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Quand l'Arabe du coin s'en prend à l'Arabe du coin opposé

15 mars 2009 à 17h46

Comparutions immédiates du 3 mars 2009, 23e chambre de Paris

Mounir, 40 ans, épicier d’origine tunisienne, comparaît pour violences aggravées sous la menace d’une arme : un tesson de bouteille Heineken fracassé la nuit du 1er mars sur la tête de la partie civile, qui vaut à celle-ci cinq points de suture et cinq jours d’ITT (Incapacité Temporaire de Travail). Présente à l’audience, la victime tient elle aussi une petite supérette dans le quartier de la Cité Universitaire (Paris, 14e). Un brin enrobé, ce deuxième épicier a le brushing soigné, le cheveu blond platine, le jean délavé serré et la démarche chaloupée – la version commerçante de Michou, ex-roi de la nuit parisienne.

« Bonjour Mounir »

« Les faits sont complètement idiots et malheureusement beaucoup trop fréquents dans ce tribunal, commence le Président. Vous aviez 0,73 mg par litre d’air expiré et visiblement, cela vous a rendu mauvais. Vous avez l’alcool agressif ? » Mounir l’admet, il boit « rarement », mais quand il se lâche, il lui « arrive » de s’énerver, « un peu ». Son casier jusque-là était vide. C’est sa première garde-à-vue, la première fois même qu’il « franchit la porte d’un commissariat ».

« Il était une heure trente, une heure quarante-cinq, raconte la victime à l’accent pointu. J’étais dans mon magasin. Je vois entrer Mounir, je lui dis : “Bonjour Mounir”. Il ne me répond pas. Il prend une bouteille de poire en rayon et il commence à m’agresser derrière ma caisse. Il voulait pas payer ! Je lui dis : “Alors tu reposes la bouteille, Mounir”. C’est là qu’il sort la bouteille de bière de sa poche et qu’il tape sur ma tête. Il est sorti en courant. Je l’ai suivi en laissant mon magasin ouvert. Dans la rue, j’ai croisé la police avec la tête en sang – ils ont réussi à le rattraper ». L’homme suspend alors son récit, lâche la barre et s’approche des trois magistrats. Baissant la tête et pointant du doigt son cuir chevelu, il se plante sous le nez du Président : « Je sais que vous n’êtes pas médecin, Monsieur le Président, dit-il en sanglots, mais regardez un peu cette plaie. Une tête, cela saigne beaucoup, vous savez ».

Inquiet pour sa famille

Si Mounir s’en est pris au sosie de Michou, c’est parce qu’il le tient en partie responsable de la faillite de sa propre supérette, il y a de cela deux mois. « Y avait-il un différent entre vous ? », demande le Président. « On se connaît bien et depuis des années, répond le prévenu. Nous avions chacun notre supérette dans le même quartier, on était des amis, il n’y avait jamais eu de problème ». Le magistrat insiste : « Mais y a-t-il un rapport entre votre geste cette nuit-là et le fait que vous soyez sans travail aujourd’hui ? » Le prévenu l’admet à demi-mot : « Je ne pensais pas lui en vouloir, je sais qu’il n’y est pour rien. Mais j’ai peut-être fait ça parce que je suis inquiet pour ma famille, oui. Je suis en France depuis 88, j’étais commerçant depuis 95 et j’ai toujours travaillé très dur pour subvenir aux besoins de mes enfants ». Mounir a quatre enfants en bas âge à sa charge, « le plus grand a sept ans et le petit dernier, sept mois ». La défense conclue au dérapage d’un père parfaitement responsable, mais particulièrement angoissé : « Par les temps qui courent, on peut facilement comprendre son désarroi ».

Le jugement : huit mois de prison avec sursis. L’avocat de la victime obtient du tribunal un renvoi de l’audience sur les intérêts civils, le temps d’évaluer les répercussions psychologiques de cette agression sur la victime – et donc le montant des dommages et intérêts.

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6 Messages de forum

  • Vraiment cette justice donne envie à prendre le maquis ! Je ne comprend pas comment ils donnent un simple sursis à qqn qui a failli tuer un commerçant juste par jalousie !
    • La justice est passée, est c’est l’essentiel, espérant que l’agresseur a bien compris la portée de son geste, la victime est toujours vivante et c’est l’essentiel. La prison n’a jamais été la solution, la preuve, le nombre de suicidés dans les prisons françaises.
    • Mouai, Ce sont des commentaires de ce genre qui me donnent envie de prendre le maquis. Selon vous, on devrait systématiquement emprisonner quelqu’un qui a pété un plomb ? Peut être avez vous déjà entendu parler des circonstances atténuantes
      • @ Sven Je ne pense pas que tu es du genre à prendre le maquis, je te conseille juste de "prendre la banlieue" et de mettre en pratique ta niaiserie. Tu pourras ainsi nous raconter comment tu te débrouilles face aux "pétages de plombs" … Facile de faire les niais quand ce n’est pas sa tête qui est en jeu.
        • Je ne crois pas qu’on se connaisse, donc merci de ne pas me tutoyer et surtout de ne pas m’insulter.

          Puisque vous parlez de se mettre à la place des autres, essayez de vous mettre à la place de l’agresseur (au chômage suite à la faillite de son commerce) et dites moi si ce n’est pas un terrain propice aux "pétages de plombs"…

          Après, il n’y a heureusement pas eu mort d’homme, donc le débat est clos (pour moi en tous cas)

          Bien cordialement

  • « Les faits sont complètement idiots et malheureusement beaucoup trop fréquents dans ce tribunal, commence le Président. Vous aviez 0,73 mg par litre d’air expiré et visiblement, cela vous a rendu mauvais. Vous avez l’alcool agressif ? »

    Encore un juge qui n’a pas compris le principe de l’impartialite. Il faut dire "les allegations sont completement idiotes…vous sembliez …. cela aura pu vous rendre mauvais. Auriez vous l’alcool agressif ?"

    Un proces doit etablir :

    1) la culpabilite

    2) la sentence si coupable

    quand on presume le prevenu coupable, on ne juge plus que la sentence. Mais on rappelle que l’on est presume innocent en France donc c’est au procureur de la Republique d’essayer de prouver la culpabilite pas au president de la tenir pour acquise.