Contre, apparemment, toute attente, il n’y a pas eu les habituels duels de phrases assassines, la cacophonie de déclarations contradictoires, les querelles de chefs, éléphants, lionceaux, barons, etc., etc., ce qui a dû décevoir un grand nombre de journalistes qui n’attendaient que ça. Allez, soyons juste, j’avoue que moi, aussi, j’attendais ça un peu… Il faut reconnaître que regarder ces disputes qui, en beaucoup de points, font penser à des querelles de cour de récréation de petites classes d’écoles primaires, a quelque chose d’amusant. Jusqu’au moment où on se rappelle que le parti socialiste se veut la principale force d’opposition, et là, il faut reconnaître que les sourires se fanent.
Mais, heureusement, Montebourg (qui m’a fait penser à "Soupalognon y crouton", le gamin qui retient sa respiration pour obtenir ce qu’il veut dans "Astérix en Hispanie") a obtenu ce qu’il voulait avant, Peillon a su ne pas chercher querelle après ses déclarations assez controversées de la semaine précédente, et Valls est bien venu, à la recherche de caméras, mais s’est retrouvé un peu esseulé.
C’était d’ailleurs finalement très prévisible ! Au parti socialiste, comme a priori dans tous les partis, il est de coutume de ne pas faire de vagues avant l’élaboration des listes aux prochaines élections. La proximité des Régionales, clairement, incitait à la prudence car beaucoup trop de gens dépendent, pour vivre, des résultats de ces élections !
Pour autant, avec, justement, un mois de recul, ce qui s’est dit à la Rochelle est pourtant terriblement instructif. En effet, quels ont été les points mis en avant par les principales déclarations ? À part la polémique sur la taxe carbone, qui, au fond, a été imposé par la droite, le parti socialiste a surtout annoncé un grand chantier sur les primaires, les alliances, et le non cumul des mandats…
Donc, occultée la crise économique, occultés les services publics mis à mal, occultés les problèmes sociaux, occultés tous ces points qui, pourtant, devrait être la grande priorité de la principale force d’opposition dans ce pays, ou le parti qui se veut l’être. Au lieu de cela, ce sont donc des calculs qui concernent essentiellement le mode de désignation des candidats, la manière de faire les listes, bref, tout ce qui intéresse ceux qui font de la politique uniquement dans l’objectif carriériste d’obtenir des places.
En effet, qui peut dire qu’actuellement la principale préoccupation des Français, même de ceux qui votent à gauche, est de savoir comment sera désigné le prochain candidat de gauche (ou d’une partie de la gauche) à l’élection présidentielle ?
Rappelons quand même qu’il y a deux tours à cette élection, et que le report des voix peut tout à fait s’effectuer d’un tour sur l’autre.
À condition que la principale force de gauche n’ait pas été tellement mauvaise qu’au premier tour beaucoup ne se soit même pas déplacés ! Mitterrand, pour citer le seul président que le PS a eu, à réussi à être élu grâce à un programme de gauche, à une union de la gauche qu’il a su créer, sans pourtant qu’aucune primaire ne soit organisée. Il a eu l’intelligence de le faire en élaborant un programme commun dans lequel les différents partis se retrouvaient.
Alors, la nécessité de réfléchir à des primaires à gauche, est-ce vraiment quelque chose de primordial ?
Enfin, primordial pour les Français ? Parce que de manière évidente, par contre, c’est clairement quelque chose de primordial pour le parti socialiste, où, rappelons-le, 60 à 70 % des militants sont soit des élus, soit dépendant, pour leur travail, d’élus !
Dans ces conditions, comment s’étonner qu’un parti qui se préoccupe plus de son nombril que de ceux dont il se dit le défenseur, le héraut, se retrouve en perte de vitesse ? Qu’il se fasse dépasser par d’autres partis dont les idéaux sont peut-être, au fond, moins séduisants que ceux proposés par le parti socialiste (encore est-ce sujet à débat, évidemment).
La thèse qui court dans les cabinets régionaux est qu’ Europe-Ecologie n’a fait un bon score que parce que c’était les Européennes, et qu’ils ne le renouvelleront pas… Pourquoi se préoccuper d’eux, alors ? Mais ce calcul est pourtant clairement battu en brèche par le résultat qui vient de tomber dans les législatives partielles qui vient d’avoir lieu… Et qui fait réagir ce brave Huchon !
Quand donc le parti socialiste va-t-il se rendre compte que cette image de politiciens uniquement préoccupés de l’élaboration des listes, des postes à pourvoir, des copains à placer, des magouilles électoralistes, va le conduire à perdre de plus en plus d’électeurs, se faire dépasser par les autres partis de gauche, et devenir une force mineure ?
Le parti socialiste arrivera-t-il à se ressaisir avant de subir le sort que le parti communiste a subi en son temps ?