Philippe Séguin n’était même pas encore enterré que, déjà, la succession attisait les convoitises. Et Marianne s’interrogeait fort à propos pour savoir, d’une part qui allait désigner le nouveau président de la Cour des Comptes, et, d’autre part, pour lister les éventuels candidats.
Il est vrai que Philippe Séguin, si encensé après sa mort par ceux qui, de son vivant, le considéraient plutôt comme un sacré caillou dans la chaussure, avait su donner à ce poste l’importance qu’il mérite. Il avait su garder son indépendance, et pointer les incohérences, les fautes, et les erreurs, d’une manière assez impartiale, et, en tous cas, avec un certain brio.
N’en doutons pas, son successeur ne sera certainement pas de ce genre-là. Il va de soi que tant Sarkozy que Guéant et Guaino ne vont certainement pas mettre quelqu’un d’indépendant et d’actif à un poste qui peut s’avérer si gênant.
J’ai pourtant été très surpris de ne pas découvrir dans la liste des successeurs potentiels à ce poste notre grand ami Gérard Collomb.
Je me permets donc d’interpeller Messieurs Sarkozy, Guéant, et Galindo, pour leur signaler celui qui pourrait devenir un sacré candidat.
En effet, la politique générale de la ville menée par Gérard Collomb, doit pourtant prouver à ceux qui vont décider que ce n’est certainement pas du côté de Gérard Collomb qu’il risque de trouver quelqu’un qui va critiquer leur façon de concevoir l’économie. Il n’hésite pas à demander à son grand ami Aulas s’il faut ou non virer un de ses adjoints gênants (Tête) pour le Grand Stade, il se vante partout de privilégier l’économique, et ses amis patrons, et il développe Lyon d’une manière outrageusement non sociale (puisque, clairement, il transforme progressivement des zones entières d’habitat social en habitat plus huppé, il pousse à la construction de grandes zones de bureaux, y compris dans d’anciens locaux publics).
De plus, les amitiés prononcées de Gérard Collomb avec Aulas, Michel Mercier, j’en passe et des meilleurs, sont bien là pour prouver qu’il peut aussi devenir « fiable » du point de vue politique.
De même, ses manières d’agir pour noyauter le milieu journalistique, pour couvrir des magouilles pas possibles (voir le Sytral, voir le placement de sa femme à la région, voir les dons de l’ancienne caserne de la place Carnot aux écoles privées, de l’hôpital de l’antiquaille et de l’Hôtel-Dieu au privé directement, entre autres), ainsi que sa manière de gagner le Grand Lyon alors qu’il était minoritaire par l’achat d’élus de droite en échange de bonnes places, vont dans le bon sens. Elles montrent bien que Gérard Collomb serait un président de la Cour des Comptes tout à fait capable de comprendre certaines réalités, et de rendre des rapports plus « doux », pourvu qu’il y trouve aussi son compte !
Non, vraiment, je ne vois pas pourquoi personne ne penserait à Gérard Collomb pour remplir cette fonction.
Et, dernier argument, en plus, Gérard Collomb a la réputation basée sur de solides arguments de ne franchement pas être quelqu’un de bien assidu au Sénat ! Et c’est peu dire (rappelons que c’est sa propre femme qui déclarait qu’elle ne craignait pas que son mari la trompe lors de ses déplacements à Paris au Sénat, parce qu’il n’y allait quasiment jamais !). Donc, on peut tout à fait concevoir qu’il aurait tendance à s’occuper de la Cour des Comptes de la même manière, ce qui ne serait certainement pas pour déplaire au pouvoir en place !
Cette nomination, si elle avait lieu, aurait aussi deux avantages. D’une part, ce serait de nouveau un signe d’ouverture. Mieux, cela pourrait même être utilisé adroitement par la droite pour montrer sa volonté d’égalité républicaine, sa volonté de justice neutre ( !). Et, surtout, la place serait suffisamment attirante pour que Collomb puisse être sérieusement incité à l’accepter. Ce qui mettrait un beau bordel au parti socialiste (et ça, ce n’est certainement pas ce qui déplairait au pouvoir actuel), que Collomb accepte ou nom d’ailleurs ( !), et pourrait permettre à la droite de reprendre pied dans l’agglomération lyonnaise. En effet, Gérard Collomb a déjà prouvé que ce n’est certainement pas lui qui hésiterait à ouvrir davantage ses listes à la droite, lui qui a déjà choisi de nommer comme adjoint aux finances de la ville de Lyon un avocat UMP !
De plus, comme il serait un peu plus occupé au niveau national, cela pourrait permettre à la droite lyonnaise de se refaire une santé, pour peu qu’on la laisse enfin libre de se débarrasser de cette calamité de Perben, qui n’a vraiment rien compris à la ville de Lyon, et qui, par ses maladresses cumulées, a réussi à se mettre à dos tous les cercles décisionnels, ainsi que la population, de Lyon !
Pourtant, en choisissant adroitement un candidat centriste (un UMP modéré, un Nouveau Centre, ou même un Modem « ouvert » comme Michel Mercier), la droite pourrait même reconquérir la ville.
Et pourquoi pas même un ticket délibérément « apolitique » composé de Thierry Philip et de Michel Mercier ? Ce n’est un mystère pour personne que les ambitions de Thierry Philip vont exponentielles (je guette un dépôt de « thierryphilipp2012.com », ou « Thierryphilip2017.com »), et que ce sera probablement, avec ou sans l’accord de Gérard Collomb, le prochain candidat pour les municipales. En tous les cas, il s’y emploie, le bougre !
À moins que… et si l’UMP avait l’intelligence de proposer à cet homme à l’ambition démesurée, Thierry Philip, frère de Christian Philip très bien implanté à l’UMP, de devenir ministre d’ouverture, ou, pourquoi pas, président de la Cour des Comptes lui-même ?
Ça, alors ça, ce serait un sacré coup !
M. Sarkozy, la balle est dans votre camp !