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Du dérapage autocratique de nos grands partis…

5 avril 2009 à 13h46

De l’UMP au PS en passant par le MoDem, la dérive autocratique devient de plus en plus flagrante : c’est le chef qui décide de tout, et malgré toutes les annonces de démocratie, les militants obéissent, voire sont considérés comme des esclaves. C’est flagrant à Lyon, mais pas que là…

On peut à ce sujet se remémorer les désignations par Bayrou des têtes de liste du modem pour les élections municipales, ce qui était assez hilarant dans un mouvement qui venait de prendre le nom de mouvement démocrate ! Tellement démocrate qu’à Lyon, cela a abouti à 3 issues : Azouz Begag s’est retiré avant d’être désigné, Christophe Geourjon, à peine désigné, a rejoint Perben (en voilà un qui doit regretter amèrement sa décision…), et enfin Eric Lafond a été jusqu’au bout…

Mais il n’y a pas que là que la dérive est engagée. En effet, il n’y a qu’à voir depuis une dizaine d’années la vague énorme d’arrivée de la société civile pour s’en convaincre.

Société civile, un joli nom pour masquer l’arrivée massive des a-politiques dans le monde politique. Alors qu’avant, ceux qui rentraient dans la politique sans convictions, mais à la recherche de places, camouflaient cela sous un vernis superficiel de conviction, maintenant la situation est inverse, un militant qui a des convictions a intérêt à les cacher s’il veut pouvoir obtenir des places éligibles ! En effet, et on en voit clairement la méthode sur Lyon, pour un autocrate, il est de loin préférable d’avoir des gens qui n’ont pas de conviction, et sont donc « achetables », et surtout se plieront à vos volontés, qu’un militant avec conviction qui risque de ne pas être d’accord toujours avec vos décisions. De tout temps les convictions ont été trop lourd fardeau pour les bons courtisans…

Et oui c’est ça la démocratie. Enfin, la vision qu’en ont certains…

Quelques illustrations sur Lyon ?

Thierry Philip, élu au Conseil régional, placé vice-président, et qui prend sa carte du PS un an plus tard, pour « s’ouvrir des horizons »…

Un jeu de chaises musicales hilarant sur les listes PS aux municipales : Le 7ème a ainsi récupéré Evelyne Haguenauer dont le 8ème ne voulait plus, et Yves Fournel en recherche de liste et dont peu voulaient, le 8ème a récupéré Thierry Braillard qui a quitté le 5ème, et Louis Lévèque a quitté le 8ème pour le 9ème… Bref, chez Guignol, les chaises musicales, nous, on aime bien !

Mais à l’UMP, ça a été pareil : aux dernières municipales, il y avait tant de « sociétés civiles » que les militants UMP n’avaient guère le cœur à l’ouvrage…

Ségolène Royal, le discours de Dakar, la droite, et Najat Belkacem, ex porte parole de Ségolène Manifestations : Collomb n’aime pas le bitume !

4 Messages de forum

  • Malheureusement les exemples ne manquent pas, Collomb a imposé Anne Sophie Condemine au nom de l’ouverture et de ces liens avec certains élus du Modem. Non seulement cette dernière était en possition d’être élue mais en plus Collomb en a fait son adjointe à l’emploi et à l’insertion, pour quelqu’un qui n’a jamais travaillé c’est quand même le comble, les militants PS doivent être content. La série noire peut continuer avec Najat Belkacem qui c’est retrouvée militante PS une foi élue (l’amitié de Mme Collomb vaut bien plus que le choix des militants). On peut également évoquer le cas de la maire du premier arrondissement de Lyon, elle se présenta un beau jour de printemps au local de campagne de Collomb pour y faire son stage. En créant des élus de toute pièce Collomb espère ainsi une fidelité sans faille, or la maire du premier est une épine dans son pieds.
  • Du dérapage autocratique de nos grands partis…

    6 avril 2009 16:00, par O range, O désespoir !

    Vous auriez pu ajouter l’amusante législative partielle de mai 2008, qui opposait un MoDem imposé par Collomb (Thomas Rudigoz), un MoDem "canal authentique" (Anne Pellet) et un UMP avec suppléant MoDem (Marc Augoyard). Le MoDem national n’avait officiellement investi personne et n’avait pas pris parti.

    Difficile de lire les tribulations du MoDem à Lyon sans décoder l’action toujours souterraine de Michel Mercier. Bayrou est certes un grand autocrate (quel candidat à la présidentielle ne l’est pas ?) mais dans le Rhône et au Sénat, il doit encore composer avec Mercier.

    En décembre 2007, la primaire démocrate pour les municipales lyonnaises opposait pour l’essentiel le trio Begag-Lafond-Vesco au trio Geourjon (à l’époque secrétaire départemental du mouvement et qui avait troqué sa casquette pour se déclarer candidat 5 minutes avant la clôture des listes) Condemine-Augoyard.

    Suite à des pressions supposées de Mercier, Begag a explosé en vol, annonçant son retrait surprise de la course sur le plateau de Canal+… pendant que les militants l’attendaient à Lyon pour débattre avec Geourjon.

    La torpille Mercier a plutôt bien fonctionné. Vesco rejoint Collomb, Geourjon-Condemine-Augoyard, désignés par défaut, jurent leurs grand dieux qu’ils veulent monter une liste indépendante tandis que Lafond fédère les militants indépendantistes qui ne croient pas aux déclarations d’intention de Geourjon. Sans légitimité militante et très loin des 211 candidats nécessaires, Geourjon finit par jeter l’éponge fin janvier, ses têtes de liste et lui-même se redistribuent en pluie fine sur les listes Collomb et Perben… qui se frottent les mains. À tout le moins, Geourjon a bloqué toute campagne démocrate jusqu’à 6 semaines avant l’élection !! Bayrou adoube finalement Lafond, seul candidat démocrate disponible, qui dépose sa liste en catastrophe (et avec péripéties), et sauve en une poignée de semaines l’honneur du MoDem à Lyon… et rien de plus !

    À noter que courant janvier, Collomb avait rencontré Bayrou, tandis que Mercier était souvent vu du côté de l’Élysée…

  • Une petite différence cependant, les "société civil" de l’UMP n’ayant pas été élus n’ont pas de responsabilités. Après on se pose la question de la valeur au niveau du fonctionnement de la démocratie et des compétences de ceux qu’on recase car ils embarrassent (et que vous citer : Braillard, Haguenauer, Fournel, Lévèque etc…). Les nouveaux venus issus de la "société civile" ne sont-ils pas au moins reconnu dans leur métiers respectifs ? Collomb n’aurait-il pas fait entrer des compétences à la Mairie ?

    Pour le cas de Christophe Geourjon, vous allez vite en besogne… par rapport au jusqu’auboutiste Eric Lafond… regardez-y de plus près avant de pensez qu’il ait quelques chose à regretter.

    • Du dérapage autocratique de nos grands partis… 6 avril 2009 18:54, par O range, O désespoir !

      "Pour le cas de Christophe Geourjon, vous allez vite en besogne… par rapport au jusqu’auboutiste Eric Lafond… regardez-y de plus près avant de pensez qu’il ait quelques chose à regretter."

      Geourjon ne regrette sans doute pas grand chose en effet, merci pour lui. Il se retrouve élu communautaire au prix d’un investissement personnel très limité (se faire prendre en photo avec Perben).

      Entre lui qui prétendait monter une liste indépendante (mais savait au fond qu’elle n’existerait pas, comme en témoignent ses préparatifs presque invisibles en interne, ses réunions de militants qui peinaient à réunir 10 personnes, ses actions de campagne plus que timides) et Lafond qui voulait afficher d’emblée l’indépendance aux deux tours, la communication ne pouvait se faire. L’un voulait une liste à tout prix, l’autre pas.

      Le résultat, c’est que les 7 élus MoDem de Lyon l’ont été sur 3 listes différentes (Collomb 3, Lafond 1, Perben 3), que cet héritage entretient les dissensions au sein du MoDem du Rhône, bien plus sûrement que ne le ferait un nombre d’élus plus modeste mais unis. Mais n’était-ce pas l’objectif des adversaires ? Et celui de Mercier qui a souvent divisé pour régner ?

      Le message tant pour les électeurs que pour les militants était totalement brouillé et la ligne directrice du parti illisible.

      À défaut de mener au succès, la ligne Lafond a au moins eu à tout moment le mérite de la lisibilité.

      Par la suite, lors de la désignation des VP de la communauté urbaine, à l’exception de Vesco (dont le rang protocolaire évoque plutôt la prime du tout premier à trahir son camp), les VP MoDem ont tous été élus sous leurs propres couleurs. Les seuls MoDem qui pèsent à la COURLY ne le doivent qu’à eux-même, pas à une stratégie d’alliance. C’est la morale de l’histoire qui, à mon sens, valide la stratégie jusqu’auboutiste de Lafond.