L’article 11 du code de procédure pénale somme les professionnels du droit à respecter le secret de l’instruction. En vertu de la loi du 15 juin 2000 sur la présomption d’innocence, le procureur de la République est en théorie le seul à pouvoir s’exprimer devant la presse. En pratique, policiers, avocats, et magistrats sont quelques-uns à entretenir de bonnes relations avec les journalistes, prenant de court leur hiérarchie en révélant à leurs meilleurs ennemis certains secrets des « affaires ».
« Aujourd’hui, plus personne ne croit au secret de l’instruction » affirme Hervé Gattégno, journaliste à l’hebdomadaire Le Point. « La plupart des journalistes n’en ont rien à faire. Idem pour les gendarmes ou les avocats. On ne l’oppose au journaliste que dans de très rares cas. Par exemple, celui où une personnalité est mise en cause » [1].
Un jeu du chat et de la souris que décrypte Christophe Bigot, avocat au barreau de Paris : « Il y a une hypocrisie parce qu’à un moment ou à un autre des dossiers d’instruction, il y a forcément quelqu’un qui a intérêt à parler. Parfois c’est le juge, parfois c’est l’avocat, parfois c’est le procureur. Ce qui est gênant, c’est que le secret de l’instruction est un moyen pour les professionnels du droit d’instrumentaliser le journaliste » [2].
Lire ou relire sur Bakchich.info l’épisode précédent du blog de Benoit Pavan :
Voir aussi le blog professionnel de Benoit Pavan : http://benoitpavan.wordpress.com/
[1] Propos recueillis le 16 mai 2008 par téléphone.
[2] Propos recueillis le 13 mai 2008 par téléphone.