L’humeur de Probst
Voilà que l’Algérie transporte la smala de son histoire, donc aussi de la nôtre, au festival de Cannes. Avec de drôles de héros, comme ces pauvres moines de Tibérine capables de prier le Dieu des cathos là où ils le souhaitent.
L’autre sang est celui qui a coulé à Sétif en 1945, l’européen d’abord, puis le musulman, à flots. Avec l’Algérie, c’est terrible. Je rêve d’un traité d’amitié et c’est toujours la chicaya. Il faut purger l’Histoire. Dix-huit ans après la fin de Hitler, De Gaulle et Adenauer s’embrassaient. Avec l’Algérie, quarante-huit ans plus tard, on dort toujours à culs tournés. ça ne peut plus durer.
L’Afrique ne me désespère pas. Dans sa catastrophe quotidienne, il y a des gens admirables, qui ont l’envie de vivre debout. Que faire ? Vous avez des Mugabe, des Sassou-Nguesso, dictateurs jamais rassasiés de l’argent et du sang des leurs. Vous avez Wade au Sénégal qui, naguère, chez moi, dressait le tableau du futur de son pays, avec lui à sa tête, dévoué au peuple… Tout cela va finir grâce aux Africains de la diaspora. Ils se mettent à se passionner pour leur pays natal. Certains rentrent chez eux avant que la Chine ait acheté toutes leurs terres. La France est out, nous n’avons pas de politique, sauf celle des potes. Pour en finir avec l’Algérie, madame Dati a, semble-t-il, de riches et puissants supporteurs dans ce pays. Après la couverture de Paris Match, se présentera-t-elle à l’Élysée en 2012 ? On le dit.
Avec l’heureuse libération de Clotilde Reiss, nous restons en Afrique, puisque Wade a été mobilisé. L’épisode a montré notre incohérence politique, celle de l’adjudant, avec ordre et contre-ordre et pas de côté. Quant à Kouchner, il nous donne toujours l’impression d’être l’invité d’un dîner de cons.
J’entends des gens qui agitent les chaînes du prisonnier Pierre Falcone, condamné dans l’Angolagate. C’est vrai qu’au moment où on libère madame Courjault, la congeleuse d’enfants, certains se demandent ce que Falcone fait en taule. Les juges auraient dû prêter plus d’attention à son statut, pourtant bien réel, de diplomate. En Angola, le riche pétrolier Dos Santos est furibard. Jadis n’a-t-on pas laissé filer un type de l’ambassade d’Irak qui avait pourtant tué un policier français ? À propos de diplomates, certains des nôtres ne sont-ils pas coincés dans le dossier, irakien lui aussi, de pétrole contre nourriture ? Sale affaire.