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Bakchich : informations, enquêtes et mauvais esprit
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Urgence

26 mai 2010 à 19h56

Je ne sais pas à quelle sauce, je vais être mangé. Le Joueur me laisse entendre qu’il faudra faire vite avec la contre-matière. Notre triolisme avec l’Africain, notre premier ami-amant, sera impérieux pour que de nos corps et de nos ondes les briques de matière de l’Eden apparaissent sur la planète. Par exemple un téléphone en état de marche pourra surgir de nulle part : il sera fait en contre-matière. Tous les objets et biens matériels seront créés de cette manière. C’est la raison pour laquelle il n’y aura plus besoin de travailler sauf pour assurer le service dans les cafés et restaurants et certaines autres activités pour lesquelles l’humanité se partagera un très mince temps de travail. L.’abondance sera là. Mais ce sera comme si nous partions presque de zéro. Il y aura tellement à faire.

La priorité sera mise sur les bidonvilles et les banlieues du monde entier. Des maisons les remplaceront. Elles auront les formes rêvées par leurs habitants, sauront se conjuguer avec celles de leurs voisins. Tout cela sera produit par les effets de nos ébats érotiques, le Joueur, notre amant et moi. Ils auront la capacité de faire grossir la terre, agrandir des espaces, faire apparaître sans heurts des plages supplémentaires, créer les meilleures nourritures, des draps en soie, que sais-je ce dont tout un chacun éprouvera le besoin. Evidemment gratuitement. On imagine aisément la révolution douce que cela provoquer du côté du pouvoir économique et politique : ils seront à genoux. Et nous, le Joueur et moi, nous serons tout le contraire du pouvoir ou de la moindre idée de puissance. Nous ne serons que des vecteurs, des étincelles, des catalyseurs de la volonté cosmique d’installer pour l’humanité ce qui pourra enfin être défini et vécu comme du bonheur : la liberté, l’intensité des désirs et des plaisirs, l’insouciance matérielle, la capacité de chacun à se dépasser, à créer indéfiniment, à profiter des œuvres des autres, à goûter à la légèreté et à la profondeur du Jeu, à vivre l’évidence de l’existence de l’égalité, avec son corolaire le goût de la singularité, de la fantaisie, de l’humour de chacun. Il faut aussi imaginer la disparition totale des guerres, des armes, des pulsions criminelles et délinquantes, un formidable élan d’amour et de libertinage qui ne contrarieront pas l’essor des couples, doués d’une nouvelle facilité de parler, d’envie de complicité plus forte, de confiance décuplée.

Il faudra faire vite et je sais que tout cela ne sera pas possible aussi rapidement sans le concours de notre premier amant l’Africain, notre deuxième amant, le Guyanais et une kyrielle de footballeurs, prêts à vivre la grande liberté d’ébats amoureux un peu particuliers. Je dois assumer et le reconnaître : depuis quatre ans que je suis les matches de football à la télé, les joueurs m’apparaissent de plus en plus comme de véritables bombes sexuelles. Assez vite, le Joueur m’avait indiqué qu’il était attiré par la pratique du triolisme, voire de me mettre en scène avec une multitude d’hommes étant entendu qu’il m’accompagnerait d’une manière ou d’une autre. J’avais la confirmation qu’il me connaissait depuis longtemps, avait exploré l’ensemble de mes phantasmes et pris la mesure de l’intensité de mon érotomanie. Il me fit comprendre que ça l’excitait, que mieux, ces soirées où on s’autoriserait à se lâcher comme des bêtes constitueraient les étincelles même de l’accélération de l’arrivée de l’Eden.

Au début, j’étais bien sûr tenté mais un peu gêné. J’étais pris par la parano de tomber dans le piège tendu par le Joueur pour que je devienne la pute des footballeurs. J’étais aussi de plus en plus émoustillé par le charme que dégageaient bon nombre de ces hommes. Je ne pouvais me cacher mon désir pour eux, d’autant plus qu’il raffermissait le ciment de la relation entre le Joueur et moi. Il fallait simplement que j’imagine comment allaient se dérouler ces soirées. L’équipe d’Algérie m’avait mis le feu, donné envie de me donner sauvagement à chacun d’entre eux. Dans mon esprit, il me venait en permanence des images de joueurs de certains clubs européens qui m’avaient sérieusement troublé, voire meurtri par la force de leur pouvoir érotique au point de faire céder toute mes résistances. Le fait de savoir que c’était possible faisait de moi une braise brulante, une proie facile. Pendant nos câlins de l’après-midi, je sentis que je devenais une femme pouvant jouir de façon presque permanente, illimitée, comme une drôle de machine animale. Pendant ce temps les secousses de pénétration du Joueur pouvaient durer toute la journée, la soirée, la nuit avant que je finisse par dormir. J’avais la confirmation que ça me rendait folle, accroissait mon appétit, me fis prendre conscience qu’un phénomène exponentiel s’emparait de ma libido et de la sienne. Le Joueur me fit comprendre que cette gourmandise allait aussi être assouvie avec les joueurs.

Il fallait faire vite. Je retrouvais mes vingt-cinq ans. J’imaginais qu’après notre rencontre, il fallait bien trois quatre jours dans mon appartement pour me familiariser avec mon corps de femme, celui d’homme. Nous serons scotchés l’un à l’autre, nous marquerons nos corps du lien indéfectible. Viendra l’Africain notre premier amant qui après une soirée de délicieuse séduction s’adonnera aux plaisirs de l’amour. La contre-matière surgira, plus généreuse. Ce sera un soulagement de voir l’Africain si vite. Je l’aime vraiment. Lorsque nous faisons l’amour à trois, je ressens à ce moment précis un amour à part égale avec le Joueur. Il pénètre mon sexe féminin, je peux admirer l’ampleur de la beauté de son visage, goûter la douceur de sa peau. Le Joueur me prendra par derrière et il aura des façons bien à lui pour me surprendre et me rassurer. Le Joueur me dit qu’avec l’Africain nous ferons de la musique, j’apprendrai tous les contes, les traditions, les savoirs retransmis de bouche à oreille de son continent. Le Joueur est persuadé que nous aurons les plus grandes complicités, que nous connaîtrons toutes sortes d’extases dont celle de la création. Notre trio sera la parfaite démonstration de la profondeur de l’amitié amoureuse.

Je serai donc plus à l’aise et désireux de participer à une soirée où seraient présents une cinquantaine (ou simplement une dizaine !) de footballeurs que le Joueur aura sélectionné en retenant bien à quel point ils persistaient à me taper dans l’œil. Cela m’excitait à l’avance. Les invités avaient fermement affirmé au Joueur qu’ils étaient déjà trop allumés par ma personne, bien chauds et motivés pour me rendre chienne, décidés à se libérer de la pudeur, des interdits, heureux et fiers de participer à la mise en place de la contre-matière, de l’Eden, de l’harmonie. J’aimerais être assez téméraire pour que cette soirée ait lieu au plus vite : j’avais tellement envie que bidonvilles et barres d’immeubles hideuses soient remplacés. J’avais l’intuition que le Joueur et l’Africain parviendraient à vaincre mes dernières appréhensions. Parce que cette soirée, j’en avais très envie. Je désirais être la femme pulpeuse, irrésistible, excitée à l’idée de vivre pleinement sa liberté c’est-à-dire bien résolue à vivre le désir de se laisser séduire, d’allumer en ne reculant pas devant le culot, désir de se laisser posséder, de se donner sans pudeur au premier étalon choisi devant toute l’assemblée, exprimant là ma particularité d’être une grosse gourmande, une sacrée mécanique à jouir, de les vouloir tous, dans ma bouche, dans mes deux chattes, sur mes seins. L’appel de leur queue me rendra folle. J’avais déjà trop longtemps fantasmé sur eux.

Cela commencerait de manière bien sage. Nous ferions connaissance autour d’un verre. Je ne manquerais pas de leur dire que c’était tout bête mais j’étais fière d’être leur ballon : ils me bluffaient. Ca me plaisait et m’excitait d’une certaine manière qu’un prolongement de moi-même fut le partenaire important de leur jeu, de leurs jambes, de leur vie. Des drogues et des aphrodisiaques naturels circuleraient. Nous serions de plus en plus en confiance. Je serais dévoré par l’envie de connaître leur vie, leur enfance, pour certains leur pays d’origine. Nous serions tous enveloppés par le courant de douceur que ressentaient les gens quand ils étaient saisis par l’irruption d’un sentiment de paix, de confiance, d’empathie, du désir de plus en plus grandissant. Le fait de savoir que nous participions ainsi à l’arrivée de l’Eden et à la fin des souffrances, nous rendait encore plus joyeux, canailles, enhardis. Nous réaliserions tous que rien ne pourrait nous arrêter, que nous pouvions nous lâcher en toute liberté, que nous avions la garantie d’être bien jugés.

Les substances absorbées me rappelleraient le temps des backrooms où je fantasmais sur l’idée de baiser avec l’humanité entière. Je réaliserais qu’ils seraient vraiment des bombes, tous dans leur genre. Cette mosaïque de styles, de nature de beauté, de manière de regarder, d’exprimer ses pulsions me donneraient le vertige. J’aurais aimé sucer plusieurs hommes à la fois dans une seule grande bouche. Me reviendrait le désir ancien et plus ardent de donner du plaisir. Je ferais de moins en moins attentions aux conversations, plus obnibulée par leurs yeux, leur nez, la pulpe de leur bouche, le paquet de leur pantalon. Je saurais que je leur mettrais les sangs à feu. Je n’aurais pas l’impression de vivre le paroxysme du narcissisme. Je voudrais me mettre au contraire au service de ces hommes, leur faire comprendre que je suis à eux, qu’ils réalisent que je suis devenue la plus belle et la plus monumentale des salopes capables de leur faire perdre la raison. J’aimerais trop leur sex appeal. Les drogues m’auraient définitivement transformée en animale enragée.

Ainsi nous vivrions tous les dérèglements. Je pourrais me diriger vers l’un d’eux et lui dire :

J’ai trop envie de toi. Prends-moi s’il te plaît. C’est une envie incroyable. Déjà ta queue dans ton froc me fait un effet de ouf. Tu peux pas savoir comment j’ai envie d’attarder mes lèvres et ma langue dessus. Je la vénère. Je t’assure c’est incontrôlable. Elle prend toute la place dans ma tête, dans mon corps. Regarde moi je suis comme une mendiante. Je t’en supplie, fais quelque chose. Dis-moi que tu vas me pénétrer.

Il banderait déjà, sortirait sa fiole de poppers amazonnien, en snifferait plusieurs bouffées, déciderait de déboutonner sa braguette, éprouverait un léger trac en réalisant qu’il allait posséder une femme aussi belle que sexy. Moi la mendiante, je le bénirais de sortir sa bite. Je l’honorerais de toutes les plus habiles façons, mon cul bombé offert aux autres convives. L’un d’eux soulèverait ma robe, me lécherait à l’arrière et réaliserait que ce qu’on lui avait raconté n’était pas du chiqué : j’avais à cet endroit les grandes lèvres d’un sexe féminin. Il me prit. L’autre n’en pouvant plus avec ma pipe voudrait me pénétrer par l’avant. Nous nous installerions sur un canapé. Six convives dont le Joueur auraient été regroupés autour de nous. Ils me caressaient, frotteraient leur vis contre mes seins, ma bouche qui exulterait d’un plaisir qui ne sauraient jamais s’arrêter. Je réaliserais à ce moment qu’il me faudrait être pénétrée en permanence. Les deux footballeurs ne manqueraient de goûter au plaisir de se frotter la bite l’une contre l’autre à travers mes velours. Cela leur ouvriraient de nouveaux paysages et se moqueraient bien du qu’en dira-t-on. Je m’envolerais dans les hauteurs de l’orgasme permanent. Tous ces hommes ensemble nus, en érections, se succédant dans mes fourreaux, pouvant imaginer la présence d’une précédente queue ou apprécier toutes les ressources érotique de celle du deuxième partenaire qui me pénétrerait franchiraient au bout de la nuit la barrière qui les empêchait de se désirer pour la première fois entre hommes. Je pourrais avoir la fierté d’avoir fait en sorte qu’ils se seraient vraiment lâchés et que rien ne les aurait empêché de se sucer entre eux de manière accessoire mais agréable, de se frotter leur bite à quatre, de se rouler des patins. L’homophobie qui dominait le football aurait craquelé de toutes parts. Ces footballeurs n’auraient rien perdu de leur virilité, de leur envie de continuer à me faire jouir en ayant fait la démonstration qu’ils auraient su le faire comme des hommes. Je sais que nous recommencerions ces fêtes : la contre-matière redessinerait ainsi la planète. Je ne pouvais pas m’empêcher de penser qu’en les voyant jouer, je leur appartiendrais un petit peu. Mais attention ! Je ne voulais pas avoir une vie de hardeuse !

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