FABRICE LHOMME – Journaliste au service « Enquêtes » du site d’information Mediapart.
« Les mots ont un sens : le journalisme d’enquête, c’est se saisir d’un sujet et l’examiner sous toutes les coutures, trouver des témoins. Cela ne correspond pas à ce que l’on appelle le journalisme d’investigation qui est devenu le suivi des dossiers sensibles à connotation judiciaire. Les journalistes d’investigation font aussi de l’enquête en plus du suivi d’un dossier sensible. Il est normal de confondre les deux termes car ils sont très proches. Mais concrètement, tout se passe différemment. Nous sortons des scoops dans les affaires sensibles. C’est une spécialité.
L’enquête, c’est un mode de question journalistique, et pas une rubrique. La contre-enquête est encore un autre mode de traitement journalistique qui intervient dans un deuxième temps, après l’enquête réalisée par son propre journal ou par un concurrent. Sur un sujet qui a été en apparence défriché, c’est aller plus loin en disant que derrière cette vérité apparente, il y a autre chose à dire. C’est l’enquête derrière l’enquête, qui se différencie dans sa manière de traiter le sujet, via un angle décalé, insolent, avec un côté donneur de leçons et en rupture avec ce qui a été dit. L’investigation, l’enquête, et la contre-enquête, ne sont donc pas à mettre sur le même plan. On ne parle pas de la même chose même si tout cela est perméable. » [1]
(Photo : B.P.).
Lire ou relire sur Bakchich.info l’épisode précédent du blog de Benoit Pavan :
Voir aussi le blog professionnel de Benoit Pavan : http://benoitpavan.wordpress.com/
[1] Propos recueillis le 22 avril 2008 à Paris.