A la Une de Bakchich.info
Bakchich : informations, enquêtes et mauvais esprit
Bakchich : informations, enquêtes et mauvais esprit

Défense muette face à l'œil de Moscou

3 novembre 2008 à 12h22

Quatre jeunes de 18 à 20 ans comparaissaient en fin de semaine dernière devant la 23e chambre pour violence aggravée dans un Noctilien, réseau de bus circulants sur Paris entre 0h30 et 5h30 du matin. Leur victime, agressée parce qu’« habillée fashion », a écopé de quatre jours d’ITT. Inconnus jusque-là des fichiers de police, les quatre étudiants d’origine française et franco-tunisienne ont été obligés de reconnaître leurs actes après avoir été confrontés au visionnage de la vidéo. Une affaire qui démontre le changement de donne face à des faits filmés.

Aux environs d’1h30 cette nuit d’octobre, quatre jeunes rentrent chez eux dans le quartier du Père-Lachaise après avoir fêté l’anniversaire de l’un d’entre eux chez une amie à Montparnasse. Ils n’ont pas bu, sont excités par leur soirée, et montent à bord du Noctilien sans avoir pris de tickets. Les jeunes s’assieds à l’arrière du bus quand un autre individu, de taille moyenne et plutôt maigre, grimpe à son tour. Sabri, meneur du groupe, admet : « Je l’ai insulté en premier en le traitant d’artaïl, homosexuel en langue arabe. Mais je ne m’adressais pas directement à lui. En le voyant rentrer dans le bus, j’ai simplement dis à un de mes potes : “Regarde ce artaïl” ».

« Et pourquoi l’avoir traité ainsi ?, interroge la présidente.

- C’était par rapport à son style vestimentaire. Il était en jogging et un peu fashion ». La victime connaît quelques mots d’arabe et réagit à l’insulte : « Il m’a agressé direct, déclare Sadri. Il m’a dit : “Comment tu m’as appelé ? Sale arabe ! Fils de pute !” Là, j’ai vu rouge, c’est vrai ».

Sabri est fils unique – et face à cette offense envers sa mère qu’il «  aime plus que tout », il se jette sur sa victime à coups de pieds et de poings. Le machiniste déclenche l’alarme insonore et la caméra s’enclenche.

La présidente : « Lors de votre assaut, on voit très bien sur cette photo la victime partir en arrière sous la force du premier coup et le principal suspect, vous Monsieur X., en train de rire. La vidéo prouve que vous rigoliez. Elle montre aussi, et on le voit sur ces images numériques, que vous vous êtes acharnés sur lui au sol. On lit notamment sur le rapport de police : “A 1h 49mn et 39sec, M. X marche sur la victime”. Savez-vous qu’en lui marchant dessus ainsi, vous auriez pu le tuer ? En plus, la victime n’est vraiment pas du genre costaud. Combien de coups lui avez-vous porté ?

- Je ne sais pas, j’étais en train de le frapper… Je n’ai pas compté ».

Pour le procureur, aucun doute, il s’agit bien là d’une agression à orientation sexuelle : « On a clairement voulu “casser du pédé”. La vidéo montre clairement les faits. Nous avons une minute entière de violence pure, où l’on entend des rires, des ricanements et des individus qui tapent des mains en encouragement. On a ensuite dix secondes de calme, le temps que la victime reprenne ses esprits – on la voit même remettre sa chaussure. Et puis les accusés reviennent pour un deuxième round où, pendant 40 secondes, vous le frappez à terre ».

Maître le Boucher, avocat de la défense, réfute l’orientation sexuelle de l’agression, mais se doit de reconnaître la gravité des faits. Verdict : douze mois d’emprisonnement dont huit fermes pour le principal accusé et six fermes pour ses trois complices. Une peine lourde selon la défense, d’autant que le mandat de dépôt est exigé.

C’est dire l’efficacité de la vidéosurveillance dans la recherche de vérité, mais aussi dans la sanction. Dans un état policier où les faits ne sont plus contestables et donc plus du tout contestés, les droits de la défense à garder le silence, à ne pas dire toute la vérité, sont tout doucement rognés.

Au pénal pour 5 euros (en petite monnaie) À la barre, l’agent RATP défend sa défonce au haschich

9 Messages de forum

  • "Dans un état policier où les faits ne sont plus contestables et donc plus du tout contestés, les droits de la défense à garder le silence, à ne pas dire toute la vérité, sont tout doucement rognés. "

    Cette phrase est scandaleuse. Des ordures agressent gratuitement, à quatre contre 1, jusqu’à l’agonie une personne, on les retrouve et on se plaint qu’ils ne peuvent plus mentir !!!

    Vous n’avez jamais été agressé.

  • Défense muette face à l’œil de Moscou

    3 novembre 2008 13:51, par anayak
    "les droits de la défense à garder le silence, à ne pas dire toute la vérité, sont tout doucement rognés", étonnant ce besoin de penser en premier aux droits des coupables plutôt qu’à ceux de la victime pour une justice équitable.
    • Défense muette face à l’œil de Moscou 3 novembre 2008 14:51, par ToOmS

      Le problème, avec les caméras, c’est qu’elles oublies de citer les antécédents et circonstances atténuantes des accusés. ’faut régler ça au plus vite en les couplant avec Edvige (ou son fichier de remplacement).

      Voilà un outil qui permet de confondre la victime, l’amène à s’expliquer devant la justice et permet à celle-ci d’être rendue ; et on râle encore parce que, du coup, c’est trop facile… En revanche, quand c’est un cinéaste qui "attrape" un groupe des forces de l’ordre en train de tabasser un "jeune" en bas de chez lui, tout le monde trouve ça cool…

      Je ne juge pas ; je constate.

  • Défense muette face à l’œil de Moscou

    3 novembre 2008 14:20, par trastaroot

    "Dans un état policier où les faits ne sont plus contestables et donc plus du tout contestés, les droits de la défense à garder le silence, à ne pas dire toute la vérité, sont tout doucement rognés. Attention délinquants avant de taper, vous êtes filmés."

    le jour ou vous vous ferez agressez, je viendrais pour vous foutre de votre gueule et vous dire que c’est de votre faute….. Totalement irrespectueux des victimes, vous preferez sans doute un etat sans police et sans autorite ; la loi du plus fort alors ! belle mentalite, et vraiment decu que backchich cautionne ce genre de propos ! Vous ne meritez que le mepris !

    (desolez pour les fautes d’accent, mon clavier ne les prends pas en compte)

  • Et les CRS de Calais ?

    3 novembre 2008 18:34, par fred131

    Vous savez ceux qui ont menti et pas qu’un peu sur l’état d’excitation d’une bande de jeunes dans un hypermarché du nord de la France ?

    ben un avocat a fait son boulot et a demandé les cassettes de vidéo surveillances du magasin. Qu’a-t-il vu au visionnage ? un contrôle classique sans aucun mouvement d’humeur des jeunes en question.

    Conclusion : malgré toutes les demandes de sanctions des CRS en question, jamais eu de nouvelles …

    Encore une fois le problème c’est l’équité

  • Défense muette face à l’œil de Moscou

    3 novembre 2008 19:20, par Coligny

    Ca deviens provoc juste pour faire de la provoc…

    Sur… un article sur 4 punks decide de casser du pd et finissent au gnouf grace a la video surveillance ca serait moin vendeur, et pas dans la ligne editoriale… Je suis totalement contre le sur-fichage et la video surveillance intrusive. Mais combattre l’exces par l’exces et sans finesse de surcroit me parait plutot contre productif…

    • Défense muette face à l’œil de Moscou 3 novembre 2008 21:50, par Bese

      Où voyez-vous 4 punks ?

      Si vous associez délinquance à punk, c’est que vous ne devez pas bien connaitre ce mouvement : http://fr.wikipedia.org/wiki/Punks

  • Défense muette face à l’œil de Moscou

    3 novembre 2008 19:22, par xtph

    Dans un état policier où les faits ne sont plus contestables et donc plus du tout contestés, les droits de la défense à garder le silence, à ne pas dire toute la vérité, sont tout doucement rognés. Attention délinquants avant de taper, vous êtes filmés.

    la vidéo offre une preuve inconstestable donc elle diminue les droits de la défense, ben voyons.

    d’une part une vidéo n’est pas plus inconstestable juridiquement et factuellement qu’un témoignage, ou que n’importe quel moyen de preuve, expertise comprise. D’autre part il n’y a pas que les Etats policiers qui recherchent des preuves inconstestables, les gens qui ne veulent pas envoyer en prison un innocent aussi s’intéressent à ce genre de preuve. On peut même penser que les journalistes d’investigation cherchent aussi des preuves inconstestables de leurs affirmations. Bref la recherche de preuve inconstestable est le but normal d’une enquête bien menée et certainement pas la marque d’une dérive.

  • Défense muette face à l’œil de Moscou

    11 novembre 2008 14:01, par gilles

    "Dans un état policier où les faits ne sont plus contestables et donc plus du tout contestés, les droits de la défense à garder le silence, à ne pas dire toute la vérité, sont tout doucement rognés."

    Ben, non… Leur droit à ne pas dire toute la vérité n’est pas rogné du tout. Ce qui est rogné, c’est l’efficacité de leurs mensonges, c’est tout.

    Le but, c’est la justice, non ? Une décision basée sur des informations qui contiennent moins de mensonges sera plus exacte, plus "juste", non ?

    Y a-t-il jamais eu un droit de tricher ? Je ne pense pas. La tricherie est juste moins facile, et la justice ne peut qu’y ganer.