Un « vaccin » existe déjà (en fait depuis 1994) pour empêcher la transmission du virus du sida de la mère à l’enfant. Ce n’est pas un vaccin au sens classique, mais c’en est un en terme de résultat : les mères séropositives qui sont bien suivies et qui bénéficient d’un traitement antirétroviral efficace sauvent non seulement leurs propres vies (car ces traitements permettent aux séropositifs de vivre aussi longtemps que des séronégatifs) mais bloquent la transmission du virus à leurs enfants.
Le 23 septembre 2009, Carla Bruni était à New York, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, pour le dire haut et fort : « Tous gardent espoir, car les médicaments sont là, à présent, et des mères malades peuvent donner naissance à des bébés en pleine santé », mais « à peine un tiers des futures mamans séropositives ont accès au traitement qui éviterait de transmettre le virus à leur enfant ».
Cette « immense injustice » a une solution : l’accès universel au traitement. Pourtant, une fois n’est pas coûtume, pratiquement personne n’aura entendu parler de cette annonce de Carla Bruni à New York… pour cause de surenchère médiatique autour de l’annonce de résultats préliminaires d’un essai vaccinal en Thaïlande.
Ainsi, les journalistes comme le grand public sont passés, une fois de plus, à côté de la nouvelle la plus importante depuis l’arrivée des antirétroviraux : les « trithérapies » non seulement sauvent des vies, mais empêchent la transmission du virus !
Interrogée par une mère séropositive qui demandait quand ses filles auraient accès à un vaccin contre le VIH, Françoise Barré-Sinoussi, prix Nobel de médecine 2008, l’avait clairement expliqué : « Je fais partie des chercheurs qui estiment qu’on a trop donné de dates. (…) Ne donnons plus de dates, continuons a avancer dans le domaine de la recherche vaccinale. Je suis comme tout le monde, j’espère bien qu’il y en aura un. En attendant il y a l’utilisation des antirétroviraux en prévention. »
« Sida : le vaccin de l’espoir ». Voici le genre de titre qu’on a pu voir ou entendre dans les médias depuis l’annonce par la presse des résultats préliminaires d’un candidat-vaccin en Thaïlande.
Roselyne Bachelot-Narquin, ministre de la Santé et des Sports, a contribué à cet emballement en saluant « cette avancée majeure », déclarée « un grand espoir dans la lutte contre cette maladie », alors que d’autres personnalités — plus susceptibles de savoir de quoi ils parlent — ont fait preuve de prudence, comme le professeur Willy Rozenbaum qui a rappelé qu’« on est très loin d’avoir abouti à quelque chose d’utilisable pour protéger la population », tout en insistant, lui aussi, sur le fait que « le traitement des personnes contaminées est sans doute une des meilleures préventions ».
Alors, à quoi aura servi l’essai thaïlandais ? Dennis Burton et d’autres grosses pointures de la recherche vaccinal s’interrogent déjà si les résultats de l’essai seront à la hauteur de l’espoir suscité. Dèjà, en 2004, ces mêmes chercheurs avaient dénoncé, le lancement de cet essai…
Le vaccin contre le sida n’existe pas aujourd’hui, mais une personne est sur la bonne piste. Non, il ne s’agit pas de ces fameux chercheurs américains et thaïlandais qui occupent l’espace médiatique…
Aujourd’hui, mardi 29 septembre 2009 à 17h sur le site survivreausida.net, Jean-Daniel Lelièvre, médecin en immunologie à l’hopital de Créteil et le professeur Willy Rozenbaum, président du Conseil national du sida, doivent intervenir en direct pour parler plus en détail de cette étude vaccinale menée en Thaïlande et des pistes viables pour en finir avec l’épidémie.
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