trouvait alors en difficulté pour récupérer un poste intéressant !
Comment, dès lors, imaginer qu’il puisse être totalement indépendant ? Comment ne pas craindre qu’il ait une grande tendance à s’aligner facilement derrière le parti socialiste ?
Pour ceux qui connaissent mal Philippe Meirieu, ou pour ceux qui le connaissent trop bien, Philippe Meirieu, c’est cet as auto-proclamé de la pédagogie, souvent controversé, qui est un peu à la pédagogie ce que Bernard Henri Lévy est à la philosophie : mondain et inutile, mais très en vogue dans certains milieux de « l’intelligentsia ».
Bref, chez Europe écologie, désigner la tête de liste va être assez drôle…
Mais continuons ce tour d’horizon avec le parti socialiste.
Jean-Jack Queyranne a découvert avec stupeur qu’un savoyard avait eu l’outrecuidance de se présenter face à lui pour le vote des militants. Crime de lèse-majesté ! Quelques membres du cabinet de la région se vantent de ce qu’il a déjà été transmis à ce godelureau qu’il serait bon qu’il se ressaisisse rapidement s’il tient à avoir un avenir, qui déjà est fort compromis.
Il est vrai que, particulièrement dans le Rhône, on est tellement habitué à voter sur des listes où il n’y a qu’un seul nom, pour éviter tout risque que le militant de base puisse s’égarer, et avoir à réfléchir pour choisir, que l’on craint l’effet de contagion. Ou irait-on si le militant pouvait librement choisir ? Ce serait la porte ouverte à tous les excès, voire à la démocratie ! Diable !
Sur les listes de Queyranne, en tous les cas pour le Rhône, certaines places sont visiblement déjà prises.
Bien entendu, l’ultra cumulard Thierry Philip compte bien être de nouveau de la partie. Et Jean-Jack Queyranne semble avoir pensé à lui pour être placé très haut sur la liste. Que ne ferait-on pas pour satisfaire celui qui avait opportunément embauché Madame Queyranne au Centre Léon Bérard qu’il dirigeait, juste après avoir été désigné vice président de Région par Jean Jack Queyranne ? La droite ne va-t-elle pas regarder attentivement de ce côté la ?
Ensuite, il y a ceux qui ont su manœuvrer habilement. Ainsi, il semblerait que Farida Boudaoud soit partie pour être placée elle aussi très haut sur cette liste, bien que les résultats de sa motion dans le Rhône auraient laissés espérer moins. Certaines mauvaises langues attribuent cela au fait qu’elle aurait été une des rares à partager la table de Gérard Collomb à la Rochelle, table où il était, parait-il, bien esseulé.
Nathalie Perrin-Gilbert devrait être aussi assez bien placée, non par ses amitiés locales, bien au contraire, mais grâce à ses amitiés nationales, pour lui permettre d’avoir une assise élective ne dépendant plus de Gérard Collomb. En effet, comme je l’ai déjà expliqué, Gérard Collomb est un homme qui à l’inimitié tenace, et une mémoire d’éléphant. Pour lui, Nathalie Perrin-Gilbert a eu la mauvaise idée de se mettre avoir ses propres idées, et à les annoncer, contredisant, voir dénonçant parfois Gérard Collomb. Il est bien évident que celui-ci veut maintenant tout faire pour la « tuer » politiquement. Il est donc urgent pour elle de se trouver une place indépendante de notre « Gégé ».
Mais, ce qui est de nouveau très frappant dans ce processus interne au parti socialiste de préparation des élections régionales, c’est de voir que l’essentiel des manœuvres se situe sur l’ordonnancement des listes, et que les militants ne vont se prononcer, au fond, que sur la désignation de la tête de liste, puis sur la désignation de la liste. Par contre, les militants n’auront pas été un seul instant consultés sur le bilan du mandat, et sur l’élaboration du mandat à venir. Encore une fois, dans ce parti, tout est axé sur la répartition des places électives, et indirectement sur les places de collaborateurs qui vont avec, et, au fond, aucunement sur ce qui pourtant devrait être le principal, le programme à mettre en place.
C’est une maladie récurrente au parti socialiste, une maladie fâcheuse, qui peut grandement expliquer la désaffection des électeurs. Mais tant de gens vivent, directement ou indirectement, de la politique, professionnellement, dans ce parti qu’il y a fort à parier que cela n’est pas près de changer. Combien faudra-t-il de défaites pour espérer retrouver un parti socialiste ferme sur ses idéaux ?