Gérard Collomb lors d’un récent article sur Marianne2.fr prenait la défense de Georges Frêche. Il allait jusqu’à qualifier les dérapages de Georges Frêche de simples spécificités de style, et, bien entendu, disait qu’en fait c’était un calcul politicien, encore une fois une dispute entre Paris et la province. Il expliquait notamment qu’il pensait que c’était un calcul pour se débarrasser de la fédération du Languedoc-Roussillon, qui était massivement StraussKahnienne. Ce qui est assez drôle, quand on se rappelle que la fameuse fédération, et Georges Frêche plus particulièrement, étaient plutôt derrière Ségolène Royale lors des dernières échéances.
C’est finalement assez simple. En effet, ce qui est en train de se passer, c’est que Martine Aubry est en train de faire un travail énorme au sein du parti socialiste, après avoir fait un travail silencieux et qui ne se voyait pas pour assurer son assise, en réaffirmant progressivement que le parti socialiste n’est pas une fédération de baronnies, mais bel et bien un parti unique, dirigé depuis le siège, et ses instances qui décident de ce qui doit être… Alors, forcément, Gérard Collomb, comme beaucoup d’autres barons, qui ont l’habitude de faire absolument tout ce qu’ils veulent dans leur fief, bafouant allègrement les règles du parti pour mieux asseoir leur pouvoir personnel, n’a aucune envie de voir le siège central du parti socialiste se mettre à lui rappeler les règles qui ont été décidées par les organes centraux (élu démocratiquement, puisqu’il s’agit non seulement de la première secrétaire, mais du conseil national et du bureau national) et veiller à ce que les décisions prises collectivement soient appliquées ! Imaginez un peu, Gérard Collomb risquerait de se voir obligé progressivement de proposer de vraies élections dans la fédération du Rhône ! Il se verrait obligé d’accepter qu’il y ait, ce qui n’a pas été le cas depuis au moins une dizaine d’années, des élections avec plusieurs candidats en interne, sans que cela se règle par des menaces et des saloperies en douce ! Pire encore, Gérard Collomb chez qui le fond politique, les valeurs, se résument (cela se voyait formidablement dans sa contribution au dernier congrès) à gérer une ville, sans bord préférentiel, risquerait de se voir obligé de, justement, préciser ses valeurs. Et comme elles sont de Centre Droit, ses valeurs, si l’on en juge tant par ses réalisations que par le soutien prononcé que les ex UDF lui donne (de Begag à Mercier), soutien d’ailleurs réciproque, cela risque de faire tousser !
Il est vrai que le système de fédération de baronnies avait pris son régime de croisière sous François Hollande. François Hollande était un fervent adepte du statu quo, du laisser-faire, du moment qu’il gardait la mainmise sur le parti. Imaginez un peu, Gérard Collomb qui a l’habitude de placer ses petits copains en position éligible sur les listes, de donner, contre des élus du parti socialiste eux-mêmes, des cantons à des amis d’autres partis, qui se présentent même contre les gens désignés par le parti socialiste, ce Gérard Collomb là serait obligée brusquement d’accepter, par exemple, que le parti socialiste refuse qu’il mette de ses amis du modem, ou de la société civile, à certains postes, parce que le parti socialiste aurait décidé que ce ne serait pas le cas ? Mon Dieu, mais c’est mal connaître Collomb, que de penser une seule seconde qu’il va accepter cela sans se battre très violemment.
Et on peut lui faire confiance, c’est un homme d’expérience, qui sait très pertinemment ce que coup pourri veut dire, ce que manœuvre manipulatoire veut dire, ce que détruire une réputation, briser quelqu’un, et acheter quelqu’un, veut dire !
Quand même, quand on pense qu’il a été jusqu’à dire que les saillies de Georges Frêche n’étaient que des questions de style ! Sacré Gégé, au point où il en est, on irait presque jusqu’à le croire capable d’aller jusqu’à défendre les révisionnistes…