Il est 4h30 du matin ce 2 novembre quand la police est appelée dans le quartier de la gare Montparnasse pour un « vol à la tire sous la menace d’une arme ». B.B. comparaissait hier devant la 23e chambre pour ce « vol avec violence ». Au final : pas d’arme. Et trois à cinq euros en « petite monnaie » échangés de la main à la main. Retour sur le procès d’un rien du tout.
Certes, B.B., 22 ans, d’origine algérienne, a un casier judiciaire bien garni : recel, usage de stupéfiants, vol, menace aggravée… Cette nuit-là cependant, le seul tort de B.B. semble d’avoir trop picolé. Au point d’en oublier de fouiller ses propres poches.
Au petit matin donc, B.B. sort de la boîte de nuit le Redlight où il a passé quelques heures à boire, « de la bière en début de soirée, puis du rhum ». Essoré et aviné par sa nuit de fête, B.B. ressent une forte fringale et veut « s’offrir un grec ». L’homme est tellement saoul qu’il en oublie de fouiller ses poches, où il a en fait largement de quoi se payer son sandwich. Il décide de « taxer » pour manger et arrête un homme, appelons-le Maurice, accompagné de sa sœur. D’une façon qui demeure peu claire malgré l’enquête, trois à cinq euros en petite monnaie sont alors cédés par Maurice à B.B., puis les deux hommes se séparent et B.B. s’en va chercher son grec.
La « victime » s’aperçoit alors qu’elle a été distanciée par sa sœur et se dit que la « disparition » de celle-ci a peut-être quelque chose à voir avec cet individu qui vient de le « taxer ». Il s’inquiète. Et appelle la police. Une patrouille arrive sur les lieux. La victime grimpe dans leur voiture à la recherche de B.B. qui détale aussitôt. Réflexe conditionné semble-t-il expliquer.
Là, tout se complique. La victime, qui dans un premier temps avait parlé d’un "couteau de 10cm", admet lors de l’enquête que ce couteau n’a jamais existé. Il maintient cependant que B.B. lui aurait dit : « J’ai une arme, je vais te planter » - ce que nie B.B. Un autre témoin confirme qu’il n’y a pas eu de couteau, pas eu de menace, mais « un poing posé sur la joue » du Maurice.
Excédée, l’avocate de la défense s’emporte : « D’abord on a un couteau, puis, plus de couteau. On nous parle de violence, puis d’un poing posé sur la joue. En tout cas, il n’y a jamais eu de coup. On nous parle de vol, puis de 3, 4 ou, au pire, de 5 euros “donnés”. La victime elle-même était imbibée d’alcool au point de perdre sa sœur, raison pour laquelle la police a finalement été appelée. Si cette sœur n’avait pas disparu temporairement de sa vue, jamais mon client n’aurait été mis en cause ». L’avocate supplie : « Oui, mon client a un casier. Mais s’il vous plaît, je vous demande une décision de justice qui ait un lien avec les faits qui lui sont reprochés, c’est-à-dire rien dans le dossier ».
L’avocate est entendue. B.B. est relaxé au bénéfice du doute.