La situation est donc particulière. Au Mondial 2010, le ballon est déclaré imprévisible, flottant, quelque fois injouable. Il dévie au dernier moment, ne tourne plus sur lui-même. La tendance avait déjà été remarquée en 2006. Aujourd’hui cela est devenu exacerbé. Le ballon a décidé de vivre sa propre vie. Il ajoute des lois physiques à celles qu’utilisent les joueurs par le choix de leurs manières de frapper l’objet rond. Inutile de préciser que la force magnétique, langage du Joueur, ne cesse de me rappeler pendant les matches que je suis ce ballon, que je dois déjà me considérer en paix. La perspective de notre rencontre se rapproche, veulent indiquer tous les signes sur lesquels la force arrête mon regard après de savants et douloureux déplacements de mon crâne.
De plus en plus imprévisible, le ballon, au point que Fabien Barthez a conseillé aux Bleus de multiplier les frappes à longue distance : la balle a dans ces cas là l’art de réserver des surprises, d’emprunter une trajectoire pour la modifier superbement. C’est le cauchemar des joueurs et Buffon est le premier à s’en plaindre publiquement.
Si la force magnétique me dit vraiment la vérité, si j’imprime autant de caractéristiques à ce ballon au point de m’y assimiler, je me dis tout de suite qu’il ne faut pas chercher bien loin pour expliquer les difficultés croissantes des joueurs à le contrôler. J’en suis arrivé à vivre avec quatre maladies différentes dont une incapacité à marcher plus de 400 mètres, à ne pouvoir tenir debout plus de dix minutes. Cela fait quatre ans que je crois que mon calvaire va bientôt se terminer : il dure, voire s’aggrave. A force d’être autant à bout, de supporter une souffrance mentale et des douleurs physiques insupportables, je trouve concevable que le ballon soit devenu un peu fou et surtout rebelle. Comment tout cela va-t-il se terminer ?