Pour ce premier billet je voudrais, cher lecteur, mettre les pieds dans le plat — si je puis dire —, dans le plat des discours politiques qu’on peut entendre ici et là.
Oui, la crise que nous traversons est une des pires que le monde ait connu depuis l’entre-deux guerres — et non la France n’y peut rien, même pas en rêve.
Il assez consternant d’entendre çà et là que le président agit pour "impulser la mise en place d’une nouvelle régulation mondiale".
Non pas qu’on puisse reprocher à un seul homme de ne pouvoir balayer d’un toc 30 ans de dérégulation, de paradis fiscaux, et de lobbying tout azimut…
Mais tout de même… ne pourrions-nous pas parler sérieusement aux français ? Leur dire que la crise ne va pas se terminer comme ça… d’un coup de cuiller à (im)pot ?
La crise est mondiale, elle provient des grandes banques américaines et d’une finance internationale qui s’est diffusée comme la peste.
Subprime par ci… CDO par là… bulle spéculative et obligataire… les marchés s’effondrent, les banques font faillites et bientôt les Etats eux-mêmes.
On invoque Schumpeter et sa destruction créatrice pour justifier des millions de pertes d’emploi — welcome in the wonderland of néoliberalism !
En Europe aussi, les banques ont leur lot d’actifs pourris — et il y a bien longtemps qu’on a oublié les vieux discours sur le découplage : Etats-Unis, BRIC, Europe, même combat !
Las, nous n’avons pas la vigueur des émergents… mais au moins en France, notre super omni président est là pour nous défendre. Lui, c’est l’Etat, et l’Etat il ne rigole pas.
Alors on fait comme tout le monde, on signe un chèque de plusieurs milliards d’euros pour montrer qu’on en a des ressources nous aussi — et qu’impossible n’est pas Français !
La Grèce ? Nous allons l’aider. Même qu’on va en tirer 150 millions d’euros de bénéfice nous disait dernièrement Christine Lagarde. Aaah, Christine, si vous saviez comme je vous aime.
Aujourd’hui encore, vous nous prenez pour des billes. Le rebond que vous appelez "reprise économique" ou encore "résultat des plans de relance" est du pipeau.
Chômage et endettement des ménages empêchent toute reprise durable de la consommation — qui elle-même fait la croissance.
Vous pourrez tourner le problème dans tous les sens, sans consommation la crise n’est pas finie ! Et avec un endettement de 75% du PIB, où voulez-vous que nous allions ?
Une solution serait de restructurer profondément notre économie, et créer des conditions optimales de création de richesse pour, à terme les redistribuer…
Mais "durable" et "redistribution" semblent être deux termes aujourd’hui honnis… Alors, qu’on se réjouisse de la "reprise" et qu’on nous berce d’illusions de croissance.