Immobilier
À ceux qui soutiendraient encore que Gérard Collomb mène une politique de gauche, je vais raconter quelques petites histoires, qui seront édifiantes, pour un homme qui passe son temps à affirmer que le parti socialiste se porterait mieux s’il suivait les exemples des élus locaux pour sa politique nationale.
Commençons d’abord par une actualité pour le moins intéressante. L’Hôtel Dieu à Lyon était une institution vieille de 900 ans. François Rabelais y avait même exercé. Il est vrai que les locaux étaient âgés, mais c’est le lot de beaucoup des hôpitaux dans Lyon. Et cela n’empêche pas, par exemple, de garder l’hôpital Édouard Herriot en fonctionnement.
Mais il est vrai que l’Hôtel Dieu avait surtout pour principal inconvénient (ou avantage, selon le point de vue) de se trouver le plus proche possible du centre pour un hôpital, c’est-à-dire à quelques centaines de mètres de la place Bellecour, centre renommé de Lyon, sur la presqu’île.
D’ailleurs, cela faisait un moment que la ville se questionnait sur le devenir de l’Hôtel Dieu. Gérard Collomb, notamment, dans son programme aux dernières municipales, a affirmé vouloir reconvertir une partie de l’hôpital en hôtel de luxe, et bien sûr, garder une autre partie de l’hôtel Dieu en dispensaire, pour lui laisser une destination de services publics de santé.
Mais, cela, c’était une politique de gauche.
Maintenant, le réalisme dont se vante tant Gérard Collomb a fait son oeuvre. Le verdict est rendu, et cet hôpital qui avait gardé une destination de services publics depuis 900 ans va devenir un haut lieu de la privatisation de luxe. En effet, l’intégralité du bâtiment va avoir une nouvelle destination, en hôtellerie de luxe, bureaux de luxe, boutiques de luxe, bref, tout ce qu’il faut pour ceux qui ont de faibles revenus.
Ceci étant, la surprise n’est pas si grande. En effet, il n’y a guère que ceux qui veulent vraiment rester aveugles, et boire goulûment les paroles de notre bon prince, qui pouvait encore croire que cela se terminerait autrement. Rappelons quelques faits, qui laissaient présager cette fin.
Au précédent mandat, Gérard Collomb avait fait très exactement subir la même destination à l’Hôpital Debrousse, qui était un hôpital très réputé sur Lyon, car spécialisé dans la médecine pour enfants, et qui, lui aussi, a surtout eu le malheur de se trouver idéalement placé pour des investissements de luxe.
Cet hôpital composé de plusieurs bâtiments dans un parc très joli au pied de Fourvière, sous la cathédrale, et l’amphithéâtre gallo-romain, avec une vue sur tout Lyon, faisait des envieux. Ils le voulaient, ils l’ont eu : ce qui était un hôpital est à présent en train de devenir, là aussi, un haut-lieu du luxe : restaurants de luxe, hôtellerie de luxe, quelques logements de luxe, et… plus de service public ! Il est vrai que cela eut été du gâchis que de réserver un aussi bel emplacement à, par exemple, des HLM (entre autres). C’est bien connu, les pauvres ne savent pas apprécier la vue.
Voilà ce que Gérard Collomb appelle une politique de gauche, au niveau de l’urbanisme.
Pour mémoire, rappelons aussi que Gérard Collomb, dès le début de son premier mandat, avait clairement donné le ton en donnant une ancienne caserne, là aussi idéalement placé place Carnot au pied de la Gare de Perrache, un vaste bâtiment, à… l’université catholique, privée. Hé oui, on allait pas gâcher un aussi bel emplacement pour, par exemple, une annexe à l’université publique, des logements sociaux, des services de proximité, ou autre service rendu à la populace sans le sou !
Voilà, je l’espère, ce qui permettra à ceux qui continueraient de croire aux belles paroles de Gérard Collomb, ce grand donneur de leçons qui se donne en exemple de ce qu’est une bonne gestion de gauche, de savoir réellement à qui ils ont affaire.