Comparutions immédiates du 3 mars 2009, 23e chambre de Paris
Pour avoir voulu éviter une belle prune à une amie, Théophile comparaît ce mardi après-midi pour divers délits routiers. Le 1er mars au soir, ce Camerounais de 38 ans dîne avec une camarade dans une brasserie parisienne. Le duo s’apprête à régler l’addition quand le serveur lance à la cantonade : « Les flics alignent les voitures du quartier ! » Théophile raconte : « A ce moment précis, mon amie avait disparu aux toilettes. Or sa voiture était garée sur une place de livraison. Pris de panique, j’ai pris ses clefs et je me suis permis de déplacer sa Mercedes pour lui éviter une contravention ».
Théophile commence tout juste à tourner dans le quartier. Il tombe alors nez à nez sur une autre brigade, qui procède quant à elle à des tests d’alcoolémie. Le prévenu est invité à se ranger sur le côté et à souffler dans le ballon. Son taux d’alcoolémie est faible (0,45 mg par litre d’air expiré), mais au-delà de la limite autorisée. On lui demande ses papiers qu’il n’a pas, car Théophile est sous le coup d’un retrait de permis. Il est de fait en récidive légale pour conduite en état d’ivresse et comparaît en plus pour conduite sans permis. Coup du sort : la voiture de son amie n’était pas assurée.
Même si l’amie confirme la version de Théophile, l’infraction est là : « Depuis 2007, vous aviez déjà trois condamnations pour conduite sous état alcoolique, remarque le président. Cela commence à faire beaucoup. Vous avez des problèmes avec l’alcool ? » Théophile l’admet, il a peut-être une « descente facile » : « Mais depuis près d’un an, je fais extrêmement attention, se défend-t-il. Ce soir-là, c’est mon amie qui devait me ramener, parce qu’elle ne boit jamais. Et puis, je n’ai plus de voiture, du coup je ne conduis plus – et j’essaye franchement de limiter ma consommation… J’ai joué de malchance le soir de mon arrestation ».
Père de quatre enfants restés au pays avec leur mère, le prévenu habite à Paris chez son oncle et termine actuellement un doctorat en relations internationales. Il souhaite à terme « retourner au Cameroun pour exercer dans un ministère ». Pour expliquer son alcoolisme, il revient de lui-même sur son histoire passée : « J’ai eu une enfance très difficile et miséreuse. Mon arrivée en France m’a fait beaucoup de bien, mais les choses se sont rapidement gâtées. Pour ma mère et mes frères restés au pays, être en France c’est forcément avoir beaucoup d’argent. Depuis que ma mère m’a dit que je n’étais plus son fils et qu’elle me maudirait jusqu’à la fin de ses jours, j’ai commencé à boire. J’ai fait deux tentatives de suicide en m’injectant du lait dans les veines ».
L’arrêt. Un an avec sursis et mise à l’épreuve de deux ans.