C’était au début de cet été : Bakchich.info publiait ce qui pourrait être l’amorce d’une véritable enquête sur l’argent du Sidaction, alors que le procès qui m’oppose à Pierre Bergé et son association venait d’être reporté
Parmi les pièces réunies pour cet article on trouve un reportage audio réalisé par deux journalistes pour Bakchich, pour lequel elles m’avaient interrogé, mais sans préciser qu’il s’agissait d’une enquête sur l’argent du Sidaction…
En se rendant à la préfecture de police de Paris, où Sidaction est en principe soumis à rendre compte de son activité en tant qu’association reconnue d’utilité publique, elles ont constaté qu’il manquait « des pièces au dossier », notamment les montants donnés à chaque association soutenue par Sidaction…
Francis Gionti, responsable de la communication de l’association, s’en était étonné, reconnaissant qu’il y avait « peut-être eu un retard ou un raté dans un des services » ou « une personne qui n’a pas fait son boulot »… comme si l’association n’était pas comptable de l’action de ses salariés.
Le plus étonnant, c’est que ces deux journalistes ont réussi à avoir Pierre Bergé au bout du fil, alors qu’il est notoirement difficile à joindre, même pour certains des avocats qui le représente…
Que dit Bergé sur le fait que les associations membres du Comité associatif et/ou du Conseil d’administration reçoivent elles aussi des subventions de l’association :
Nous avons pensé, à juste titre, qu’on ne pouvait pas nommer un comité X ou Y qui allait recueillir ces fonds, mais que même si ça semblait un petit peu choquant, que ça ne devait être que nous, parce que nous étions juges et parties, c’était clair, mais nous étions juges parce que nous étions les seuls à pouvoir l’être, parce que nous étions les seuls à savoir ce qu’il fallait faire. C’est comme ça se passe, ça s’est passé comme ça depuis le premier jour, et ça continue comme ça.
Pourquoi Sidaction ne publie pas les montants donnés à chaque association ? Moi, je dirais que c’est pour des raisons historiques, car la répartition après le premier Sidaction était tellement inéquitable (les associations « fondatrices » se partageant le gâteau) que la dérive aurait été flagrante. Que répond Pierre Bergé ?
Est-ce qu’il faut communiquer, pas communiquer, ça je ne sais pas très bien. Pour moi, vous savez, c’est secondaire tout ça. L’essentiel, c’est que tout l’argent que nous reçevons, nous distribuons. Ça, c’est plus important que tout. Et que nous essayons de faire avec un peu [inaudible] d’équité.
Enfin, le plus consternant, c’est d’apprendre de la bouche de Pierre Bergé que Sidaction a « absolument besoin de soutien extérieur », juste après avoir été interrogé sur le montant de son soutien financier personnel à l’association qu’il préside, en réponse à la question : « Si vous, par exemple, vous décidiez de plus soutenir le Sidaction, est-ce que vous pensez qu’il serait encore viable, ou bien est-ce qu’il a encore besoin quand même de beaucoup de soutien extérieur ? »
Si cela est avéré, l’imposture du Sidaction éclaterait à nouveau au grand jour : on fait croire au grand public qu’il s’agit d’un appel à sa générosité, comme si la lutte contre le sida relevait de la charité et non pas de la solidarité. Dans les faits, personne n’est dupe, et le milliardaire est obligé de mettre la main à la poche pour sauvegarder son image de marque…
Le site lemegalodon.net avait réclamé que Bergé fasse « acte de transparence » et publie les montants que Sidaction distribue aux associations.
Lemegalodon.net a retranscrit l’intégralité du reportage audio de Bakchich, et je vous invite à le lire attentivement.
