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Footballeur professionnel et violent occasionnel

8 mars 2009 à 21h26

Comparutions immédiates du 3 mars 2009, 23e chambre de Paris

Le 2 mars dernier, Emilie, 28 ans, se fraye un passage dans la circulation de la rue de Rivoli. Il est 9 heures du matin et la jeune femme se rend au travail en moto. Quasi à l’arrêt, une voiture au milieu de la voie l’empêche de se glisser entre les deux files. Appels de phares et coups de klaxons pour encourager le véhicule à se rabattre. Elle aperçoit le conducteur gesticuler et décide de forcer le passage : « Vu que je n’avais pas trop d’espace, j’ai voulu passer tout doucement en rabattant son rétroviseur, raconte-t-elle à la barre. C’est là qu’il est sorti en trombe de sa voiture pour m’insulter et qu’il a commencé à me frapper ». Déséquilibrée par un premier coup de poing porté à la tête, Emilie tombe sur le côté avec sa moto. À coups de pieds et de poings, le conducteur s’acharne sur la motarde au sol. Selon le rapport médical «  le casque et la combinaison de la jeune femme ont évité que les blessures ne soient plus graves ». Bilan : deux jours d’ITT.

C’est un conducteur témoin de la scène qui appelle la police – le hasard veut qu’il soit huissier de justice : « Je n’ai pas assisté au début de l’altercation, j’ai simplement vu un homme plutôt costaud frapper une femme au sol. A sa silhouette, on voyait très bien, malgré son casque, qu’il s’agissait d’une femme ». À l’intention de la police, le témoin ajoute : « Visiblement, ce gars-là savait se battre ».

« Elle a cassé mon rétro ! »

Costume et chemise noir, Fadel, 30 ans, comparaît pour conduite en état d’ivresse et violences – en état de récidive légale puisque déjà condamné à deux reprises pour les mêmes faits depuis octobre 2005. Footballeur professionnel au sein du RAEC de Mons, club de ligue 1 belge, Fadel a 0,48 mg d’alcool par litre d’air expiré au moment de son arrestation : « J’ai arrêté de boire la veille à 2 heures du matin, affirme-t-il. Avant de partir, j’ai pris un petit-déjeuner et une douche, j’étais loin de me douter que j’avais encore de l’alcool dans le sang ! »

Fadel n’assume en rien sa responsabilité et sa défense irrite le tribunal : « Je n’étais pas au milieu de la route pour le plaisir de gêner, mais parce qu’un véhicule devant moi m’empêchait de bouger. J’étais coincé et elle, elle me klaxonne et me fait des appels de phare ! Et puis, elle a cassé mon rétro !, s’insurge le milieu de terrain. Elle ne l’a pas rabattu comme elle dit, elle l’a carrément cassé ! »

Traiter un homme de « salope » est curieux

Le Président le coupe : « Monsieur, le PV de police assure que votre rétroviseur n’était absolument pas cassé. Et puis, qu’il le soit ou non n’excuse en rien les violences sur cette jeune femme ». Fadel s’emporte : « Je n’avais pas vu que c’était une femme à cause de son casque ! Elle était couverte de la tête aux pieds, comment je pouvais le savoir, moi ? » L’avocate d’Emilie intervient : « Avant de frapper ma cliente, le prévenu l’a d’abord insulté en la traitant notamment de “salope”. Cela me paraît curieux d’insulter ainsi une personne que l’on pense être un homme ». À son tour, le procureur moque le prévenu : « Je ne roulais pas sur la file du milieu, je ne pouvais pas me rabattre, il y avait une voiture devant moi… Mais vos problèmes de circulation monsieur, on s’en moque ! Vous ne saviez pas qu’il s’agissait d’une femme ? Le témoin, lui, l’a remarqué d’emblée. Et puis d’ailleurs, que ce soit un homme ou une femme, peu importe ! »

L’arrêt. Un an dont dix mois avec sursis. Pas de mandat de dépôt pour Fadel qui sera suivi par un Juge d’Application des Peines pour aménager la partie ferme. Le coupable devra en outre payer 300 euros de dommages et intérêts à la victime qui en demandait 2000 pour le préjudice physique et moral et pour les dégâts matériels causés sur sa moto.

Recherche d’une place de parking en état d’ivresse Braquage au bonnet rose et au pistolet en toc

3 Messages de forum

  • Footballeur professionnel et violent occasionnel

    8 mars 2009 23:26, par bisane
    Et c’est quoi, les "circonstances atténuantes" pour qu’il n’ait écopé "que" de 300 € d’amende ? Que la moto d’une femme vaut moins que celle d’un homme ?
  • Si une moto vous casse volontairement votre retroviseur, c’est une degradation.

    Que faire si on vous degrade votre retroviseur ?

    Il suffit de "saisir" la personne qui vient de le faire et de l’amener dans le commissariat le plus proche ou d’appeler la police.

    Bien sur on vous rira au nez au 17 et l’affaire sera "classe sans suite" sans enquete par le procureur de la Republique sur la suggestion des agents de police si vous souhaitez porter plainte.

    Vous pouvez aussi relever le numero du scooter mais suivant la "jurisprudence fils de m. sarkozy" cela ne sert a rien.

    Si vous etes victime de violences volontaires avec ITT de 2 a 3 jours suite a une rage routiere, l’affaire est generalement classe sans suite a Paris (dans deux cas que je connais alors que le mis en cause est identifie).

    Mais si vous etes une minorite visible et que la plaignante est une femme l’affaire sera poursuivi par le procureur de la Republique de Paris.

  • 300 euros alors qu’elle se fait tabasser en public ????

    C’est incroyable, 2 jour d’ITT ça doit bien valoir au moins 100 €. L’insulte au moins 50 €. La douleur et l’humiliation physique au moins 500 €.

    Et là je parle pas de la moto.