Krisis
J’ai discuté il y a quelques jours avec le voisin d’un ami habitant tout près de Montpellier. Ce jeune homme travaille dans le commerce de petites et moyennes entreprises.
"On a eu peur en 2008 — me dit-il — aucune transaction". Par contre en 2009, il avait bien senti la reprise économique. Et 2010 ? Le carnet de commande est déjà florissant !
N’écoutant que mon cœur et me mettant à la place de ce tout jeune papa sur le point de démarrer son activité de broker en freelance, je l’ai mis en garde.
"Il faut se méfier de l’eau qui dort" — dis-je sur un ton passablement ivre et solennel.
Certes, l’action inédite des plans de relances mondiaux — autour de 1 520 milliards d’euros — a permis de donner un nouveau souffle aux entreprises.
Le problème, c’est que cet argent ne sort pas d’un chapeau, mais des banques, qui au final prêtent aux Etats l’argent dont ils ont besoin pour sortir la tête de l’eau.
Au final, c’est l’Etat qui s’endette pour sauver son économie. En Angleterre, le ratio dette/PIB est de près de 50%… en Italie, il est a plus de 103%, et en France, on en est à 75% du PIB.
Souvenez-vous, les banques ont utilisé ces prêts pour spéculer… comme à l’accoutumée… et les traders de réaliser des bénéfices hallucinants pour le compte de leur enseigne.
Certes, en réalisant des bénéfices, la confiance des banquiers s’est ragaillardie, et l’argent a pu circuler plus librement de banque à banque et de banque à entreprise.
Mais n’oublions pas que ce qui fait avant tout la croissance, c’est la consommation — et que nous n’avons pas changé du jour au lendemain les règles du marché.
Ce marché est européen, mondial, ce qui demande une consommation européenne et mondiale solide pour relancer durablement la machine.
Et c’est là que le bât blesse : vu le niveau moyen d’endettement par ménage et le taux de chômage record dans la plupart des pays industrialisés, nous ne sommes pas prêts de relancer quoi que ce soit !
Il n’y a qu’à penser à la Grèce, l’Espagne, le Portugal ou l’Italie — au bord de la faillite — pour s’en convaincre… le pire reste à venir.
Que va-t-il advenir pour la Grèce ? Une perte de son autonomie et de sa puissance…
A savoir une aide de l’Europe — qui craint pour sa devise —, une mise sous tutelle par la FMI (qui ne rigole pas avec ces choses-là) et la création d’une MBO "Méga Bulle Obligataire".
En effet les Etats en faillite n’ont qu’une solution pour créer de la richesse lorsqu’ils sont en "croissance abyssale" : créer de la dette et vendre des obligations à taux hallucinants.
En Grèce le taux des obligations d’Etat est, de mémoire, proche des 12% sur le long terme. C’est tout simplement intenable — le mot technique à ressortir dans les diners dans ces cas-là est "usuraire".
Je vous rassure, je n’ai pas dit tout cela au voisin de mon ami. Je lui ai juste dit que je ne voyais pas de reprise économique dans l’immédiat et que l’on pouvait même s’attendre au pire.
De toute façon qui s’intéresse aux mauvaises nouvelles ?
C’est bientôt l’été et les traders vont partir en vacances. Leurs ordinateurs tourneront à plein régime pour maintenir les cours en hausse technique… comme ils le font depuis 2009.