Probst
Cela me fait mal, ces jours-ci, de voir Charles Pasqua ricaner mécaniquement : « Je n’en ai rien à péter. » Oh que si ! Fils qu’il est d’un modeste fonctionnaire de police devenu ministre d’État, Charles Pasqua est meurtri d’être jugé par ses pairs. On sent bien que quelques superpuissances de la politique française ont intérêt à le claquemurer définitivement. Pasqua méritait mieux que cette vendetta molle.
Les vrais amis de Bongo, Biya, Sassou et de leur argent, c’était d’abord Chirac l’Africain. Dans les années 80, quand je travaillais avec Pasqua au Sénat, nous affrétions des avions pour « le Grand ». Lequel Jacquot ne se préoccupait ni d’intendance ni d’où venait l’argent. Le tort de Charlie est d’avoir été trop loyal avec ses amis voyous, de ne pas les avoir tenus à distance. Il s’est aperçu, mais trop tard, que les Marchiani, Paillé et autres Leandri se sont fait des couilles en or sur son dos. Sans parler de son fils Pierre, assez benêt pour recevoir l’oseille sur des comptes à son nom !
Ceux qui n’oublient pas Pasqua, ce sont nos amis africains. Et cela, malgré leurs soucis. Les successions se font mal : le vieux président Moubarak, en Égypte, revenu très affaibli d’une intervention chirurgicale, s’obstine, comme beaucoup, à placer son fils. Une junte règne au Niger, assise sur sa mine d’uranium. Au Maghreb, les régimes sont gangrenés par la corruption, alors même qu’ils ont éloigné le péril sécuritaire et les barbus. Dans les deux Congos et au Cameroun, les besoins éducatifs et sanitaires ne sont plus assumés. Quant à la Côte d’Ivoire, elle ne se remet pas sur les rails. Entre une élection qu’on attend et une guerre civile qu’on pressent.
Heureusement, l’Afrique revit ailleurs. L’Angolais Dos Santos a su organiser la Coupe d’Afrique des nations, en dépit de trois Congolais assassinés. En ex-Guinée espagnole, l’argent du pétrole sert à financer les infrastructures, une fois n’est pas coutume. Au Malawi, le Président remarié donne de l’élan à l’Union africaine, qu’il préside. Enfin, l’Afrique du Sud, bien sûr, va nous démonter en juin que le continent africain est capable de fête, de solidarité et, pourquoi pas, d’amour. Le foot, ce ne sont pas seulement les call-girls. Que celui qui n’a jamais péché jette la première pierre à Ribéry