Post publié le 15 janvier 2009
Du grand ! Un certain Gérard Davet, soldat perdu du journalisme d’investigation, a commis dans le Monde un article dont la lecture édifiante devrait être conseillée dans toutes les écoles de lobbying et de communication où on voudrait enseigner l’art de la désinformation.
Que nous apprend le confrère ? Et bien, des documents découverts chez le tahitien Gaston Flosse, grand ami de Chirac, évoquent l’implication des proches du sénateur dans la disparition-assassinat du journaliste Jean Pascal Couraud, dit JPK,en 1997.
Venu discrètement en France en début de semaine, Flosse a été entendu par les flics financiers. Joli dialogue entre le sénateur et pote de Chichi avec les policiers : « Pourquoi n’avez vous pas transmis ces documents aux autorités judiciares ? » « Parce que j’ai trouvé cette affaire farfelue, » répond Flosse.
Farfelue bien sûr la disparition d’un journaliste qui enquêtait sur les frasques financières d’un certain Flosse ! Farfelus ensuite des documents où un ancien membre de sa garde présidentielle reconnait avoir participé à l’assassinat de Couraud et dit ses craintes de disparaitre lui aussi à son tour ! Farfelue enfin sa disparition brutale à la suite d’une étrange hémorragie interne, consécutive à une chute mal expliquée ! Vous avez dit farfelu, monsieur Flosse ?
Bien informé, le journaliste Davet omet pourtant de poser une question simple. Pour quelle raison Flosse est soupçonné par la Justice d’avoir souhaité la disparition de Couraud ? La réponse figure au dossier judiciaire. De nombreux éléments montrent clairement quelle est l’intuition du juge Jean-François Thevenet qui instruit,onze ans après les faits, cette tragique affaire.
Lors d’un séjour parisien voici un an, le juge tahitien a interrogé l’avocat de Chirac, Jean Veil ; saisi des documents chez lui ; fait auditionner les membres de la Dgse qui avaient eu à connaitre du compte Chirac dans les années 1996-2001 ; convoqué le général Rondot ; et enfin, insigne honneur, fait verser le livre que nous avons écrit Olivier et moi et qui est le sujet de clog, au dossier. Concrètement, cela veut dire que des policiers de la DNIF sont venus aux Arenes, notre éditeur, demander une copie du livre.
Sans parler de la note de l’avocat de JPK, maître Desarcis, où ce dernier relate par le menu les investigations de son client sur les dérives financières du duo Flosse-Chirac. Laquelle note, miraculeusement retrouvée onze ans après, est désormais versée au dossier comme l’avait raconté Bakchich fin décembre. Mais cela aussi a échappé à Gérard Davet qui ne lit pas assez Bakchich, et c’est un tort.
Mais tout cela, le journaliste du Monde ne sait pas, ne veut pas savoir. Et ce n’est pas faute d’avoir enquêté, puisque Gerard Davet s’est déplacé, voici un an, à Tahiti et consacré deux grandes pages dans le Monde sur ces dossiers. Il faut relire ce chef d’œuvre d’investigation d’où il ressort que ni Flosse, ni à fortiori Chirac, n’ont rien à voir dans la disparition de JPK. Circulez, il n’y a rien à voir.
Le Monde, sous sa plume, revient à l’affaire. Mais le journaliste, dont la curiosité n’est pas le fort, se limite aux éléments matériels qui peuvent nourrir les soupçons de la police, sans jamais évoquer le possible mobile de monsieur Flosse à l’époque. A savoir faire taire le courageux JPK qui en 1997 enquêtait sur les frasques financières de Flosse et Chirac, ces deux amoureux du Japon.
D’autres ont fait, comme Davet, le pèlerinage à Tahiti. Ainsi Magali Serre à France 3. Et le document qu’elle a produit sur les méthodes musclées de la garde de Flosse et les petits arrangemetns de Flosse au Japon est effrayant. La honte pour la République française d’avoir nourri en son sein ce roitelet corrompu.
La seule information dans l’article du Monde figure à la fin du papier. On y apprend que le juge tahitien, Jean François Redonnet, revient en février à Paris.
Pour quoi faire ? On ne le saura pas en lisant Davet. Le juge vient pour les soldes sans doute ? A moins qu’il n’ait à procéder, après avoir fait déclassifier de nombreux docs de la Dgse sur le compte japonais de Chirac, à quelques interrogatoires. Mais de qui ? Quelle personnalité peut il souhaiter interroger qui n’habite pas à Tahiti ?
Cher Gerard Davet, une devinette. Et si le juge Thevenet venait interroger Chirac ? Dans ce cas, on le sent, les lecteurs du Monde ne seront pas les premiers informés.
Pour l’instant, les Davet et d’autres, beaucoup d’autres, continuent à taxer d’obsessionnel l’auteur de ces lignes. Vous écrivez 250 pages au vitriol, sans aucun procès à la clée, sur un sujet qui vous paraît important ? Et bien, vous êtes un obsessionnel.
Je ne souhaite pas à ces aimables confrères, croisés tout au long de cette enquète, y compris hélas dans des journaux amis, que le juge tahitien aille au bout de son enquète. La relecture de leurs écrits et la desciption de leurs chausse trappes pourraient être une vraie rigolade.