Samedi dernier, je n’étais pas au Zénith.
J’ai regardé, comme beaucoup, les extraits diffusés sur le net du spectacle organisé par Ségolène Royal et ses soutiens.
Premier parmi eux, Pierre Bergé. C’est face à lui que je vais me retrouver le 17 octobre, à « la 17ème », où sont traitées toutes les affaires de diffamation, même les plus saugrenues…
L’affaire qui m’oppose, le « rien-du-tout » (et fier de l’être !) que je suis, face à un milliardaire socialiste concerne précisément les limites et les contradictions du marketing, de la politique spectacle et de l’abandon du fond au profit de la forme.
J’ai déjà expliqué ici comment, sous l’influence de Pierre Bergé et de quelques dirigeants associatifs aveuglés par l’odeur et le pouvoir de l’argent, une mobilisation exceptionnelle (celle du premier Sidaction, le 7 avril 1994) a été sacrifiée sur l’autel du pouvoir et de la pipolisation au détriment du combat commun des malades et de ceux qui partagent leurs vies pour survivre au sida.
Contrairement à Bercy, je ne crois pas qu’il y a des loges VIP au Zénith. Donc j’imagine Bergé assis au premier rang, avec la plèbe socialiste. Normal, il est le président du Comité de soutien de Ségolène, titre dont on déduit qu’il n’est pas sans rapport avec le fait qu’il aurait été son principal soutien financier pour la présidentielle.
J’imagine aussi la nuée de conseillers en communication et autres spécialistes en relations publiques qui ont concocté ce spectacle préparé si minutieusement.
Et tout cela me laisse un goût amer, comme un mauvais souvenir car cela me rappelle ce que Bergé et ses sbires ont fait à la lutte contre le sida : le spectacle, la « starification » de quelques-uns censés être l’incarnation du progrès, doublée d’une certaine arrogance à l’égard des autres qui, dans le fond, ne renvoie qu’à une seule chose : le pouvoir qui découle du fait qu’on tient les cordons de la bourse.
Pendant les années quatre-vingt-dix, avant que les traitements antirétroviraux ne fassent reculer la mort, un vieux militant communiste, proche de Rémi Darne, répètait à qui voulait bien l’entendre : « La lutte contre le sida nous impose une réflexion qui n’abandonne pas la lutte contre le pouvoir de l’argent »…