Quand Barak Obama est allé chercher son prix Nobel, accordé, en quelque sorte, « à crédit », il a été franc et clair : il a été élu pour défendre les intérêts américains, et c’est sa mission.

Et c’est ce qu’il est en train de prouver actuellement en Haïti. Où, très clairement encore, les Etatsuniens sont en train de s’imposer comme étant ceux qui vont réorganiser le pays, et comme étant ceux qui vont le reconstruire. Ce qui va leur permettre de faire coup double sur ce pays hautement stratégique, puisqu’à quelques encablures de Cuba. En reprenant l’ascendant diplomatique, et en drainant vers des entreprises américaines de reconstruction les fonds qui vont affluer massivement pour le reconstruire (dont, avouons-le, une grande part vient des Etats-Unis).

C’est donc bel et bien de l’impérialisme auquel on assiste, mais d’un nouveau type : l’impérialisme caritatif.

Dire que les États-Unis sont un pays impérialiste est une évidence : les guerres indiennes, la guerre de sécession, les guerres de conquête de la Californie, du Nouveau-Mexique, entre autres, l’ont largement prouvé. Plus récemment, la gestion de l’après-guerre de 39 - 45 en Allemagne et au Japon notamment, l’avait tout autant démontré.

Les multiples dictatures implantées en Amérique du Sud, en Asie, et ailleurs, par des coups d’Etat pendant la guerre froide était une autre forme d’impérialisme. Plus musclée.

Puis est venu l’ère, que les deux Bush illustrent bien, de l’impérialisme dit « défensif », qui consistait à démontrer qu’un pays était bourré de terroristes, et potentiellement dangereux, pour aller l’envahir sous couvert de le libérer, en détruisant les anciens responsables politiques accusés de tous les maux, pour mettre un gouvernement fantoche tout acquis aux USA. L’Irak en est un exemple parfait. L’Afghanistan tout autant.

Bien entendu, à chaque fois, le pays « conquis » doit être reconstruit, et, bien entendu, ce sont des entreprises américaines qui le font, trouvant ainsi des débouchés et drainant les capacités du pays à leur profit. En Irak, le pillage a été conséquent.

Le style de Barak Obama ne lui permettait pas ce type d’intervention. Mais, la crise aidant, et connaissant à quel point le monde caritatif est, aux Etats-Unis, un business, il n’est au fond pas si étonnant de voir une certaine synthèse d’idées et procédures se mettre en place. Et voici donc venu le temps de l’impérialisme « caritatif ».

À la décharge de Barak Obama et des USA, il faut bien reconnaître qu’ils ont été les premiers à réagir, à agir, pendant que les autres nations en étaient encore à se demander comment réagir. De plus, Haïti est un pays dont la détresse est connue de longue date, et pour lequel finalement au fond, personne ne réagissait vraiment.

Dans ces conditions, comment diable condamner les USA d’être en train d’agir ? Dans l’état où était ce pays, au fond, on peut même aller jusqu’à se demander, avec cynisme certes, mais avec réalisme aussi, s’y passer sous domination américaine ne serait pas une des plus grandes chances proposées aux Haïtiens.

Ceci étant, est-il pour autant raisonnable et humain de faire comme si l’on n’avait rien vu, et de ne pas réagir face à ce qui est quand même de l’impérialisme, et même doublé d’un cynisme certain ? N’y a-t-il pas risque de voir cela se répandre ?

Mais surtout, surtout, les questions que l’on doit se poser sont :

 pourquoi diable n’avons-nous pas réagi avant ? Haïti est en état de catastrophe permanente depuis si longtemps, à deux pas de Saint-Domingue où nous allons en vacances… Et nous attendons cette catastrophe pour effacer la dette ?

 Qu’attendons-nous pour réagir aussi pour les autres pays en catastrophe permanente ? Une catastrophe qui leur donnera droit à être aidés ?

 Ne nous sentirons-nous donc concernés par la misère, la mort, que lorsque les caméras sont pointées ?

 En ces temps de questionnement sur l’Identité Nationale, ne serait-il pas bon de nous rappeler que la patrie de Rousseau, Voltaire, Diderot, Zola, entre autres, gagnerait à retrouver sa tradition humaniste ?